On connait la Madeleine mais un peu moins la Corinne…
J’ai été en tant que danseuse et comédienne l’une des cofondatrices de La Salamandre en 1990, une compagnie qui depuis rassemble des passionnés de musique, de danse et de pratiques circassiennes, des artistes de tous horizons qui ont la même fibre pour la culture populaire. Par ailleurs, j’interviens dans une autre compagnie théâtrale mais aussi ponctuellement en tant que clown dans les Ehpad ou auprès d’enfants malades ou handicapés. Bref, ma vie, c’est la scène et le spectacle.
Comment avez-vous connu la Madeleine Proust ?
Je suis une franc-comtoise, une bisontine originaire de Haute-Saône, donc comme tous les gens de la région j’en ai entendu parler à ses débuts puis plus tard dans le milieu des artistes… et j’ai fini par rencontrer Lola Sémonin son interprète avec qui j’ai sympathisé. Lors du spectacle La Madeleine Proust fait le Tour du Monde il y a une vingtaine d’années, Lola n’était pas seule en scène puisque nous étions deux, un garçon et moi à intervenir, en ce qui me concerne pour incarner furtivement la Madeleine…c’était un début.
Quelle image aviez-vous de cette vieille dame ?
Comme tout le monde. Celle d’une sympathique grand-mère du Haut-Doubs qui vit dans son village, dans sa ferme, dans sa cuisine, entourée de quelques amis, une dame de 76 ans qui évolue dans le petit monde qu’elle s’est créé. Tout cela me ramène forcément aux souvenirs de mon enfance, à mes parents et grands-parents avec un côté sentimental et nostalgique. C’est une vraie madeleine de Proust !
Et aujourd’hui, vous endossez son costume. Comment en êtes-vous arrivé là ?
Lola a quitté la scène en 2018 mais l’idée de ne plus incarner la Madeleine remonte aux années 2000. Elle disait déjà vouloir passer la main ou plus clairement avoir l’occasion de s’assoir dans une salle et de rire en assistant à un spectacle de la Madeleine. Quand je l’ai entendue en parler, je lui ai déjà à l’époque dit que ça m’intéresserait. Rien ne s’est passé pendant des années puis au fil du temps, on s’est recroisées avec Lola qui avait à cœur d’aller au bout du personnage en terminer sa saga littéraire en quatre volumes. Quand celle-ci a été bouclée, il y a un an, elle m’a appelé et nous en avons reparlé… mon envie d’incarner la Madeleine Proust sur scène n’avait pas changé.
Justement, comment devient-on un personnage si emblématique ?
Il ne suffit pas d’enfiler un costume. Je me suis imprégnée des textes écrits par Lola, de son travail pour connaitre les gens et la vie dans le Haut-Doubs il y a plus de quarante ans quand elle a créé la Madeleine. A mon tour aujourd’hui d’aller à leur rencontre, d’observer et de m’inspirer de ce territoire et de ses habitants. Puis je dois aussi apprivoiser cet accent si particulier, travailler la gestuelle et beaucoup répéter.
Peut-on en savoir plus sur le futur spectacle ?
C’est toujours Lola Sémonin qui écrit les textes même si nous échangeons à ce sujet. La Madeleine retrouvera sa célèbre cuisine avec les incontournables, buffet en formica, toile cirée, téléphone des années 80… On va la retrouver dans ce décor qui est le sien au moment du confinement, une période sur laquelle elle a beaucoup à dire.
« La Madeleine passe le relais », c’est le titre du spectacle, débute à Morteau…
C’est une petite pression supplémentaire c’est sûr. Le passage de relais se fait sur ses terres, près des Gras, à Morteau là où Lola a grandi. C’est un beau symbole de repartir de là-bas avant de parcourir la Franche-Comté et la Bourgogne, dans les villes mais aussi les villages, comme à ses débuts.
Pour conclure, une phrase de la Madeleine que vous aimez citer ?
« Depuis qu’j’ai été mise en retraite, j’ai rien à faire pi j’ai pas le temps de faire tout ce que j’ai à faire ». C’en est une parmi tant d’autres. Il y a tant de brèves et d’expressions pleines de bon sens, de souvenirs et d’humour… et beaucoup encore à venir.