Jocelyn Baticle

Dans le Haut-Doubs, la commune de la Chapelle-des-Bois vibre au rythme des attaques incessantes du Loup. Jocelyn Baticle suit bien l’actualité d’une oreille mais ses yeux restent rivés sur son rêve : transformer l’ancienne bâtisse familiale en multiples logements dont un appartement pour lui et Coraline, sa compagne. « On est la sixième génération à s’installer dedans. », sourit le menuisier. Si les murs datent d’un autre siècle, le nouveau propriétaire modifie tout ou presque.

Gros budget pour des plaisirs personnels

Pour ce futur appartement de 200m2 à l’intérieur d’une maison de 20 mètres de long pour 7 mètres de large, le couple est parti sur un budget de 300 000€ de travaux. « Je finis notre appartement en préparant déjà le reste pour plus tard. », ajoute Jocelyn. Le couple a déjà dépensé au préalable 68 000 € pour l’achat du terrain et de la maison, non viabilisée. A l’intérieur de ce projet des petits plaisir personnels comme une salle de musique ou un petit mur d’escalade.

Un combat mental

Une auto-rénovation sans aucune aide financière de l’État, « car c’était une ancienne écurie », poursuit-il. Premier coup dur économique qui n’a pas impacté le moral du couple acheteur. Les travaux débutent en mars 2022, une victoire après un combat administratif d’un an et demi. « Nous avons commencé fin 2020 à penser notre projet. Étant du métier c’était plus simple pour moi de visualiser le futur appartement car il fallait tout péter. Je touche du bois car nous n’avons pas eu de mauvaises surprises entre nos plans et les travaux pour l’instant. Pour faire valider notre projet, c’était l’enfer. Géomètre, Bâtiments de France, EDF,… je suis rentré chez moi au moins une dizaine de fois en me disant c’est bon j’arrête tout. Coco (Coraline, sa compagne) a eu le moral touché quand il fallait déconstruire pour reconstruire »

 

Le temps, précieux sésame
Si les difficultés sont différentes pour Cédric Amiot, l’habitant de Moncley a souvent aussi eu le moral en berne. En 2017, ce mécanicien de 32 ans décide de se lancer dans la rénovation d’une maison de 70 m2. « J’ai des amis dans le milieu et j’ai toujours été débrouillard. Ce qu’il m’a surtout manqué, c’est le temps. »

Premier imprévu pour lui : classé aux monuments historiques, le Château de Moncley impacte les chantiers dans un rayon de 500 mètres autour du lieu. Après quelques arrangements, la déclaration de travaux est validée et le premier chantier peut débuter. « Certains de mes amis m’ont dit au départ de tout raser et tout refaire mais je ne voulais pas… j’aurais dû. J’ai perdu énormément de temps alors que je n’en ai pas spécialement beaucoup, entre mon travail et ma vie à côté. Depuis 2017 il y a très peu de week-ends où je ne suis pas chez moi à travailler. Parfois je rentrais du boulot et j’enchainais avec les travaux, j’avais les nerfs à vif (rires).  C’est une magnifique expérience que je referais tous les jours car j’ai appris énormément de choses, j’apporterais seulement quelques modifications. »

A Moncey, Cédric Amiot devrait terminer son isolation extérieure de sa maison dans un mois.

Repenser son projet

Au total avec l’achat, le constructeur amateur aura dépensé 200 000 € pour sa maison qui est désormais quasiment terminée. « L’isolation extérieure sera prête dans un mois. Pour les projets annexes, le garage, l’abri de jardin et la piscine, je prends le temps. Le prix des matériaux a explosé et j’ai déjà des prêts conséquents pour réinvestir. » Comme un symbole, Cédric a emménagé la première semaine de confinement, en pleine crise sanitaire.

Lui a bénéficié d’un emprunt à taux 0, dans le cadre de sa rénovation. Même si le temps manque et que les emprunts s’accumulent avec 12 ares de terrain, Cédric regarde les potentiels projets à venir pour donner une plus-value à son bien. « Je me donne encore deux ans pour tout finir, j’ai racheté des matériaux récemment qui ont prix 40%. Je préfère prendre le temps, je vis dans ma maison, le reste c’est du confort je ne vais pas payer le prix fort pour ça. »

A la Chapelle-des-Bois, Jocelyn Baticle a anticipé cette explosion des prix. « Étant du métier je voyais déjà à l’époque des variations étranges des prix. Quand j’ai budgétisé, j’ai dit aux artisans de surchiffrer les devis pour m’assurer qu’on rentrerait dans les clous. Je veux des matériaux de qualité même si c’est plus cher. Sur la longueur tu es gagnant, après il faut pouvoir le faire. »

L’entourage, soutien essentiel

Tout sourire sur leur chantier respectif, heureux de voir l’avancée des travaux, Jocelyn et Cédric saluent l’aide reçu de leur entourage pour réaliser cette auto-rénovation. « Il faut être honnête avec soi-même et admettre qu’on ne peut pas tout faire tout seul, il y a des domaines où un artisan sera meilleur que toi et c’est normal. Sur l’aspect mental aussi ça super important, sans eux je ne sais pas si on serait allé au bout », admet Jocelyn, qui prévoit d’inaugurer sa maison d’ici deux ans. « J’aurais surement mis un an et demi de plus au moins sans eux », poursuit Cédric. « J’ai beaucoup appris avec leurs techniques et ils n’hésitaient pas à venir parfois à des heures impossibles. C’est un projet personnel, réalisé à plusieurs. »

M.S