Région. La Franche-Comté au cœur des élections européennes

À deux semaines du scrutin, les élections européennes alimentent tous les débats, et plusieurs visages franc-comtois font partis des 37 listes françaises engagées. Huit semblent pouvoir obtenir un ou plusieurs sièges. Pour qui voter ? Pour quelles idées ? Quels enjeux ?

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L’engouement autour des élections européennes des 8 et 9 juin pourrait bien bousculer les sondages. L’eurobaromètre d’avril confirme la tendance : 60% des européens se disent intéressés par l’enjeu, 11 points de plus qu’en 2019. L’actualité, les crises successives et la gestion du Covid-19 auront bousculé le dernier mandat. Localement, plusieurs candidats francs-comtois sont inscrits sur l’une des 37 listes françaises, qui rejoindront l’un des sept groupes au parlement européen avec encore plus de monde : de 705 sièges, le parlement passe à 720 places en 2024 et la France comptera 81 sièges. Chaque parti disposera d’un nombre d’élus proportionnel à son score.

Photo DR.

Une droite française contre Van der Leyen

Considéré comme la droite, le parti populaire européen (PPE) est incarné en France par Les Républicains et la liste de François-Xavier Bellamy. À l’intérieur de celle-ci, on retrouve Patricia Lime-Vieille, conseillère départementale pour le canton de Valdahon en 22e position, suivie de la belfortaine Marie-Hélène Ivol en 24e place. Dans le Doubs, les LR ont notamment fait une démonstration de force avant de dévoiler leur liste. Le 29 avril, le général de corps d’armée Christophe Gomart, n°3, s’est rendu à Besançon. « Face à Emmanuel Macron qui veut déconstruire la France, je veux défendre notre pays et porter fort la voix de la France au sein du Parlement européen », a déclaré l’intéressé avant d’ajouter une autre information beaucoup plus étonnante : « nous ne voterons pas pour Ursula Van der Leyen à la tête de la Commission ». L’actuelle présidente de la commission européenne est pourtant la candidate naturelle du PPE. « Elle est surtout la candidate d’Emmanuel Macron… » Parmi les propositions fortes, le financement de nouvelles centrales nucléaires, le renforcement du contrôle de l’immigration ou l’obligation pour chaque état membre de verser 3% de leur PIB dans l’OTAN.

Photo DR/Place Publique.

La gauche du PS veut une nouvelle PAC

L’alliance progressiste des socialistes et démocrates compte en France une liste menée par Raphaël Glucksmann pour le Parti Socialiste et Place Publique, avec notamment le bisontin Stéphane Ravacley (27e position). Les meetings se sont enchaînés sur le département au mois de mai avec une rencontre à Besançon le 10 mai entre le public et Emma Rafowicz (n°8) puis un plus gros rendez-vous à Bavans le 14 mai avec Jean-Marc Germain (n°7), Victor Lachenait (n°17) et Stéphane Ravacley (n°27). Les propositions phares de cette liste concernent une nouvelle politique agricole commune (PAC), un plafond des prix de l’énergie ou encore l’intensification de l’aide à l’Ukraine.

Photo DR/Besoin d’Europe

Le Doubs ciblé par la liste Besoin d’Europe

Le troisième groupe au parlement européen, Renew est représenté en France par la liste Besoin d’Europe, portée par Valérie Hayer. Elle rassemble des élus Renaissance, Horizons, Modem, UDI ou encore du Parti Radical. Le Doubs a été l’une des terres importantes de leur campagne avec notamment un gros séminaire national des cadres du parti Horizons le 5 avril où la tête de liste était accompagnée d’Édouard Philippe. Ce dernier était aussi venu pour tâter le terrain quant aux élections présidentielles de 2027. Lundi 13 mai, ce fut au tour de Christophe Grudler, seul candidat franc-comtois (n°12, Terr. de Belfort). Un déplacement à Besançon avec Shannon Seban (n°25), conseillère municipale en Seine-Saint-Denis. Au programme, quatre thématiques sont privilégiées : la Défense & Diplomatie avec le réarmement de l’Europe, l’Énergie avec la fin des énergies fossiles en 2050, la Sécurité Intérieure dont les détails restent très flous et la maitrise de nos frontières.

Photo DR

EELV veut 100% d’énergies renouvelables en 2040

Europe-Écologie Les Verts fait partie du groupe européen Les Verts/ALE. Une franc-comtoise est candidate sur cette liste avec la conseillère régionale Anna Maillard (n°25). La cheffe du parti en France, Marine Tondelier est d’ailleurs passée par Bonal ce samedi 18 mai pour encourager les lionceaux, trouvant le nouveau modèle socio-économique du club plus qu’inspirant. Le nom du groupe est explicite et la priorité environnementale arrive tout en haut du programme avec la volonté de créer un traité européen sur le sujet. À cela s’ajoute la création d’un fonds monétaire pour prendre le contrôle des entreprises fossiles polluantes, avec une ambition conséquente : 100% d’énergies renouvelables en 2040.

Photo DR/Parti Reconquête

Reconquête avec un jurassien

Le parti d’Éric Zemmour a choisi Marion Maréchal pour porter la liste Reconquête lors de ces élections européennes. À l’intérieur, un seul franc-comtois, Thierry Perret, retraité de 62 ans candidat aux élections législatives de 2022 dans le Jura où il a obtenu 3,61% des suffrages exprimés. Le programme est marqué par une volonté de s’opposer à l’UE : déroger aux règles européennes en matière d’immigration pour « reprendre le contrôle », veto contre tout accord de libre-échange, instaurer une supériorité des lois nationales au détriment de celles de la commission.

Photo DR/ Rassemblement National

Le RN, plus gros parti français au parlement européen

Le Rassemblement National et sa liste Identité et Démocratie est actuellement le parti français le plus représenté au parlement européen avec 18 eurodéputés. Presque paradoxal face au discours longtemps anti-européen de sa tête de liste Jordan Bardella. Depuis plus d’un an, les sondages assurent que le RN sere en tête des suffrages avec un résultat entre 31 et 32%. Pas assez toutefois pour élire le conseiller régional bisontin Jacques Ricciardetti, en 51e position. Le parti de Marine Le Pen refuse l’élargissement de l’UE, son Pacte Vert considéré comme de « l’écologie punitive » ou encore conditionner la libre circulation dans l’espace Schengen aux seuls ressortissants des États membres.

Photo DR/ Union Populaire

The Left, l’autre gauche

Pour les européennes, La France Insoumise, membre du groupe The Left a réuni plusieurs micro-partis derrière elle. Portée par Manon Aubry, deux franc-comtoises font partie de l’Union Populaire : la jurassienne Carine Sandon (n°11) et la bisontine Séverine Véziès (n°13). Leur campagne aura été très marquée par le soutien à la Palestine avec Rima Hassan, juriste et inscrite en 7e position. Le programme LFI porte d’autres revendications : taxer les riches et superprofits pour une bifurcation sociale et écologique en faveur de l’agriculture, des logements et du transport. À cela s’ajoute la fin du dumping social ou encore la fin des accords de libre-échange. Un dernier meeting à Besançon est prévu le 27 mai avec la présence de Jean-Luc Mélenchon.

Côté communiste, le PCF porte une liste menée par Léon Deffontaines où l’on retrouve des candidats francs-comtois avec la belfortaine Samia Jaber (n°6) et le conseiller municipal bisontin Christophe Lime (n°59). Parmi les mesures du parti la construction d’un nouveau traité européen, le combat contre l’influence américaine et « l’extra-territorialisation de son droit » ou encore un grand investissement pour connecter les ports et voies ferrées afin de booster la réindustrialisation française.

Le parti Fédéraliste renonce à sa participation

Voilà pour les listes qui peuvent vraisemblablement dépasser les 5% des suffrages et espérer obtenir au moins un siège. Sans grand espoir, Lutte Ouvrière présente toutefois une liste avec trois francs-comtois, Michel Treppo (n°18) et Cédric Fischer (n°66), issus de la filière automobile et Dominique Revoy (n°75). Un temps candidat au sein de la liste du parti Fédéraliste Européen, le bisontin Jean-Philippe Allenbach a finalement renoncé à cette élection, faute de financements. Chez les « petits », on retrouve aussi des noms connus comme le Parti Animaliste ou le Parti Pirate avec en 18e position le conseiller municipal bisontin François Bousso. Pour eux, la campagne a un autre objectif, se montrer. La barre symbolique du pourcentage est un objectif quand le rêve s’apparente simplement à 3,5% des suffrages récoltés, synonyme de remboursement des frais de campagne. Certains avec beaucoup plus de moyens n’y arrivent pas non plus.

Pourquoi le nombre de sièges augmente ?

L’Union Européenne a voté cette augmentation, suite à un rapport de juin 2023 portant sur l’évolution démographique des pays. 12 pays ont gagné un ou plusieurs élus. Avec 2 places supplémentaires, la France est le deuxième pays le plus représentés.