Jacky Girard, vice-président de l'OB, installé à gauche d'Anne Vignot et Alain Dougy, historien, installé à la droite de la maire de Besançon en ont profité pour alerter l'élue sur les besoins urgents d'un terrain supplémentaire.

« Les Femmes aussi… en Ovalie », c’est le titre de cette brochure réalisée par Alain Dougy qui se décrit aujourd’hui comme historien du rugby bisontin. Une mine d’or de plus de 60 pages, retraçant l’histoire et les difficultés des femmes à s’imposer dans une discipline longtemps autorisée aux hommes uniquement.

Un document réalisé pour les 20 ans des Obstinées, l’équipe féminine de l’Olympique Bisontin, présenté officiellement ce lundi 6 mars à Besançon. Signe de l’engouement autour d’un tel projet, Marie-Céline Bernard avait fait le déplacement. Pionnière de ce sport dès 1967, elle s’est battue tout au long de sa carrière pour ouvrir le rugby à tous et surtout à toutes. Originaire de Tournus en Saône-et-Loire, Marie-Céline Bernard devient la première entraineuse de l’équipe de France féminine du ballon ovale à partir de 1982. Il faudra attendre 1989 pour que la Fédération Française du Rugby intègre les clubs féminins.

Débuts des années 2000, l’arrivée dans le Doubs

Le développement du rugby féminin est étroitement lié à la région. Près de 30 ans séparent « les Gentianes » de Champagnole, première équipe de Franche-Comté de l’équipe pontissalienne en 2001, première équipe du Doubs.  « Contrairement à Besançon, Pontarlier a immédiatement suivi ses filles. », poursuit Alain Dougy. À l’époque président délégué de l’OB, il tente de lancer le rugby féminin à l’OB. « Avec les problèmes financiers de l’OB à l’époque, on ne pouvait pas tenir. » L’équipe bisontine formée en 2002 ne tiendra qu’une saison, avant d’être relancée entre 2007 et 2009.

Succession de partenariats avec Pontarlier

Face au manque de considération du club et un besoin de joueuses et d’objectifs concrets, le premier rapprochement entre l’OB et le CAP est créé entre 2009 et 2011. Deux saisons remplies de succès et de belles performances malgré une gestion en coulisse difficile pour Besançon. Une seule licenciée est enregistrée à l’OB pour la saison suivante et le partenariat avec Pontarlier prend fin. Déterminée, section féminine de Besançon se reconstruit et prend un nom symbolique :  les « Obstinées ».

Marine Pascouët fait partie des joueuses présentes à l’OB depuis la naissance des OBstinées. Elle est aujourd’hui la capitaine.

Le second rapprochement est acté en 2013 avec l’intégration de Morteau pour créer l’équipe « PBM ». Le partenariat fonctionne jusqu’en 2019 avec deux équipes séniores, des cadettes et des succès à la pelle. Les dirigeants ont à nouveau des désaccords sur la suite du fonctionnement. Entre entité indépendante dans le Haut-Doubs et volonté de conserver une section féminine à Besançon, le partenariat s’arrête à nouveau.

De cette séparation résulte les deux équipes actuelles : les Redoubstables (Morteau, Valdahon et Pontarlier) évoluent en Fédérale 2 et bataillent pour la montée. Elles sont actuellement 3e du championnat.

À Besançon, les OBstinées ont conservé leur nom et leurs joueuses comme Marine Pascoët, licenciée depuis 2011 et devenue au fil des années capitaine et dirigeante. Les bisontines sont en tête de leur championnat de Fédérale 1 et espèrent bien monter en élite. « Avec toutes les difficultés que le rugby féminin a subi, c’est paradoxalement l’équipe qui joue actuellement au plus haut niveau. », analyse Alain Dougy.

Alain Dougy a réalisé une très belle brochure sur l’histoire du rugby féminin.

Besançon vise l’Élite

« Si on venait à atteindre l’Élite, ce serait une reconnaissance énorme pour les joueuses et les personnes qui y ont cru dès le départ. Maintenant il faut voir si le club est prêt à assumer financièrement un tel enjeu. Cette année les déplacements représentent près de 80 000 € pour le club. En élite pour les femmes ce sont des déplacements jusque dans le Sud-Ouest. Ça veut dire un week-end complet en déplacement. Est-ce qu’elles-mêmes sont prêtes à assumer ça, il faut en discuter. », confie Jacky Girard, vice-président du club.

Le chemin est encore long pour permettre à ces femmes de profiter pleinement de leur passion. Preuve que le rugby féminin prend dans l’ampleur, les filles de moins de 15 ans sont toujours plus nombreuses à rejoindre la discipline. Une vingtaine s’étaient présentées aux journées de développement de la Ligue BFC en 2018. Quatre ans plus tard, ce sont 80 joueuses qui tentent leur chance. Un premier championnat doit voir le jour pour la saison 2023 – 2024.

M.S