L’hommage avait du être reporté d’un an mais devrait cette fois-ci se dérouler en présence du public, malgré les conditions sanitaires compliquées. Pour commémorer les 150 ans de l’armée de l’Est, les élus de la Cluse-et-Mijoux ont initié un projet d’exposition et de conférences sur trois jours au sein de la commune du 29 au 31 janvier 2022, afin de ne pas oublier l’un des faits historiques les plus importants de l’histoire du Haut-Doubs : le passage des Bourbakis en Suisse, par la Cluse et les Verrières. 

Les Bourbakis « oubliés » dans les négociations de l’armistice

Mi-janvier 1871, alors que le général Charles-Denis Bourbaki mène la grande armée de l’Est, son principal objectif est de reprendre Belfort aux prussiens. Malgré une armée de 140 000 hommes au départ, la tactique allemande permet de repousser les français, obligés de se replier. Encerclés par l’ennemi, mal équipés, usés par une guerre harassante, 87 000 soldats se dirigent vers Pontarlier, en plein hiver. Le 28 janvier 1871, la France signe l’armistice avec l’Empire Allemand, né de cette guerre. Si des messages sont transmis à l’armée de l’Est à propos de cet armistice, elle ignore que les négociateurs ont « oublié » de l’inclure dans l’accord. 

Régine Tissot, 1ère adjointe de la commune et Marie Fluchot sont à l’origine de cet hommage aux Bourbakis sur la Cluse-et-Mijoux.

Une convention Franco-Suisse signée le 1er février 1871

« Après son échec à Belfort le général Bourbaki avait tenté de se suicider, mais s’est loupé. Il a quand même donné le commandement au général Clinchant, qui décidé de faire passer toutes ses troupes en Suisse, pour se réfugier », explique Marie Fluchot, conseillère municipale à La Cluse-et-Mijoux. 

Le général Clinchant négocie avec le général Herzog, l’asile en Suisse pour ses soldats. Une convention est signée entre 1er février 1871 la convention des Verrières, qui autorise l’armée française à pénétrer en Suisse à condition, entre autres, de déposer les armes au passage de la frontière. Pendant trois jours, 85 000 hommes et 12 000 chevaux en piteux état sont herbgés par des nombreuses familles helvètes à travers tout le pays. C’est aussi l’acte fondateur de la Croix Rouge. 

La bataille héroïque de la Cluse

En France, « la bataille de La Cluse » , des soldats de l’armée française défendent la position des Bourbakis depuis le Château de Joux et le Fort Mahler, pour empêcher l’ennemi de poursuivre sa traque. « C’était très compliqué car les canons étaient fait pour défendre loin, pas juste en dessous du Château dans le virage où circule les voitures maintenant ! », ajoute Régine Tissot, 1ère adjointe de la commune. Près de 2000 soldats mourront dans ces combats mais permettront à tous les autres de se réfugier en Suisse. 

L’événement est resté gravé dans la mémoire Suisse. Plusieurs confédérations commémorent cette date chaque année. En France, l’événement prévu sur trois jours à la fin du mois de janvier « est l’une des plus grosses commémorations depuis 1996 », assure Régine Tissot. « Nous nous sommes réunis l’an dernier en proposant des petites affiches afin de créer une exposition historique sur ce thème. En lançant un appel aux différentes associations et particuliers, le projet a généré un énorme engouement et beaucoup de monde ont participé. L’exposition prévue à la salle des fêtes comportera des pièces uniques ». Mardi 1er février, les élus de la CCGP ont également prévu un hommage officiel, en compagnie du Souvenir Français.

Martin SAUSSARD.