Besançon : Hôp hop hop…on ne parle pas d’argent !

Le collectif, créé en 2017 autour de 5 urbanistes et artistes de l’art urbain a pour objectif de "faire la vie et la ville autrement…plus en lien avec les habitants". Elle occupe 2 000 m² des anciens locaux de l’Arsenal Place Saint Jacques à Besançon. Revue de sa part d’ombre et de lumière !

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Le projet participatif autour du lycée Jules Haag à Besançon ©YQ
L’Arsenal, un lieu de partage

L’association Hôp Hop Hop compte 593 adhérents (bilan moral 2020). Elle occupe le site de l’Arsenal comme un « laboratoire du mieux-vivre ensemble ». Le collectif d’architecture a pour but « d’occuper de manière temporaire des bâtiments inoccupés ou en transition ». L’association souligne « vouloir générer de l’inattendu par l’improvisation et susciter du lien social par l’interdisciplinarité ! Apprendre, travailler, créer, flâner, jouer…il y a 1000 façons d’occuper un lieu ! » Les pratiques d’aménageurs veulent se réapproprier la ville…disent-ils.

Près de 60 résidents louent des surfaces à l’Arsenal

C’est bien le collectif Hôp Hop Hop, locataire à titre gratuit du site, qui sous-loue des bureaux, des ateliers, des lieux de création à une soixantaine d’artisans et d’artistes. Graphistes, architectes, photographes, associations, artistes, compagnies de théâtre, couturières, illustrateurs, paysagistes, vidéaste, céramiste, bijoutière, scénographe, brasserie, savonnier, ergonome, architecte d’intérieur, preneuse de son, ethnologue, escape game…il y a même une société de production audiovisuelle. Sur les 2000 m² du site, 30 espaces de travail hébergent les 60 résidents, un café associatif, une recyclerie, un atelier de bricolage, une salle d’exposition, un espace santé et bien-être et trois salles polyvalentes ouvertes aux réunions d’associations.

Des activités pluridisciplinaires

L’association Hôp Hop Hop offre des lieux de santé, de bien-être, de « lâcher-prise ». La cour de l’Arsenal sert, aux beaux jours, de marché ou de rendez-vous en terrasse. Le parking se transforme et « si on remplaçait les voitures par des humains »…L’idéologie n’est jamais bien loin chez Hôp Hop Hop !

On peut ou non en partager les objectifs, adhérer ou non à ses projets, le but est louable et les engagements sincères.

Une étonnante discrétion à propos du budget

Après la polémique née autour du projet de chantier participatif dans le quartier Vauban, à proximité du lycée Jules Haag, Hebdo25 avait souhaité rencontrer Lucile Andersen, la co-fondatrice et coordinatrice de Hôp Hop Hop. Dans ce projet, elle est chargée de requalifier les espaces publics du secteur et notamment la rue Labbé : suppression de la circulation automobile, suppression des places de stationnement dans un quartier aux activités pédagogiques multiples. Le souhait était de comprendre la « démarche participative », le choix de l’association et « last but not least » connaître le montant de la subvention versée par la Ville de Besançon à l’association Hôp Hop Hop.

Autant cette association est dithyrambique et précise dans son rapport moral, autant elle est très discrète sur son budget global. Tout juste apprend-on que le site de l’Arsenal est loué à titre gratuit par le CHU « une façon pour le propriétaire de maintenir l’entretien et d’éviter la détérioration du lieu » souligne Lucile Andersen.

On apprend au détour d’une phrase que « l’association emploie 6 salariés ». Il faut aller dans le détail du rapport moral pour tenter difficilement de reconstituer le nombre de salariés en ETP (Equivalent Temps Plein). Sur la base d’une rémunération au niveau du SMIC, une fois les charges patronales payées, on peut estimer la masse salariale entre 120 et 130 K€/an.  Quant à connaître les loyers payés par les « résidents », il faudra attendre.

Subvention ou prestation ?

A la question « Quelle subvention avez-vous perçu de la Ville de Besançon pour le projet Jules Haag ? », Lucile Andersen commence par un péremptoire « ce n’est pas une subvention…c’est une prestation ! » La différence elle, est fiscale.

Malgré une tentative pour retrouver un montant sur son écran d’ordinateur, l’entretien s’arrête brusquement par un « vous cherchez la petite bête… »

Selon nos diverses sources, le montant payé par la Ville à Hôp Hop Hop pour les quelques transats en bois (d’arbres morts) serait de l’ordre de 7 500€. Ce montant s’intègre-t-il dans les 250 000€ de budget participatif voté par la majorité municipale ? Le projet lui, n’a pas été discuté ni voté par les bisontins et notamment les habitants du quartier.

Devant cette fin de non-recevoir, il pouvait être utile de se tourner vers Kevin Bertagnoli, le dynamique adjoint à la démocratie participative. Résultat identique. Son SMS est éloquent : « Je n’ai pas la somme exacte. Le service pilote sur ce projet est le service urbanisme. La somme représente une très faible part du projet global… » Il n’en dira pas plus !

Contrat de Ville sur le quartier Montrapon

L’association Hôp Hop Hop a proposé à la Ville de Besançon un projet photographique sur ce quartier sensible de Besançon. Ce travail est confié à la photographe Annabelle Michon. L’ambition est louable et légitime, toujours. Toutefois, comme le document publié ci-joint en apporte la preuve, Hôp Hop Hop a perçu deux premières enveloppes pour financer le projet : 2 200€ de GBM au titre du contrat de ville et 2 900€ sur le budget action culturelle de la Ville de Besançon. L’association réclame une rallonge « face au constat…il faut faire plus d’ateliers afin de récolter plus de matière pour réaliser la carte sensible ». Dans son courrier du 21 septembre 2022 adressé à Anne Vignot au titre de Présidente de GBM, Lucile Andersen ajoute : « la restitution en 2023 fera l’objet d’une nouvelle demande » (de financement). Là encore, aucun montant de subvention et/ou de prestation ne semble avoir été soumis aux élus de la Ville ou de la Métropole.

Après les comptes inconnus de l’association La Pive, pointés du doigt par Jean-Philippe Allenbach, ce sont les comptes non publiés de l’association Hôp Hop Hop. Les associations ont souvent un rôle culturel et de cohésion sociale. Elles doivent être accompagnées dans leurs projets à condition que ceux-ci soient conduits en toute transparence financière !

Yves Quemeneur