Le meurtre du bisontin Théo Decouchant sera jugé aux assises de Haute-Saône

Le procureur de la République du tribunal de Besançon a tenu une conférence de presse vendredi 24 novembre au cours de laquelle il est revenu sur le meurtre de Théo Decouchant. Ce bisontin âgé de 23 ans à l’époque a été tué dans la nuit du 29 au 30 novembre 2021. La suspecte a reconnu les faits et sera jugée aux assises de Haute-Saône dans un an possiblement.

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Photo DR/Facebook

Les premiers jours de médiatisations de cette affaire avaient glacé Besançon et plus largement la Franche-Comté, tant par la disparition de la victime, que le comportement sordide de l’accusée, qui a reconnu les faits. Dans la nuit du 29 au 30 novembre 2021, Théo Decouchant, bisontin âgé de 23 ans, se rend au domicile de Camille Anguenot, cette jeune femme âgée à l’époque de 18 ans et domiciliée dans un petit appartement à Oiselay-et-Grachaux, en Haute-Saône. Une relation s’était créée entre les deux personnes deux semaines plus tôt en boîte de nuit. « L’information judiciaire a mis en évidence que l’accusée cherchait de manière intense un véhicule pour, dit-elle, se rendre à un rendez-vous pour toucher son chômage. Elle avait également un désir important de rejoindre un homme à Bordeaux qu’elle avait rencontré sur les réseaux sociaux. », explique Étienne Manteaux

« Je suis à deux doigts de le tuer »

Les recherches des enquêteurs à travers le téléphone de la jeune femme permettent de retrouver une conversation sur son compte Facebook Messenger. À 15h25, quelques heures avant de se retrouver seule aux côtés de sa future victime, elle évoque d’abord une recherche active de voiture avant d’ajouter : « je suis à deux doigts de le tuer […] enfin pas le tuer mais genre de lui demander sa voiture quoi, enfin, de l’engueuler pour qu’il me passe sa voiture » (sic). Confrontée à ces éléments, l’accusée répondra aux enquêteurs lors de son audition qu’il ne s’agit pas de propos sérieux et qu’elle n’a jamais eu l’intention de donner la mort.  Au tribunal de décider si oui ou non, cet élément peut être retenu.

Photo DR/Facebook

Une théorie fébrile

La soirée se déroule entre pizza et séries TV, puis le duo s’endort dans le même lit. « Elle explique s’être réveillée en sursaut car le jeune homme lui prodiguait des caresses insistantes, alors qu’elle lui demandait d’arrêter. Elle l’aurait ensuite frappé au visage, des coups importants, avant de se lever, affolée. Elle se serait ensuite emparée d’un couteau, lui assenant un coup au ventre. », raconte le procureur Étienne Manteaux. La thèse d’une défense légitime qui aurait mal tourné s’étiole avec la suite des événements.

Le foie de la victime est touché, mais le coup n’est pas mortel d’après l’autopsie. Au sol, recroquevillé, impossible pour Théo Decouchant de bouger face à la douleur. « Alors qu’il ne représentait plus de danger, elle s’est emparée d’un cordon vestimentaire qu’elle a enroulé autour du cou du jeune homme. En serrant fortement, elle provoquera un décès par strangulation. » Face aux enquêteurs, Camille Anguenot assumera à plusieurs reprises : « j’ai fait cela pour qu’à la fin, il décède. »

Une semaine de voyages et d’achats

Théo Decouchant meurt au matin du 30 novembre. À 8h, la jeune femme est aperçue à la station du Super U de Devecey, avec le véhicule du défunt et sa carte bancaire, en train de faire le plein. Une heure plus tôt, comme pour brouiller les pistes elle envoie un SMS sur le téléphone de la victime, le remerciant de la soirée. S’en suit plusieurs jours où l’accusée effectue des paiements avec la carte de sa victime. Location d’appartements, bijoux, retrait d’espèces, Camille Anguenot retrouve ensuite l’homme qu’elle souhaitait rejoindre à Bordeaux. Elle reviendra le 4 et 5 décembre en Côte d’Or puis en Haute-Saône, avec des sacs plastiques et du ruban adhésif. L’accusée sera interpellée, lundi 6 décembre 2021. Une semaine à vivre, comme si de rien n’était, le corps de la victime étant toujours dans son appartement, retrouvé dans un placard du logement en Haute-Saône.

Débats autour de son évaluation psychiatrique

Lors de sa première évaluation psychiatrique, la personnalité de Camille Anguenot est décrite comme vénale, égocentrique, avec des traits psychopathiques. Des traits de caractère qui généreraient une altération de son discernement au moment du passage à l’acte. Un contre-expert note l’inverse dans une seconde analyse : l’accusée présenterait bien une personnalité caractérielle avec une immaturité affective préoccupante qui générerait une forte impulsivité dans son comportement. Néanmoins, et c’est un détail important : « ce contre-expert a estimé qu’il n’y avait pas une altération de son discernement. », commente Étienne Manteaux.

La mise en accusation porte sur un homicide volontaire, pour lequel Camille Anguenot risque 30 ans de réclusion criminelle, mais également sur deux délits connexes : vol de véhicule et de la carte bancaire de la victime, et escroquerie. Le jugement devrait se dérouler dans les prochains mois devant la cour d’assises de Vesoul, en Haute-Saône.

M.S