Une autrice bisontine émigrée en Normandie
Les habitués de l’ancien café du Commerce rue des Granges à Besançon connaissent cette romancière qui fut longtemps correctrice d’édition. Elle y venait rédiger des paragraphes dans le brouhaha de la salle Belle Epoque ou corriger manuscrits et articles de presse.
Habitante depuis quelque temps des falaises d’Etretat et gourmande de « marmite dieppoise », Bérangère Cournut a appris les embruns marins et le vent du large. Ce goût des grands espaces l’a amené à un voyage d’étude en Patagonie, thème de la dictée proposée aux « terriens » de Besançon.
Un texte ciselé, amusant et difficile
C’est l’histoire d’une artiste envoyée dans les cinquantièmes hurlants. La Patagonie est la terre la plus au sud avant l’Antarctique, à quelques encablures du cap Horn. La narratrice évoque « les hauts faits des grandes circumnavigations et les épopées navales que, depuis Magellan, les navigateurs ont donné à lire sur ces latitudes extrêmes ». Elle découvre la navigation à voile « sous l’autorité d’un Sud-Américain parlant un sabir d’espagnol et de langue autochtone mâtiné d’un français de loup de mer ». « Originaire de l’Equateur, d’ascendance quechua, il possède une science innée des alizés et contre-alizés ». « D’aucuns disaient qu’il était même capable de faire chanter le moindre zéphyr dans les haubans de hune et de misaine ». Phtisique et bourré d’arthrose, l’homme n’avait rien d’un artiste ».
En bonne ignare du vocabulaire marin, la narratrice trouvait insultants les ordres incessants « Affale-moi ça, passionaria. Nom d’un Inca, noue donc les garcettes de ris…Amure ton petit foc sur le beaupré… » L’histoire se termine (et la fatigue des élèves d’un jour aussi) par un « vent catabatique » qui précipite le marin par-dessus bord.
Pour les francs-comtois, la marine à voile a des secrets difficiles à percer. Certains accords de participe passé ont aussi donné des sueurs froides aux compétiteurs, comme certains noms composés…ou pas ! Et on ne parle pas des majuscules mal placées ou aux accents oubliés.
Les lauréates
On comptait une large majorité de femmes dans la compétition « Les lecteurs sont surtout des lectrices ».
Joëlle Cailleaux et Janine Jacquel ont su contourner les reflets bleu-vert de la crête des vagues orthographiques pour réaliser presque un sans-faute (5 fautes chacune) suivies par Marie-Paule Delvenne et ses 10 fautes.
Comme chaque année, les trois lauréates ont été récompensées, pour le 1er prix par un stage de langue offert par le CLA, le second et troisième prix par un bon d’achat d’une valeur de 200€ à valoir en librairie offerts par Grand Besançon Métropole.
Yves Quemeneur
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Bérangère Cournut présentait à Livres dans la Boucle « Vovöl » (Editions Le Tripode) paru en juin 2023. Le poème des origines comme un nouveau récit d’Adam et Eve, l’amour infini entre deux être têtus.