Nathalie Albert-Moretti, rectrice de l’académie de Besançon

A la suite des annonces du Ministre de l’Education Nationale Gabriel Attal , la rectrice d’Académie détaille certaines des mesures. Un véritable changement de cap se profile au collège notamment avec un objectif annoncé, renforcer l’égalité des chances entre tous les élèves.

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Pourquoi ces mesures s’imposaient-elles ?

Il fallait un électrochoc en réaction aux résultats des évaluations nationales et internationales qui mettent l’accent sur les résultats insuffisants des élèves français. Cela ne fait que conforter l’idée que des réformes sont nécessaires après celles qui déjà ont porté leurs fruits, notamment en primaire le dédoublement de certaines classes ou le plafonnement des effectifs dans d’autres. Mais on le voit, au collège surtout, le niveau a beaucoup baissé en dix ans, surtout en mathématiques et en français. Il y a de plus en plus d’élèves en grandes difficultés d’où ces annonces et la volonté gouvernementale de donner des conditions encore meilleures pour agir.

 

Comment ont-elles été décidées ?

Les réformes annoncées ne tombent pas du ciel. Elles résultent d’une vaste consultation lancée auprès des enseignants. Un quart d’entre eux a répondu à l’enquête du ministère qui s’est appuyé sur ces retours pour la réflexion qui a abouti à ces réformes. Il y a donc eu une véritable écoute.

 

Avez-vous été étonnée des résultats des différentes évaluations ?

Cette situation n’est pas vraiment une surprise. Certes il y a eu un réel effet Covid et ce malgré les efforts de la communauté éducative durant cette période particulière. Mais ? la situation a été la même dans les autres pays et pas seulement en France… Malgré des enseignants engagés qui font ce qu’ils peuvent, il est aujourd’hui indispensable de faire encore mieux pour permettre aux élèves une meilleure acquisition des savoirs fondamentaux : en créant des groupes de niveaux et en faisant évoluer les programmes notamment.

 

Quand seront mises en œuvre ces réformes ?

Dès la rentrée prochaine, ces programmes évolueront en CP et CE1. Des groupes de niveaux seront mis en place en 6ème et 5ème pour le français et les maths. Il y aura trois groupes selon le niveau de maitrise avec la possibilité pour les plus faibles, qui ne seront pas plus de 15 donc en petits effectifs, d’évoluer et donc de passer de l’un à l’autre. Il s’agit là de pouvoir lieux accompagner en individualisant le suivi de l’apprentissage de ces matières.

 

Ce qui demande des moyens supplémentaires…

Les chefs d’établissements vont devoir mettre ce nouveau dispositif en place, ce qui évidemment nécessite des moyens supplémentaires c’est-à-dire des recrutements de professeurs Le ministère va se charger de montrer la réalité du métier et de le rendre attractif car si la volonté est là, il manque en effet parfois de candidats

 

L’égalité des chances sera-t-elle ainsi mieux assurée ?

L’égalité des chances est la problématique numéro un qui incombe à l’école. Elle se doit de corriger les inégalités qu’elles soient sociales ou géographiques et donc outiller chaque élève pour avoir les mêmes chances de réussite. C’est un énorme défi auquel l’Education Nationale ne parvient pas encore assez donc il est essentiel de mieux détecter les faiblesses des uns et des autres pour mieux y répondre et mieux les accompagner.

 

On parle d’une entrée de l’intelligence artificielle dans l’enseignement. Qu’en est-il ?

L’intelligence artificielle va en effet faire son entrée dans l’enseignement, en classe de seconde et d’abord en phase d’expérimentation avant d’être éventuellement généralisée. Il est tout simplement question de leur donner un outil supplémentaire pour les aider et les soutenir sur les temps hors de la classe. Ils auront ainsi accès à des exercices personnalisés pour s’entrainer.

Comment va être réformé diplôme national du brevet ?

Aujourd’hui, 12% des élèves entrent au lycée sans avoir ce diplôme. Ce ne sera plus possible. Le diplôme national du brevet (DNB) va devenir une condition sine qua none pour passer de 3ème en seconde. Il va également être revu avec une part de 40% des notes venant du contrôle continu, le reste étant attribué lors de l’examen. En cas d’échec, les élèves pourront intégrer une classe préparatoire au lycée, un sas pour retravailler les savoirs fondamentaux qui leur ont fait défaut. C’est un moyen de redonner un vrai sens et une vraie valeur à ce diplôme, le premier que passent les élèves dans leur scolarité.

Quant au redoublement, il n’est donc plus tabou ?

Avant d’arriver à un redoublement, plusieurs solutions seront envisagées et proposées. Il peut par exemple y avoir passage en classe supérieure à condition que soit mis en place un accompagnement renforcé ou un système de tutorat. Un stage pendant les vacances peut être une autre solution. Mais si le passage parait vraiment trop compliqué, le redoublement s’imposerait et ce sont les enseignants qui auront le dernier mot sur la question.