Besançon : pour apaiser le quartier Battant, la ville mise d’abord sur la sécurité routière

La gestion du quartier Battant a de nouveau été évoquée au conseil municipal du 6 novembre. La majorité veut d'abord améliorer la sécurité routière quand l'opposition attend davantage dans la lutte contre l'insécurité et le trafic de stupéfiants.

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La rue d'arènes à fait partie des six axes concernés par l'installation de bornes d'accès. Photo MS

Point d’accès essentiel entre le centre-ville et les différents (et derniers) parkings gratuits, le quartier Battant est également un lieu qui bouge beaucoup, en journée avec ses commerçants, comme en soirée grâce aux différents restaurants et bars qui attirent ou réattirent toujours plus de monde. Ce qui n’est pas nouveau en revanche, c’est l’impact négatif et récurrent des nuisances diverses sur l’histoire, le potentiel et la fréquentation du lieu. Vitesse excessive des automobilistes, hurlements des personnes en état d’ébriété la nuit, encombrement et insécurité, les habitants alertent régulièrement la municipalité depuis des années qui en réponse a décidé de faire de Battant « son prochain quartier apaisé. » En misant d’abord sur la sécurité routière.

Six nouvelles bornes escamotables

Six nouvelles bornes escamotables vont être installées sur les principaux accès du quartier. En bas du quartier, ce nouveau dispositif concerne la rue d’Arènes où circulent massivement des piétons, le quai de Strasbourg et la rue de la Madeleine. En haut, la rue Léon Deubel et Richebourg seront aussi inaccessibles sans badge. Une sélection réalisée à l’issue d’une réunion publique organisée le 15 septembre dernier. « Il s’agit d’une extension du secteur règlementé de la Boucle, système qui a fait ses preuves. Le fonctionnement sera donc identique et se fera par lecture de plaque minéralogique. Les clients des commerces pourront entrer dans le quartier en voiture sous condition (personnes à mobilité réduite, transport d’objets lourds). », précise la Ville. À cela s’ajoute des barrières automatiques sur les voies du tram, côté quai Veil-Picard. Les travaux ont débuté et tout devrait fonctionner début 2024. « […] Il s’agit de la première étape nécessaire pour réaménager progressivement les rues afin de donner plus de place aux piétons, cyclistes, personnes à mobilité́ réduite, usagers des commerces, personnes âgées et jeunes enfants. », précise la Ville.

Le prochain contrat de Ville sera déterminant

Les oppositions ont profité du conseil municipal du 6 novembre pour revenir sur cette réunion publique du 15 septembre et ce projet qu’ils jugent trop léger. « […] Le quartier présente des difficultés sociales, de trafic de drogue, de propreté que vous avez refusé d’aborder lors de cette dernière réunion. Nous souhaitons avec les habitants un projet plus ambitieux, plus global […] et pas seulement installer des bornes. Il y a une urgence. », a commenté l’élu Laurent Croizier, chef du groupe Ensemble Bisontins. « On ne reste pas les bras croisés, c’est un début. Il y a aussi un travail fait avec la maison de quartier des Bains Douches pour recentrer les actions autour des familles et des enfants. », répond Damien Huguet, adjoint de quartier.

Le prochain contrat de Ville, à l’étude avec la Préfecture, devrait être déterminant pour accélérer la transformation du quartier Battant.  En le redéfinissant comme zone prioritaire, les moyens alloués seraient plus conséquents. Selon Marie Etevenard, adjointe déléguée à la Petite Enfance et la parentalité, ce changement ne s’est pas encore fait pour une simple raison : le revenu moyen par habitant est trop élevé. « Nous sommes allés à la rencontre des habitants avec le secrétaire général de la Préfecture pour lui montrer tous les enjeux et données sociales sur le terrain ». Ce nouveau contrat de Ville devrait être signé en 2024.

« La première priorité, c’est l’insécurité ! »

« La première priorité des habitants c’est l’insécurité et le trafic de stupéfiants. Ce trafic décline d’ailleurs ensuite sur le centre-ville où nous sommes d’ailleurs constamment alertés sur cette mendicité agressive. En choisissant de répondre de manière encore une fois dogmatique par la circulation, vous oubliez l’essence même des plaintes. Et les commerçants, vous en faites quoi ? Ils vont souffrir de l’aménagement que vous allez faire ! », tacle Ludovic Fagaut, chef de fil du groupe Besançon Maintenant. « Bravo, vous allez pouvoir découper vos petits films et poster une nouvelle belle intervention où l’on ne voit jamais notre réponse. » enchaîne Anne Vignot. « Vous venez de nier tout le travail fait et présenté par Damien Huguet. Il y a une collaboration avec les commerçants, le CCAS, les habitants ou encore l’État et je l’espère le Département (NDLR : ciblant Ludovic Faugaut, vice-président départemental). Elisabeth Borne a réannoncé un grand plan anti-drogue, nous sommes le pays qui consommons le plus de psychotropes en Europe et celui qui a mis en place le plus de moyens répressifs. Développer un rapport un peu simpliste où il suffirait de mettre plus de répression face à la consommation, cela manque de subtilité. Pour rappel la réunion publique du 15 septembre à Battant était organisée sur le sujet de la sécurité routière. Ces incivilités routières pourrissent la vie des habitants. » Une prochaine réunion entre les habitants et la municipalité est prévue le 22 novembre.

M.S