Vincent Vanharen, président du Groupement de Défense Sanitaire Apicole du Doubs (GDSA25)

Les menaces qui planent sur les abeilles sont nombreuses comme nous le détaille le président du DGSA du Doubs. Un constat inquiétant lorsque l'on sait que ces insectes sont considérés comme les sentinelles de l'environnement.

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Doit-on craindre le frelon asiatique  ?

C’est une forte menace depuis quelques années et qui s’accroit notamment depuis deux ans sur tout le territoire du Doubs. Avec des hivers moins froids, sa prolifération a été favorisée. Le frelon asiatique ou Vespa Velutina Nigrithorax est un redoutable prédateur en fin d’été lorsque les ressources dans le biotope viennent à manquer.

Quelles sont les conséquences ?

C’est un vrai problème environnemental qui met à mal la biodiversité et en particulier les abeilles qui sont comme on le dit souvent des sentinelles de l’environnement. C’est également un problème de santé publique car il y a des risques de piqures dans le périmètre des nids.

Comment agissez-vous ?

Les apiculteurs sont évidemment mobilisés pour lutter de façon très ordonnée. L’idée est de piéger au printemps dans les zones où il y a eu un nid l’année précédente afin de capturer les reines de frelons asiatiques pour empêcher la création de nouveaux nids. Les pièges mis en place sont sélectifs afin de ne pas nuire aux autres insectes.

Comment est-il possible de vous aider ?

Nous invitons en effet la population à signaler la présence de frelons asiatiques voire de nids sur le site qui s’appelle lefrelon.com afin de le géolocaliser. C’est un dispositif de surveillance et de lutte visant à repérer, répertorier et in fine à faire détruire les nids. En effectuant cette démarche, les personnes permettent à notre réseau de référents locaux qui interviennent sur le terrain, de vérifier un signalement pour validation si cela est nécessaire. Ensuite, il faudra faire appel à une entreprise spécialisée pour la destruction.

Ce qui a un certain coût…

Nous avons fait une demande au Préfet pour qu’il prenne un arrêté afin d’imposer les destructions ainsi que la prise en charge des coûts associés car cela est un frein à sa destruction notamment sur les propriétés privées. Il faut savoir que selon l’emplacement et la difficulté d’accès, le coût peut être important.

D’autres dangers guettent-ils les abeilles ?

Le varroa est une autre menace. C’est un acarien qui se fixe sur les abeilles ainsi que les larves d’abeilles en développement dans les alvéoles. Celui-ci devient résistance au traitement ce qui nous oblige à mettre en place une bithérapie pour essayer de l’éradiquer. Notre association est là pour informer et apporter des conseils aux apiculteurs, d’autant plus que nous avons un agrément pour vendre les médicaments conventionnels ou biologiques adéquats et assurer un suivi de la prophylaxie mise en place. Nous organisons des commandes groupées afin d’une part d’avoir ces produits à un tarif très compétitif et d’autre part de les appliquer au même moment à l’échelle du département pour favoriser l’efficacité de cette lutte collective.

Qu’en est-il des néonicotinoïdes ?

Ils ont un impact néfaste sur tous les insectes donc forcément sur les abeilles. Même s’ils sont aujourd’hui interdits en France, les firmes qui commercialisent ces produits en ont recréé d’autres aux noms différents mais tout aussi nocifs. Il existe pourtant des solutions, même en utilisant de tels produits, par exemple traiter tard le soir quand les abeilles sont moins actives, ce qui au moins réduirait nettement la mortalité. Il y a des discussions régulières entre apiculteurs et agriculteurs sur cette question et ceux-ci comprennent bien que la présence d’abeilles est positive pour les rendements de leurs exploitations donc que nous avons des intérêts communs dans ce combat. Il faut donc trouver des compromis… On note aussi une évolution chez les agriculteurs de plus en plus conscients que ces produits, nuisibles pour les abeilles, le sont aussi pour leur propre santé !

Et le changement climatique ?

La météo est un autre problème récurrent. Pour favoriser la vie des abeilles, il faudrait un printemps et un été chaud mais avec une hydrologie suffisante la nuit pour favoriser le nectar dans les fleurs. Ce n’était pas le cas ces dernières années avec en plus des orages violents qui broient ces végétaux qui sont en fait la nourriture des abeilles. Plus largement, la question est donc celle des ressources de ravitaillement en nectar et pollens. Elles se raréfient, d’où par exemple la nécessité de ne pas supprimer les haies. Chaque particulier peut contribuer à son niveau, en favorisant les plantes qui apportent ces ressources. Et aussi lors de la tonte de la pelouse, en épargnant une petite bande ou un carré qui restera en fleurs…