90% des marchandises sont livrées par la route

Dans un contexte qui perdure de difficultés d’approvisionnement des carburants et de la fausse image "des camions qui polluent", la Fédération des Transports Routiers (FNTR) de Franche-Comté avait invité ses adhérents et partenaires le 20 octobre aux Premières Assises du Transport et de la Logistique à la Maison de l’Economie à Besançon

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Rodolphe Lanz, Secrétaire général de la FNTR nationale, Jean-Michel Colle, délégué régional de la FNTR Franche-Comté et Xavier Bergelin, Président de l'organisation patronale du transport en Franche Comté - photo FNTR
Les métiers mal connus de la chaîne logistique

Pourtant, la crise sanitaire et son lot de masques perdus et de confinements à répétition avait mis en exergue le caractère indispensable et stratégique du transport routier de marchandises. Au printemps 2020 en particulier, comment les magasins d’alimentation auraient pu être approvisionnés sans plateformes logistiques et camions. Michel Neugnot, vice-président du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté en charge des mobilités, l’a assuré aux transporteurs « un grand merci à toute la chaîne logistique pendant cette pandémie ».

Pour Xavier Bergelin, le président régional de la fédération des transporteurs routiers « notre profession est ouverte au dialogue avec tous. Nous voulons faire mieux connaître nos métiers et convaincre des efforts quotidiens des transporteurs et des constructeurs pour participer à la décarbonation de l’économie ». Le chef d’entreprise qui assure la 5ème génération des transports Bergelin à Gray s’adresse à la fois au grand public, aux collectivités locales et à l’Etat « Aidez-nous à nous rendre encore meilleurs »…en creux, le patron de la FNTR de Franche-Comté confirme l’évolution d’un secteur stratégique qui a réalisé sa mutation écologique.

2% et 6%

Le pourcentage de 2% est le taux de particules fines émises par les camions sur la totalité des émissions françaises. De son côté, le taux d’émission de CO² des camions ne dépasse pas 6% sur l’ensemble des émissions en France.

Les efforts entrepris par l’ensemble de la filière (transporteurs et constructeurs) ont porté leurs fruits. Peu de professions ont autant progressé dans la transition énergétique et écologique. Ce sont des investissements importants pour les transporteurs dans le renouvellement des parcs de véhicules. La norme européenne EURO 6 applicable depuis 2014 impose une réduction supplémentaire de 80% pour les oxydes d’azote et de 50% pour les particules par rapport à la norme EURO 5.

En matière de réduction des particules fines, l’actualité géopolitique a rattrapé les camions. Pour réduire quasiment à zéro les émissions de particules fines, l’AdBlue (composé d’eau déminéralisée et d’urée) est injecté aux gaz d’échappement pour supprimer les émissions polluantes. Rodolphe Lanz, Secrétaire général de la FNTR nationale, présent à Besançon le 20 octobre, s’inquiète « Pour fabriquer de l’urée, il faut du gaz… » En forçant le trait, les sanctions à l’encontre de la Russie ont un effet collatéral sur la pollution des camions. Ou comment inventer les enfants improbables de la diplomatie et de l’écologie !

« Ca s’améliore mais il va falloir attendre encore » Rodolphe Lanz

Le bras de fer social entre les principaux pétroliers et les organisations syndicales a abouti à des avancées significatives sur les rémunérations d’un secteur plutôt privilégié. Pour autant, « le retour à la normale n’est pas pour demain » a souligné Rodolphe Lanz. Les conséquences dans les chaînes d’approvisionnement pourraient être catastrophiques et la FNTR insiste auprès du ministère des transports pour orienter les stocks stratégiques vers les professionnels du transport. « Les transporteurs ont besoin d’assurer et d’avoir de la visibilité dans leurs approvisionnements en gasoil en cuve, ce n’est pas encore le cas alors que l’on s’oriente vers la période de fin d’année où les besoins logistiques sont très importants ».

« Si vous l’avez, un camion vous l’a apporté »

La FNTR relance une communication qui prend encore plus de sens avec l’essor des achats en ligne. Comme le souligne un connaisseur du transport « dans le monde d’hier, un camion livrait une seule fois 10 produits identique dans un magasin.  A l’heure d’internet, le même camion va livrer 10 fois à 10 clients différents. Les plateformes de ventes en ligne…et leurs clients n’ont pas forcément le souci écologique ! »

Label « Transport et Logistique Responsables »

L’organisation patronale du transport routier entend participer activement à la transition énergétique et écologique. La FNTR a mis au point un référentiel qualité pour accompagner et valoriser les entreprises. Ce référentiel va bien au-delà des obligations légales. En fonction de la taille de l’entreprise et du type d’activité, chaque transporteur remplit une grille d’évaluation sur trois items (environnement, social et gouvernance de l’entreprise). C’est une action de fond entreprise par la profession. Le but est à la fois de mieux faire connaître une profession encore trop souvent vilipendée et d’améliorer l’image d’un métier qui peine à recruter de nouveaux collaborateurs. Il s’agit pourtant à la fois d’un métier de passion, exigeant et indispensable à la vie quotidienne.

La résistance au changement est une constante dans les périodes de troubles. On retiendra la conclusion de Rodolphe Lanz à son exposé aux transporteurs comtois « Seuls les bébés mouillés aiment le changement ! »

Yves Quemeneur