C’est sans appel, le silure souffre d’un véritable « délit de sale gueule ». Ce poisson aux dimensions impressionnantes est pourtant bel et bien présent dans le Doubs où régulièrement y sont pris des spécimens qui ont de quoi faire frémir certains ou en faire rêver d’autres. « Au niveau national, on sait que des silures de 2,74 m et 130 kg ont déjà été pris. Dans le Doubs, on a régulièrement des captures d’individus de plus de 2 mètres et plusieurs dizaines de kilos » soulignent Christian Rossignon et Laurent Sauvageot de la Fédération de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques du Doubs.
Un adversaire de taille pour les pêcheurs
On est bien loin des truites, brêmes, brochets ou même carpes dont les plus belles atteignent péniblement une quarantaine de kilos. Une question se pose : d’où vient ce poisson « monstrueux » par sa taille comme par son aspect ? « Le silure était présent sur le territoire avant les grandes glaciations du quaternaire mais son retour dans notre région remonte à une grosse trentaine d’années à la faveur d’introductions ». Le silure était également présent au XIXème siècle dans les bassins du château de Versailles en tant que poisson d’agrément…et aussi pour être cuisiné. « Il est en effet réputé pour la qualité de sa chair et se retrouve aujourd’hui sur les plus belles tables comme un mets d’exception » note le spécialiste qui insiste aussi sur l’attrait pour les pêcheurs. « Un poisson comme celui-là est forcément intéressant du fait de ses dimensions hors normes. Il est combattif et sa prise peut se comparer à la pêche au gros en mer… le silure fait donc de plus en plus d’adeptes pour son aspect sensationnel ».
Nuisible pour l’écosystème ?
Des atouts de plus en plus appréciés qui ont toutefois du mal à faire oublier les craintes qu’il suscite. Alors, soyons clair : non, le silure n’attaque pas les baigneurs et n’en emportera jamais un par le fond comme peut le faire un requin… « Il n’adopte un comportement de défense qu’au moment de frayer et dans ce cas exceptionnel il cherchera, rarement, juste à faire peur au perturbateur » précisent Christian Rossignon et Laurent Sauvageot. Cassé donc le mythe du poisson digne de la vouivre dans les eaux du Doubs. Quant à sa potentielle nuisance au milieu, elle reste très incertaine, de nombreuses études étant menées sans conclure définitivement : « Il se nourrit d’autres poissons plus petits, d’écrevisses, de mollusques, parfois de canards… c’est surtout une espèce opportuniste qui va profiter de ce qui se présente près de lui » poursuit le spécialiste qui décrit le silure comme un poisson intelligent. Il semble aujourd’hui hasardeux de lui attribuer la responsabilité de désordres écologiques, les perturbations observées sur d’autres espèces étant en réalité largement dictées par les diverses pollutions et autres atteintes dont l’homme est à l’origine. Une conclusion que de nouvelles études cherchent à affiner et qui serait une bonne nouvelle pour le Doubs où les silures sont de plus en plus nombreux et peuvent vivre jusqu’à 80 ans. Un autre chiffre hors normes pour ce gros poisson chat. « Ah non, le poisson chat a 8 barbillons alors que le silure n’en a que six ». Un bon moyen de le reconnaitre dans la rivière quand il est encore petit, sachant que ce petit poisson deviendra grand, très grand.