Comment êtes-vous devenue assistante familiale ?
Je travaillais en tant que secrétaire quand j’ai découvert un reportage sur une télévision suisse présentant ce métier particulier. On y parlait d’une autre famille pour grandir. Nous en avons parlé avec mon mari et avec nos trois enfants…la question a peu à peu muri. La réflexion a vraiment été collective et nous avons débuté les démarches afin d’obtenir l’agrément. J’ai bien entendu été reçue pour exposer mes motivations. Mon mari et mes enfants ont également été interrogés pour savoir si c’était un projet partagé…c’était bien le cas. Je suis donc devenue assistante familiale agréée en 2010.
Quand avez-vous accueilli le premier enfant ?
Dès le mois de juillet. C’était un petit garçon de 5 ans dont nous avons préparé tous ensemble l’arrivée pour qu’il se sente bien chez nous immédiatement. Nous avions tous hâte de l’accueillir. Il a eu une chambre bien à lui et a tout de suite su trouver sa place. Et nous aussi dans nos rapports avec lui et notre position à trouver. Car cet enfant avait des parents qui malheureusement ne pouvait pas faire face, une situation que nous n’avons absolument pas à juger mais à laquelle nous devions aider leur fils à faire face à leurs obligations . Il est resté avec nous pendant 5 ans avant de retrouver sa famille.
Un moment douloureux sans doute ?
Evidemment, pour mon mari et moi comme pour mes enfants, le moment du départ a été difficile. Mais, même si nous étions tristes, nous ne perdions pas de vue que c’était pour lui un moment important car il allait retrouver ses parents. Nous nous y étions préparé au fil du temps et finalement, avec le recul, on pouvait être fiers de l’avoir accompagné durant une période difficile pour lui et sa famille. Son départ était donc une bonne nouvelle. Il était naturel qu’il retrouve les siens.
Vous avez accueilli d’autres enfants depuis ?
Nous accueillons depuis plusieurs années trois enfants qui sont toujours parmi nous. L’un arrivé alors qu’il n’avait que 8 mois et qui a dix ans aujourd’hui. Un deuxième qui nous a été confié dès la naissance et qui a 5 ans. Et un dernier de 3 ans, lui aussi à la maison depuis sa venue au monde. Il est vrai qu’en les accueillant alors qu’ils ne sont que des nourrissons, l’attachement est encore plus fort. mais il ne faut pas pour autant perdre de vue que, tout en donnant un amour quasi-maternel, ce que je dois leur apporter avec ma famille, c’est un cadre éducatif et des valeurs. En faire de futurs adultes avec une vie la plus normale possible. Leur donner un maximum de chances.
Comment expliquez-vous votre rôle à ceux qui s’interrogent ?
Je leur précise bien que j’accueille des enfants et que ne les adopte pas. Ils ont des parents. Ma famille et moi sommes là pour les accompagner durant une période de leur vie mais ils ont vocation à retrouver les leurs et c’est ce que nous leur souhaitons dès leur arrivée, le plus rapidement possible. Je leur dis aussi que c’est une formidable aventure humaine, motivante, valorisante, remplie de petites victoires au quotidien.
En conclusion, vous encouragez ceux qui nous lisent à devenir assistants familiaux ?
Oui sans hésiter. Évidemment tout n’est pas rose mais les soucis que l’on peut rencontrer sont les mêmes que dans toutes les familles et entre les fratries. Mais alors, le bénéfice que l’on en retire humainement est sans égal. Pour nous adultes mais aussi pour mes propres enfants à qui cette aventure familiale apporte une belle ouverture d’esprit, une réelle empathie, plus d’écoute, moins de tendance à être dans le jugement envers les autres. Tout le monde en sort donc grandi.