Sport. Alizée Frécon-Demouge : « j’ai donné au handball tout ce que j’avais »

Figure de l’ESBF après quinze années professionnelles et presque autant passées avec un ballon en main, Alizée Frécon-Demouge mettra un terme à sa carrière à l’issue de la saison 2025-2026. Une décision mûrie, prise après avoir longuement écouté son corps. La demi-centre se confie, déterminée à terminer en beauté avec son club de toujours.

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Alizée Frécon-Demouge

C’est un chapitre important – pour ne pas dire essentiel – de l’histoire de l’Entente sportive bisontine féminine (ESBF) qui se referme avec l’annonce d’Alizée Frécon-Demouge.

Après quinze années de carrière professionnelle et vingt-sept au sein du club fondé par ses grands-parents, la demi-centre a décidé « d’écouter son corps » et de tourner la page. La dynastie Demouge prend fin.

« C’est une parenthèse, mais peut-être que des enfants de mon entourage viendront perpétuer l’histoire plus tard ! », sourit l’intéressée. « J’appréhendais un peu de le dire, par rapport à l’histoire de notre famille, à notre lien avec le club.

Mes proches ont très bien pris cette décision ; émotionnellement, c’était fort. Ils m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi après toutes ces années. J’ai donné tout ce que j’avais à donner. »

Un choix mûrement réfléchi pour la joueuse, qui aura 32 ans l’été prochain, et qui intervient également après la proposition de prolongation formulée par le club en octobre dernier.

« Si je n’avais pas eu tous ces petits soucis physiques, je serais sûrement repartie pour une année. Les douleurs du quotidien sont de plus en plus difficiles à supporter. La rééducation, les absences du groupe pour me soigner… ce sont des moments compliqués.

Aujourd’hui, la balance bénéfices/risques n’est plus à l’équilibre par rapport à l’investissement physique et mental nécessaire pour revenir au top à chaque fois.

Je me suis parfois mise en danger en forçant sur mon corps lors de matchs à gros enjeux. On le paye un jour, et je crois que j’ai assez donné », confie Alizée Frécon-Demouge.

Avec l’ESBF, Alizée Frécon-Demouge a connu le titre de championne de France de D2 en 2014/2015, devenant l’un des symboles du renouveau de l’ESBF.

S’arrêter avant de se blesser trop gravement

La rupture de son tendon long fibulaire et la crainte d’une opération l’été dernier ont été un choc, comme une première prise de conscience. « Ce n’est pas une blessure anodine. Je sais que j’en ressortirai avec des séquelles à gérer au quotidien », poursuit la vice-capitaine.

Pas question pour autant de « subir » une fin de carrière ou de se voir contrainte d’arrêter prématurément. « Quand on a la vingtaine, on récupère plus vite, on s’occupe moins des petits pépins ou on ne s’en rend pas compte.

Aujourd’hui, j’ai des douleurs chroniques liées à la rupture de mon tendon et une instabilité au niveau du bassin et du dos. Ce sont des choses qui peuvent entraîner de l’arthrose, et je travaille tous les jours pour bien terminer l’année.

Quand il y a plus de jours où ça ne va pas que de bonnes journées, on commence à se poser des questions. Malgré cela, je suis en paix avec cette décision : il faut savoir tourner la page, cela fait aussi partie du chemin. J’ai donné le maximum en quinze années de carrière professionnelle ; aujourd’hui, j’ai l’esprit tranquille. »

Louise Cusset, Pauline Robert, Clarisse Mairot et Alizée Frécon – Demouge. Parmi les quatre joueuses professionnelles formées et passées par l’ESBF ces dernières saisons, il ne restera que Pauline Robert (n°23), la saison prochaine. Photo ESBF

La suite loin des terrains de handball ?

Si la joueuse a déjà préparé son avenir en parallèle de sa carrière – notamment en obtenant un Executive Master Management Général –, elle compte bien terminer la saison en beauté avec l’ESBF, avec l’espoir d’atteindre l’Europe.

« À chaque entraînement, chaque match, chaque moment de vie au club, je vais me dire : “Savoure, savoure ! Ce sont les derniers.” Beaucoup de sportifs expliquent qu’ils ont du mal à retrouver les mêmes émotions après », confie Alizée Frécon-Demouge, qui ne se voit pas, pour l’instant, revenir sur les terrains une fois la saison terminée. « Il ne faut jamais dire jamais, mais la vie de coach ou autre demande le même mode de vie qu’une joueuse, et je recherche quelque chose de différent ».

M.S