À Besançon, le quartier Saint Jacques – Arsenal repart à zéro !

"J’ai devant moi une feuille blanche". Anne Vignot la Maire de Besançon était entourée d’Emmanuel Luigi Directeur général par intérim du CHU et Denis Leroux Président de Territoire 25 pour annoncer la cession par le CHU des 6 hectares de l’ancien hôpital Saint Jacques.

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Denis Leroux Président de Territoire 25, Emmanuel Luigi Directeur général par intérim du CHU, Anne Vignot Maire de Besançon et Aurélien Laroppe Adjoint à l'urbanisme lors de l'annonce de la cession du site Saint Jacques le 15 novembre 2022 ©YQ
Fin du litige avec Vinci

Il aura fallu un an de tractations entre le CHU, la Mairie de Besançon et Territoire 25 pour mettre un terme à l’imbroglio juridique qui avait suivi le retrait de Vinci-Adim du projet initial. Il ne reste plus qu’à entériner la décision lors du conseil municipal du 8 décembre. Une formalité, mais qui permettra à l’opposition de s’inquiéter du nouveau projet.

Ludovic Fagaut est en effet vent debout face à une transaction dont il a pris connaissance…dans la presse locale. « Un projet d’urbanisme de cette ampleur qui engage l’avenir de la Ville bien au-delà du mandat actuel devrait faire l’objet d’un large consensus de l’ensemble des élus de Besançon ».

« J’ai devant moi une feuille blanche et nous ne nous interdisons rien à ce stade » a toutefois précisé Anne Vignot. Cela devrait rassurer le chef de file de l’opposition bisontine.

Le choix intelligent d’un montage financier public

L’enveloppe de la transaction avec le CHU reste au même niveau : 14 millions d’euros pour l’achat du foncier bâti et non bâti sur les quelques 6 hectares du site. Au terme des travaux de construction et de réhabilitations, le budget sera probablement proche de 60 ou 70 millions d’euros.

En s’adossant à Territoire 25, société locale d’économie mixte spécialisée dans l’aménagement de locaux commerciaux, de bureaux  et de logements sur l’ensemble du département du Doubs, la Ville de Besançon construit un programme solide et pérenne. L’établissement public, dirigé par Denis Leroux (vice-président du conseil départemental du Doubs), appartient à la Ville de Besançon, Grand Besançon Métropole, au conseil départemental du Doubs, Grand Pontarlier et Pays de Montbéliard Agglomération. Il faudra que tout ce petit monde s’accorde sur un projet qui devra faire rayonner toute la région au-delà des divergences politiques.

Premiers coups de pioche en 2023

Une bonne nouvelle pour tous les bisontins et les visiteurs de la capitale comtoise. La déconstruction de la maternité « la Mère et l’Enfant », un chancre sur les bords du Doubs, est prévue dès 2023. Le bâtiment construit en 1973, a accueilli des générations de bébés jusqu’en 2012. Depuis cette date, il a hébergé des SDF puis laissé à l’abandon.

L’année 2024 verra le démarrage des travaux de la Grande Bibliothèque (BUBA) et le début de certaines transformations en logements.

Emmanuel Luigi a bien confirmé que l’ensemble des services encore en activité sur le site de Saint Jacques (Psychiatrie, médecine légale et quelques laboratoires) auront déménagé à Jean Minjoz au plus tard en 2026.

De 8 à 15 ans de constructions et de réhabilitations

Que l’on soit optimiste ou pessimiste, ce n’est pas demain que le site Saint Jacques constituera une entrée de ville exceptionnelle entre ce qui a été l’un des premiers hôpitaux de France au XVIIe siècle et la promenade Chamars aux arbres multiséculaires. Il représente 6% de la surface de toute la Boucle bisontine : un projet d’une ampleur rare dans un cœur de ville.

Une enveloppe très conséquente pour quel projet !

Ludovic Fagaut s’étonne « Lors du dernier conseil municipal, la Maire parlait d’un retard dans l’agrandissement du gymnase Diderot, compte tenu de la situation budgétaire et nous apprenons qu’elle est prête à s’engager sur un budget de 60 millions pour Saint Jacques…quelle logique ! »

Fidèle à ses promesses de campagne, Anne Vignot souhaite « co-construire » le projet avec tous les habitants. Si sa feuille est blanche, elle a déjà indiqué un cadre plutôt défini « Nous devrons accueillir des familles avec une offre de logements sociaux plus importante pour redynamiser le centre-ville ». La Maire évoque des lieux d’accueil pour les associations dont celles hébergées…à l’Arsenal.

A ce stade où « elle ne s’interdit rien », on ne parle plus de « la Cité des Sciences et de l’Innovation » chère à Jean-Louis Fousseret, ni à l’arrivée de start-ups en lien en lien avec l’expertise bisontine.

De son côté Ludovic Fagaut évoque l’implantation à Saint Jacques du CLA et de l’école du numérique. Il souhaite également que « Besançon se dote d’une véritable salle polyvalente à l’acoustique parfaite pour assoir durablement l’orchestre Victor Hugo à Besançon, offrir un lieu moderne de colloques, conférences et congrès avec une capacité de restauration et d’hôtellerie de très bon niveau sur le site de Saint Jacques ».

Alexandra Cordier, l’ancienne candidate malheureuse aux municipales qui fut une proche collaboratrice de Jean-Louis Fousseret sort de son silence « Dire que l’on part d’une feuille blanche quand des millions ont déjà été investis dans les études pour valider la cité des sciences et de l’innovation…c’est perdre du temps et de l’argent ».

Un patrimoine classé exceptionnel

« Le bâtiment et la cour de l’hôpital, l’apothicairerie et la Chapelle du Refuge sont des biens classés qui doivent rester la propriété de la Ville de Besançon » a rappelé la Maire. Quant au musée de l’anesthésie, Anne Vignot semble…anesthésiée ! Hebdo 25 reviendra prochainement sur ce patrimoine particulièrement rare qui doit être préservé.

En conclusion, il faut souhaiter que Saint Jacques, dont la statue trône dans la cour d’honneur de l’hôpital, indique le Chemin d’un avenir partagé pour Besançon.

Yves Quemeneur