« Elles ont le droit de dire non »

Comme chaque année, le 25 novembre était la journée internationale contre les violences faites aux femmes. L’occasion pour les associations et la délégation départementale aux droits des femmes et à l’égalité (DDDFE) de faire le point sur l’avancée d’un sujet qui fut « la grande cause du quinquennat » en 2017.

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Mélanie Geoffroy Déléguée départementale aux droits des femmes, Eva Bronnenkant Présidente de Solidarité Femmes 25, Catherine Comte-Deleuze Présidente du réseau Soroptimist et Catherine Philippe du Centre d'information des droits des femmes et des familles ©YQ
Déjà 4 féminicides en Franche-Comté en 2022

Depuis le 1er janvier en France, 110 femmes sont mortes assassinées sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint contre 101 en 2021. C’est souvent la conclusion dramatique d’une rupture « inacceptable pour le conjoint violent ».

« Il faut tordre le cou à tous les stéréotypes » insiste Catherine Philippe du CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles). « L’égalité Femmes/Hommes n’est pas encore dans les normes, y compris chez les jeunes enfants ».

Objectif 2022, des actions en direction des jeunes

Autour de la journée du 25 novembre, plusieurs événements impliquent des établissements scolaires. Mélanie Goeffroy, Déléguée départementale aux droits des femmes souligne que l’Education Nationale, au travers de l’Inspecteur d’Académie, est particulièrement concernée.

En partenariat avec le CIDFF, le lycée Jules Haag de Besançon a organisé une journée de prévention à destination des lycéennes et des lycéens. Prévenir la violence, c’est avant tout intervenir sur les causes ! Des échanges ont également eu lieu avec des jeunes espagnols en parcours Erasmus. L’Espagne est en effet à la pointe en Europe dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Dans la péninsule ibérique, « cette cause est l’affaire de toute la société ». Le lycée Edgar Faure à Morteau et la Faculté de Droit de Besançon se sont également mobilisés.

Faire connaître le dispositif « Où est Angela »

Le 25 novembre est aussi l’occasion de mieux faire connaître un dispositif né en Grande-Bretagne qui permet à une personne harcelée, suivie ou agressée de se réfugier dans un commerce identifié comme sûr. La personne (femme, homme ou enfant) entre dans un magasin et prononce simplement « Où est Angela ». Le commerçant va la mettre en sécurité, la réconforter et lui apporter les premières réponses (téléphone pour appeler les secours, les numéros d’urgence ou la police).

A Besançon, une quarantaine de commerçants ont reçu une formation spécifique pour cet accueil sécurisé. Les magasins sont identifiés avec un logo « Demandez Angela ». La capitale comtoise ne déroge pas à la règle des incivilités et des agressions à l’égard des femmes. Elles sont nombreuses à être victimes de propos « un peu lourds » qui sont l’antichambre des violences physiques et psychologiques.  La municipalité souhaite que « Demandez Angela » soit opérationnel dans tous les quartiers et que les habitants puissent partout se réfugier en sécurité.

Eva Bronnekant, Présidente de « Solidarités Femmes 25 », a rappelé que la prévention ne doit pas se limiter à une journée dans l’année. C’est une cause de tous les instants qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs. Tous les dysfonctionnements doivent être pris en compte pour améliorer une situation intolérable dans un monde civilisé.

« On manque de moyens » répètent inlassablement les associations qui en appellent à l’Etat. « Si nous voulons appliquer les recommandations gouvernementales, il nous faut plus de moyens financiers et humains pour assumer nos missions ». De ce côté, l’Etat fait plutôt la sourde oreille.

Les choses s’améliorent malgré tout

Il y avait 14 téléphones « grave danger » sur le territoire de Besançon en 2021. On en compte aujourd’hui 17. S’il y a encore des « trous dans la raquette », les commissariats et brigades de gendarmerie disposent de référents formés à l’accueil, l’écoute et la prise de plaintes de femmes violentées.

Côté Justice, les associations constatent une augmentation des ordonnances de protection et des bracelets anti-rapprochement. Elles notent toutefois que ces procédures sont difficiles à appliquer en zone urbaine quand le « bourreau » et sa victime vivent dans le même quartier.

3919 une ligne directe d’écoute et de conseil

Les femmes victimes de violences sont souvent sous l’emprise de leur conjoint qui laisse peu de libertés (en particulier le contrôle du téléphone). Il faut savoir que l’appel au 3919 est aussitôt effacé de la mémoire de l’appareil, une façon de convaincre les femmes à appeler ce numéro disponible 24h/24 et 7j/7…la violence conjugale n’a pas de weekends !

Yves Quemeneur

 

+ d’infos

Solidarité femmes accueille sur rendez-vous à Besançon, Baume-les-Dames, Valdahon, Pontarlier, Morteau et au CHU de Besançon. Un seul n° de téléphone 03 81 81 03 90

Centre d’info droits des femmes et des familles pour des permanences juridiques au 03 81 25 66 69.