Filière horlogère, une étude de plus ou une étude en mieux !

Le Préfet du Doubs, le Directeur du programme "Territoire d’industrie" du ministère de la cohésion des territoires et la responsable de l’étude au Cabinet EY, ont présenté le 9 décembre la méthode, le périmètre et les objectifs d’une étude "de terrain" sur la filière horlogère dans le département du Doubs.

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Jean-Baptiste Gueusquin Directeur du programme "Territoire d'industrie" à l'ANCT et Jean-François Colombet Préfet du Doubs lors du lancement de l'étude sur la filière horlogère dans le Doubs ©YQ
5 objets du quotidien

La montre est l’un de ces objets du quotidien dont le gouvernement souhaite promouvoir la relocalisation. On y trouve l’industrie du jouet, la fabrication textile et des chaussures et celle des vélos. Chacune des cinq filières va faire l’objet d’une étude rapide (4 mois) mais approfondie auprès de tous les acteurs : les entrepreneurs bien entendu, les organismes de formation et les élus et collectivités.

« L’horlogerie est un atout important pour le territoire du Doubs »

Jean-François Colombet a d’abord rappelé ces évidences. L’histoire du Doubs et de Besançon fait partie de l’ADN du territoire depuis l’arrivée du Suisse Laurent Mégevand à Besançon au XVIIIe siècle.  Si l’horlogerie ne représente que 0,3% de l’emploi local, elle génère plus de 300 millions d’euros de valeur ajoutée.

Les marques prestigieuses qui ont fait la réputation de Besançon n’existent plus. Pourtant, dans la filière horlogère du Doubs, 90% des entreprises sont souvent des co-traitants des grandes marques mondiales suisses.

Les compétences sont une ressource rare

Qu’il s’agisse du Lycée Edgar Faure de Morteau ou du Greta Haut-Doubs, les élèves viennent de toutes les régions françaises, assurés qu’ils trouveront un emploi bien rémunéré en Suisse. Le vieillissement de la population de l’autre côté de la frontière va accélérer le solde migratoire au détriment d’un savoir-faire exceptionnel du côté français. Le Haut-Doubs entre donc dans une phase décisive pour rebondir et construire une stratégie d’innovation.

Un tissu industriel diffus de petites entreprises

C’est probablement un atout pour le territoire du Doubs. Il permet le maintien de l’emploi local dans les zones rurales. C’est aussi une fragilité. Nombre d’entrepreneurs n’ont pas les capacités financières d’innover et d’investir. « De ce point de vue, les choses évoluent et on note un intérêt capitalistique pour la filière » souligne le Préfet du Doubs.

Au-delà, cette fonction de co-traitants des marques suisses, les privent de la mutualisation de leurs moyens de production ou de partages d’innovation. « Aucune entreprise ne peut et ne veut divulguer le nom de la marque suisse pour laquelle elle travaille » a noté Frédéric Barbier, un journaliste fin connaisseur du monde de l’horlogerie.

Territoire d’industrie, une action gouvernementale de terrain

Pour Jean-Baptiste Gueusquin, Directeur du programme « territoire d’industrie » à l’Agence Nationale de Cohésion des Territoires et Laure Sansonetti, consultante senior chez Ernst & Young, l’étude de quatre mois doit être un outil d’accélération de l’innovation pour les entreprises horlogères comtoises. Ce travail de diagnostic doit conduire à cibler des projets à court terme pour relancer la filière dans le territoire.

La mission a débuté ce 9 décembre par l’information de tous les acteurs économiques et les collectivités concernées (tout le Haut-Doubs horloger élargi au territoire de Grand Besançon Métropole). Un cadeau de l’Etat dans la hotte du Père Noël ?

Le Préfet l’a assuré « Nous vous donnons rendez-vous fin mars 2023 pour fournir les conclusions de l’étude ».

Il reste que de nombreux industriels, des deux côtés de la frontière, ont déjà tissé des liens étroits pour construire un écosystème transfrontalier gagnant/gagnant. Si l’étude confirme la pertinence de leurs actions, ce sera une bonne chose…Sinon ce sera  une étude de plus à classer dans les étagères poussiéreuses des administrations parisiennes.

Yves Quemeneur