L’inscription à l’Unesco menacée pour la Citadelle de Besançon ?

Les 12 sites du réseau Vauban, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO sont menacés de déclassement.

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Les éoliennes de Saint Vaast la Hougue annoncent-elles le crépuscule de la Citadelle de Besançon ?

En cause, le projet de deux parcs de 200 éoliennes au large de Saint-Vaast la Hougue dans le Cotentin. Les 12 sites de fortifications Vauban sont inscrits depuis 2008 pour leur ensemble au patrimoine mondial. Un site déclassé entraînerait de facto le déclassement des 11 autres sites.

« Plus hautes que nos églises »

Plus hautes que nos églises, s’insurge un collectif normand opposé à l’implantation d’éoliennes sur un site naturel exceptionnel et à proximité des deux tours tronconiques de 20 mètres de haut imaginées et construites en 1694 par le génial architecte de Louis XIV. Elles protègent, en croisant leurs feux, le mouillage des bateaux entre la rade de Saint Vaast et l’ile Tatihou, dans la presqu’île du Cotentin.

Stéphane Bern est monté au front récemment contre un projet de parcs éoliens « avec des machines hautes comme la Tour Eiffel » qui défigurerait un lieu naturel exceptionnel et porterait atteinte au patrimoine historique de Vauban. Dans un tweet publié le 20 janvier, l’animateur de télévision est en colère « Quelle folie. Barbara Pompili portera une lourde responsabilité devant l’Histoire… »

Les éoliennes seront-elles interdites aux abords d’un site Unesco ?

Le code de l’environnement prévoit déjà que, lors d’une demande d’autorisation porte sur un projet de parc éolien, le préfet saisit, pour avis conforme, l’architecte des bâtiments de France. Si le projet est susceptible de porter atteinte à la conservation ou la mise en valeur du site, d’un monument historique ou ses abords, l’architecte des bâtiments de France peut refuser la demande d’autorisation.

En 2011, l’Unesco avait refusé le projet de construction de trois éoliennes dans la baie du Mont Saint Michel, demandant à l’Etat de veiller à la protection du site en « mettant en œuvre un plan de gestion de la vue autour du Mont » éliminant de fait l’implantation d’éoliennes « visibles quand on regarde le site ou visibles depuis le site ».

Plus récemment, le Tribunal Administratif de Lille (12 décembre 2017) avait considéré que le classement Unesco ne faisait pas forcément obstacle à l’implantation d’éoliennes. Ce jugement a été confirmé par la Cour d’Appel Administrative de Douai en date du 17 septembre 2019. Dans le point 18 de ses considérants, la Cour précise que « cette inscription (à l’Unesco) n’a pas pour objet d’empêcher l’évolution de ce territoire historiquement à vocation industrielle ». Le Juge d’Appel reprend en creux l’argument de l’opérateur soulevé en première instance « la présence d’éoliennes à côté des terrils permettait d’illustrer la transition énergétique, sans remettre en cause l’intérêt historique des lieux ».

Dans le cas des tours tronconiques de Saint Vaast la Hougue, l’implantation d’un parc de 200 éoliennes remettrait en cause l’intérêt historique des lieux et contredirait l’argument de l’Unesco en ce que les éoliennes « ne soient pas visibles depuis le site ou visibles quand on regarde le site ».

Tout le réseau Vauban impacté

Le déclassement éventuel des deux tours tronconiques de Saint Vaast la Hougue pourrait sonner le glas de l’inscription de la Citadelle de Besançon au patrimoine mondial de l’Unesco. Comme à Briançon, Mont-Dauphin, Villefranche-de-Conflent, Montlouis, Blaye/Cussac, Saint Martin de Ré, Camaret-sur-mer, Saint Vaast la Hougue, Longwy, Arras et Neuf-Brisach, c’est tout le réseau des 12 sites majeurs Vauban qui est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Interrogée sur ce projet éolien, Anne Vignot la Maire de Besançon, confirme avoir alerté l’Etat au travers de la DRAC pour faire interdire le projet normand et protéger l’ensemble des sites du réseau Vauban.

Yves Quemeneur