Projet éolien Bel Coster retoqué : une première victoire pour le Haut-Doubs

Le Tribunal fédéral suisse a recalé le projet éolien Bel Coster, prévu sur le long du Suchet à la frontière franco-suisse. Opposés à ce projets, associations, élus et représentants de l’État français saluent cette première victoire. L’affaire n’est pour autant pas terminée.

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Le projet prévoit d'implanter 9 éoliennes face au Mont d'Or. Photo MS.

Chez nos voisins suisses, ce projet Bel Coster traîne depuis 2008. Un parc de 9 éoliennes d’une hauteur de 210 mètres, réparties sur trois communes, L’Abergement, Ballaigues et Lignerolles et capables de produire entre 65 et 80 gigawatts heures par an, soit la consommation de 22 000 ménages. Le projet ne fera pourtant jamais l’unanimité. Si plusieurs associations suisses contestent rapidement son implantation, se joignent à elles dès 2017 des communes françaises, élus et associations. Mises au courant de cette opération à venir dans le cadre de la convention d’Espoo, la partie française y voit rapidement de nombreux problèmes : « l’impact paysager bien sûr, avec neuf éoliennes géantes face à nous mais aussi à quelques centaines de mètres des habitants d’Entre-les-Fourgs qui eux, connaîtraient une dépression immobilière énorme. », note Fabien Renard, jougnard et membre de l’association Vivre au pied du Mont d’Or, très active contre ce projet. « Mais c’est surtout un impact immense sur la biodiversité et la source d’eau qui alimente 80% de la commune. On parle de taper dans une cinquantaine d’hectares de forêt et couler des blocs de béton à dix mètres de profondeur. Les animaux, les oiseaux et les souterrains sont directement touchés ».

Un projet d’abord validé malgré des manquements

Une source des Bonnes Eaux dont la très bonne qualité d’eau fut confirmée par une étude publiée un mois après la décision du tribunal cantonal de Vaud d’approuver le projet éolien. « Ils n’ont pas attendu le résultat de cette étude pour se prononcer sur notre recours. Pourtant, des hydrogéologues et spéléologues des deux pays sont d’accord sur l’aberration d’un tel chantier. », poursuit Fabien Renard. Dans sa décision le Tribunal cantonal confirme que les études autour de l’implantation de ces éoliennes sont lacunaires mais que les avantages restent supérieurs et que d’autres analyses doivent être menées au cours de l’étape suivante, du permis de construire. « Ça n’avait aucun sens et nous savions que le Tribunal fédéral aurait très peu d’éléments pour confirmer cette décision », poursuit Fabien Renard.

Préservation de l’eau et protection des oiseaux

Un recours finalement accepté le 14 février par l’autorité judiciaire suprême de la Confédération suisse. Dans son communiqué de presse, le Tribunal fédéral juge que la décision au niveau cantonal n’est pas basée sur une vue d’ensemble : « des investigations complémentaires concernant l’impact que le projet pourrait avoir sur plusieurs espèces d’oiseaux et sur la protection des eaux doivent être effectuées au stade du plan d’affectation déjà̀ et non au stade du permis de construire. » La protection de quatre espèces, la bécasse des bois, le milan royal, l’aigle royal et le grand duc doit être assurée. Comme d’autres acteurs de ce recours, l’association Vivre au Pied du Mont d’Or s’est rapidement félicitée de cette première victoire d’une bataille qui s’annonce longue.

Dans le même temps, Alpiq, promoteur en charge du dossier a précisé : « sachant que ces études seraient à réaliser, Alpiq les a déjà initiées et elles sont en cours de finalisation. Il s’agit maintenant de définir, avec toutes les parties prenantes, la manière de poursuivre la procédure. »

Le dossier Bel Coster pourrait donc bien repartir à zéro. Car si la possibilité de réduire le nombre d’éoliennes est de plus en plus pressante pour répondre aux enjeux désormais imposés par le Tribunal fédéral, un tel choix pourrait remettre en question la production d’énergie et donc l’intérêt de tout le projet. Si la société Alpiq a déjà repoussé ses délais de mise en fonctionnement du projet (initialement prévue pour 2027), la suite de l’opération devrait être connue dans les prochains mois.

M.S