Démonstration de force des agriculteurs à Étalans

"Vous en avez plein le ventre, nous en avons plein les bottes". Cette phrase sur le capot d’un tracteur stationné à Étalans, résume bien le ras le bol du monde paysan et particulièrement en Franche-Comté. Ils étaient 600, lundi 29 janvier 2024 à se rassembler sur le rond-point de la RN57.

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Rémi Bastille, le nouveau préfet du Doubs, était au contact des agriculteurs à Etalans le 29 janvier 2024, sur les terres d'Annie Genevard, la députée de la circonscription ©YQ
Rémi Bastille, un préfet sans période d’essai
Le Préfet, tout juste arrivé à Besançon, a reçu les cahiers de doléances du monde agricole franc-comtois. Il a du pain sur la planche ©YQ

Pour sa première journée dans le Doubs, le nouveau préfet a troqué le confort douillet de l’hôtel particulier de la rue Nodier pour le rond-point…animé…d’Etalans. Un exercice d’écoute attentive des revendications des agriculteurs. S’il a écouté, il n’a rien proposé ! D’ailleurs, pouvait-il proposer autre chose que ce que Gabriel Attal a annoncé sur le GNR ?

370 tracteurs et plus de 600 personnes
600 manifestants, près de 400 tracteurs à Etalans. Une journée ensoleillée mais des revendications bien tristes ©YQ

Les deux ronds-points d’Etalans sur la RN57 et la RD461 étaient submergés de tracteurs. Impossible de circuler ! Pour rejoindre Besançon ou en sortir, il fallait prendre le chemin des écoliers.

Près de 400 tracteurs bloquaient le principal rond-point entre Besançon et la Suisse ©YQ

La FDSEA et les JA du Doubs ont le sens de la responsabilité.  Responsabilité aussi du côté d’un service d’ordre ferme mais bon enfant. Aucun débordement mais seulement un cahier de doléances remis au représentant de l’Etat. Les paysans ont le sens de l’accueil, simplement celui du bon sens.

Autant de revendications qu’il y a de filières et de territoires

C’est probablement ce qu’il faut retenir des propos de tous les agriculteurs présents ce 29 janvier 2024. Le gouvernement français et la Commission Européenne voudraient faire entrer tout ce beau monde…qui nourrit la planète au quotidien…dans un seul formulaire « Je ne veux voir qu’un seul tracteur ».

Parmi toutes les attentes, deux exemplaires de l’absurdité administrative

*L’OFB (office français de la biodiversité), sorte de police de l’environnement, fait la guerre à l’entretien des haies. Pas moins de 14 réglementations différentes s’imposent aux agriculteurs depuis la hauteur des haies aux différentes essences abattables…ou pas ! Des textes aussi abscons qu’un délégué cantonal de la FDSEA conseille à ses adhérents de prendre des photos avant et après une modification de haies pour ne pas recevoir les foudres d’une administration qui, parfois, n’a vu de la terre que sur un balcon !

Les Jeunes Agriculteurs du Doubs étaient fortement mobilisés sur le rond-point d’Etalans le 29 janvier 2024 ©YQ

*La reprise des exploitations par de nouvelles générations d’agriculteurs. On pourrait croire que l’accompagnement de ces jeunes exploitants se fasse par les professionnels du secteur. Il faut savoir que la plupart de ces nouveaux paysans sont souvent diplômés Bac+3, voire Bac+5. Pourtant, c’est le Conseil Régional qui garde la main sur la formation, l’accompagnement et les aides financières à l’installation. Chaque nouvel exploitant va devoir remplir des formulaires à n’en plus finir avant de pouvoir planter un radis, traire une vache ou récolter du blé.

Le mouvement de grande ampleur du monde agricole répond à des exigences en matière de rentabilité des exploitations. Il répond aussi à l’exigence de faire comprendre à la population que la qualité de l’alimentation quotidienne passe par des agriculteurs, passionnés par leur métier et certainement les mieux garants de l’environnement de leur territoire.

Yves Quemeneur