Édito. Faites de la place aux dames !

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Le sport à la télévision est toujours une question d’audience. En 2021, l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) dressait un bilan pour le moins inégale. La part féminine des retransmissions sportives était de 4,8% contre 21 % pour le sport mixte et… 74,2% pour les hommes !

L’argument numéro un des chaînes françaises reste le gain lié au visionnage des compétitions : en clair, quand il s’agit de femmes, on regarde moins. Pour les plus misogynes, la performance serait beaucoup moins intéressante. Le problème reste l’élément de comparaison en lui-même. Est-il efficace de comparer le Tour de France masculin, créé par l’ancêtre de l’Équipe et d’A.S.O en 1903, avec le Tour de France féminin dont les différentes organisations depuis 1989 n’ont jamais eu les mêmes moyens économiques que leurs homologues masculins ? À l’inverse, dès ses débuts à la télévision ou presque, le biathlon était retransmis dans son intégralité. Les performances féminines sont-elles pour autant moins intéressantes aujourd’hui ? Non.

A.S.O a relancé le Tour de France féminin avec sa marque depuis 2021. Et spoiler : ça marche. Sur France Télévisions, la compétition a rassemblé 19,8 millions de téléspectateurs (seuil de 60 secondes de visionnage) selon Médiamétrie, en 2022. Deux fois moins que pour les hommes (41,5 millions), pour une compétition en 8 étapes contre 21 chez les garçons. Loin du duel inhumain entre Pogacar et Vingegaard, on s’attache à des cyclistes qui enchaînent attaque et contre-attaque. On vibre pour Juliette Labous, originaire de Montfaucon et l’une des favorites pour la victoire finale, comme on a vibré lors des envolées de son compagnon Clément Berthet, 25e du classement final du Tour à 1h50’ du maillot jaune.

Ce n’est pas une question de watts ou de vitesse, il s’agit là d’un plaisir par procuration du téléspectateur pour le sport. Les émotions ne sont pas uniquement liées à la performance, l’authenticité de Thibaut Pinot en témoigne. Les athlètes incarnent une passion, une autre forme de réussite aussi et le sport féminin a aussi son lot de frissons. Encore faut-il pouvoir le vivre et le regarder.

M.S