Élections Législatives 2024 : balle au centre gauche

Le résultat du second tour des élections législatives anticipées place la coalition du Nouveau Front Populaire en tête avec 193 députés élus. Le raz-de-marée annoncé du Rassemblement National n’a pas eu lieu et l’hémicycle se retrouve encore plus divisé. Comment gouverner dans ces conditions ?

2048
Crédit Assemblée nationale.

Des scènes liesse ou de tristesse dignes d’un match de l’Équipe de France de football ont lieu partout sur le territoire dès 20h ce dimanche 7 juillet, à l’annonce des résultats. Et pour cause, la surprise est totale ou presque. Explosion de joie à gauche d’abord, où de nombreux militants du Nouveau Front Populaire savourent un score bien loin des prédictions faites depuis des semaines par des « experts » et instituts de sondage.

Le Nouveau Front Populaire devant d’une courte tête

Avec 193 sièges obtenus, la coalition regroupant La France Insoumise, (LFI) le Parti Socialiste (PS), le Parti Communiste Français (PCF), Les Écologistes (EELV) et d’autres plus petits partis, devient le groupe parlementaire majoritaire au sein de l’hémicycle. Un retournement de situation synonyme de victoire pour les figures de ces différents mouvements. « Ce soir la justice sociale a gagné ! La justice environnementale a gagné et le peuple a gagné ! », se réjouit la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier.

Fort de son score aux européennes puis décrié pour avoir rallié le Nouveau Front Populaire, le Parti Socialiste ressort de cette alliance avec 65 députés élus, le double par rapport à 2022. La France Insoumise obtient 77 sièges, avec toutefois des frondeurs comme François Ruffin qui devraient quitter le mouvement pour un autre groupe à gauche. « La France a dit « non » à l’extrême droite. Ce nouveau Front Populaire a su incarner une espérance, imposer un front républicain ! », se félicite Olivier Faure, chef de file socialiste. Chez LFI, c’est encore et toujours Jean-Luc Mélenchon qui prend la parole en premier, demandant au Président de la République « d’appeler le Nouveau Front Populaire à gouverner ».

Le chiffre : 289

Emmanuel Macron, Edouard Philippe et d’autres figures du camp présidentiel ont appelé à « une union de gauche à droite, du Parti Socialiste au parti Les Républicains ayant refusé l’accord d’Éric Ciotti ». Hasard ou non, en additionnant les sièges du PS, MoDem, Renaissance, Horizons, Divers centre, LR et Divers droite, on obtient… 289 élus, soit le nombre minimal pour une majorité absolue.

La coalition présidentielle perd 82 sièges

Une consigne loin d’être suivie par Emmanuel Macron, grand perdant de la situation qu’il a lui-même créé. Lundi 8 juillet, le Premier ministre Gabriel Attal remet sa démission au chef de l’État, qui refuse, lui indiquant de rester à Matignon pour le moment, « le temps d’assurer la stabilité du pays ». Comment faire avec seulement 104 députés Renaissance – Ensemble ? Certes, la coalition présidentielle avec le MoDem, Horizons et d’autres députés centristes fait grimper ce chiffre à 165 élus. Cette alliance perd toutefois 85 sièges par rapport à 2022 et doit essentiellement sa survie aux retraits des candidats de gauche arrivés troisième et qualifiés pour le 2nd tour. Le nombre total de triangulaires est passé de 306 à 89 avec à l’intérieur 134 désistements en provenance du NFP. Élisabeth Borne ou Gérald Darmanin profitent de cette situation pour être réélus. Désormais, Gabriel Attal doit tracter, négocier avec les différentes formations politiques pour proposer un nouveau gouvernement capable d’éviter un blocage total de l’Assemblée nationale pendant les trois dernières années avant les élections de 2027, plus que jamais attendues de tous.

Au Rassemblement National, une progression au goût amer

Derrière les prises de paroles officielles, le sentiment de soulagement prime davantage chez les électeurs de gauche et du centre qui ne voulaient pas voir le Rassemblement National diriger l’hémicycle. Dans le camp de Jordan Bardella, les mines sont grises. Militants et chefs du parti souhaitaient la majorité absolue, l’extrême-droite compte moitié moins de députés (143). Ces 52 élus supplémentaires par rapport à 2022 permettent à Marine Le Pen de relativiser un résultat vécu par beaucoup comme une défaite. « J’ai trop d’expérience pour être déçue. Le groupe RN est le premier groupe de l’AN, le premier parti en nombre de voix (plus de 10 millions au total, 7 millions pour NFP et 6,5 pour Renaissance – Ensemble, ndlr). Ce barrage contre-nature a fonctionné, à eux maintenant d’expliquer comment le pays va tourner », commente la cheffe du groupe parlementaire. Ce dimanche 7 juillet, 154 candidats RN arrivés en tête une semaine plus tôt ont perdu. Sur ces circonscriptions, 152 triangulaires sont devenues des duels suite à un désistement d’un candidat NFP, Renaissance ou LR pour ce second tour et le report des voix qui va avec.

Éric Ciotti, une égoïste et inutile trahison

En s’alliant au Rassemblement National, Éric Ciotti, président du parti Les Républicains visait une grande « union des droites », qui n’a pas eu lieu. Les Républicains « anti-Ciotti » et les élus divers droite/UDI conservent le même nombre de sièges, 62. Mieux pour les LR, 45 candidats affrontaient un candidat RN ou un adversaire adoubé par Eric Ciotti. Parmi eux, 38 sont ressortis victorieux. Pour cette formation politique, l’heure est désormais aux règlements de comptes et à la création d’un nouveau parti. À l’Assemblée déjà, l’étiquette Les Républicains a changé pour clarifier deux semaines de flou : La Droite Républicaine. Éric Ciotti n’y est évidemment plus convié. Retrouvez le détail des résultats dans le Doubs en pages locales.

M.S