Besançon : au cœur du quartier Clairs-Soleils, la place des Lumières veut à nouveau briller

Après un très long programme de rénovation urbaine engagé sur vingt ans aux Clairs-Soleils, la place des Lumières a eu du mal à devenir ce point central de la vie du quartier. Après quelques malfaçons et échecs de développement, la Ville veut impulser un nouveau départ avec plusieurs aménagements.

1383
Photo MS

Parc de jeux, cabinet médical, cellules commerciales, crèche, parking complet tout au long de la journée ou presque. Vingt-cinq ans après le lancement du programme de rénovation urbaine (PRU, initié en 1999, début de la phase opérationnelle en 2005, ndlr), le quartier des Clairs-Soleil ferait presque oublier son ancien surnom, « Le Petit Chicago », référence à l’important trafic de drogue qui a gangréné la vie des habitants pendant des années. Tous les problèmes n’ont pas été résolus à coups de pelleteuses, quelques actions coups de poings des forces de l’ordre ont aussi aidé. Toujours est-il qu’aujourd’hui les perquisitions et violences se sont raréfiées.

L’arrivée du supermarché Evine Market en décembre 2023 répond à une forte demande, redonne de l’espoir, aussi. Un commerce de proximité avec une vingtaine d’emplois créés et occupés principalement par des habitants du secteur. Ça sent bon aux Clairs-Soleils et ce n’est pas uniquement dû à l’odeur des pâtisseries. « C’était une condition pour s’implanter et les gérants sont pros. Ce qui devait être une force avec cette place des Lumières était devenue un point noir. Pour les commerçants, il y a peut-être eu quelques erreurs de casting, mais nous devions prendre le problème à bras le corps. », souligne Hasni Alem, conseiller municipal en charge de la vie du quartier qui abrite près de 5000 habitants.

La médiathèque recentrée

L’élu voit ce projet comme une « fusée à trois étages ». Outre ce nouveau supermarché, le jardin des lumières en contrebas rassemble de nombreuses personnes et animations. Au sud de la place, la Ville de Besançon a racheté trois cellules n’ayant jamais été commercialisées depuis la fin du PRU achevé en 2015, et détenues par un privé. Coût de l’opération : 270 000 € à 290 000 €. Après une réhabilitation, deux d’entre-elles accueilleront la médiathèque Aimé César, juchée jusqu’ici à quelques dizaines de mètres plus haut. « En la recentralisant au cœur de la Place, cela devrait la rendre plus attractive et accentuer une mixité sociale entre les habitants de Bregille et des Clairs-Soleils », poursuit Hasni Alem. Une manière aussi de s’écarter des quelques seringues laissées sur le chemin par des toxicomanes, toujours présents. L’utilisation de la future ex-médiathèque reste encore inconnue quant au nouveau sité, la surface totale serait de 388m2.

Soutenir les familles monoparentales

À ce lieu, s’ajoute un projet de Maison de la parentalité sur un espace de 198m2. « Après enquête, on estime à plus de 35% le nombre de familles monoparentales. Il y a un manque d’accompagnement à ce niveau, de places aussi malgré la halte-garderie et la crèche déjà présentes à quelques pas. Un lieu pour accueillir des enfants, près d’une médiathèque, c’est une belle synergie. »Ce dernier étage de la fusée devrait être inauguré début 2026, avant un nouveau mandat et l’espoir de projets futurs.

« Si on a l’impression qu’il y a plus d’investissements sur Planoise que dans d’autres quartiers prioritaires, c’est parce qu’il y a une plus forte présence de l’État. Les Forces d’Actions Républicaines (FAR) par exemple, j’aurais aimé qu’elles soient présentes aussi ici », confie Hasni Alem. La question des mobilités pour améliorer les déplacements des habitants est un point sensible. « Certaines femmes refusent des emplois, faute d’avoir des transports efficaces. Ce qui a été fait aux Clairs-Soleils depuis vingt ans reste très positif quand on compare avec le quartier des Orchamps, où le sentiment d’abandon et de déclassement est immense », poursuit l’élu également en charge de ce secteur. Des discussions sont en cours avec l’État mais, en témoigne ce PRU de Clairs-Soleils, rénover un quartier prend des dizaines d’années.

M.S