Daphné Amouroux alias Scarlett Flamenkich

Derrière son nez rouge et son maquillage se cache une vraie professionnelle. Être clown c’est évidemment un plaisir mais aussi un sacré défi quand il s’agit de donner quelques minutes de bonheur à des personnes en souffrance.

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Si on apporte même juste un peu de bonheur, un sourire, c’est déjà du mieux-être. On sait en effet parfaitement aujourd’hui que le rire entraine des changements positifs sur le rythme cardiaque par exemple mais aussi au niveau hormonal.

Quel est votre rôle ?

Aïeouille, Boulette, Carbone, Grambuto, Kougloff, Scarlett Flamenkich, Pecky… nous sommes une petite dizaine à intervenir au Centre Hospitalier Universitaire à Besançon, jusqu’à présent à la demande de l’association Le Liseron qui vient en aide aux enfants atteints de cancer dans le service Hématologie-Oncologie-Pédiatrique. Mais nous allons aussi à la rencontre de personnes âgées en Ehpad comme à Montagney ou au centre de soins et d’hébergement d’Avanne-Aveney. Et enfin, bientôt, nous serons accueillis à la MAS de Frasnois auprès d’adultes handicapés.

Comment vous adaptez-vous en fonction du public ?

En ce qui concerne l’humour physique des clowns, c’est-à-dire la façon de trébucher ou chuter, il est le même pour tous. Par contre, selon l’âge des personnes que nous avons en face de nous, le répertoire des chansons n’est pas le même. Et puis il y a ce que l’on appelle les impromptus clownesques… un ensemble d’éléments qui nous font modifier notre jeu. Qu’il s’agisse de l’état de la personne, du lieu, qui peut être une chambre, une salle ou un couloir… Nous essayons aussi de nous attacher à notre environnement direct en utilisant un objet présent autour de nous. Le but est toujours le même : emporter avec nous les gens dans notre jeu décalé.

Qu’apportent concrètement vos interventions ?

Prenez l’exemple d’un enfant, il est essentiel qu’il garde l’insouciance de son âge. En le faisant rire, nous espérons l’aider à passer au mieux le cap de l’hospitalisation et trouver en lui les ressources pour vaincre la maladie. Si on apporte même juste un peu de bonheur, un sourire, c’est déjà du mieux-être. On sait en effet parfaitement aujourd’hui que le rire entraine des changements positifs sur le rythme cardiaque par exemple mais aussi au niveau hormonal. Même pour les malades d’Alzheimer qui peuvent très vite oublier notre passage, la parenthèse qu’on propose est importante. Et pour tous, après notre prestation, le souvenir reste et alimente les échanges avec l’entourage en entretenant la bonne humeur qu’on a essayé d’insuffler.

Et pour vous, sous le déguisement, ce n’est pas anodin ?

C’est un vrai choix personnel. On peut être un très bon clown mais ne pas être à l’aise en milieu hospitalier par exemple. Le public que nous allons rencontrer n’a fait aucune démarche pour venir nous voir. C’est nous qui allons à lui et qui pouvons apparaître comme intrusifs dans leur quotidien. Il faut donc d’abord beaucoup d’humilité pour accepter parfois de ne pas être les bienvenus. Psychologiquement, il faut être fort et équilibré. Nous sommes face à des personnes de tout âge en souffrance. Après nos prestations, nous avons donc pour habitude de débriefer entre nous, de parler de nos ressentis respectifs. Un suivi psychologique a même été mis en place pour nous permettre de ne pas garder en nous toutes nos émotions. Face à l’impact que cela peut avoir sur nous, il est nécessaire de mettre en place cette protection.

Vos prestations vont évoluer. Expliquez-nous ?

A partir du mois de mai, pour nos prestations à l’hôpital de Besançon, elles se dérouleront en effet sous la houlette de l’association nationale Rire Médecin qui nous a en quelque sorte adoptés. C’est pour nous une belle reconnaissance du travail déjà accompli et une évolution vers encore plus de professionnalisme. Les enfants hospitalisés vont eux aussi bénéficier de cette nouveauté puisque nous interviendrons désormais non plus une mais deux fois par semaine !