Edito. Quitte ou double

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Assis dans son box, impassible ou presque depuis l’ouverture de son procès, Nicolas Zepeda n’a que faire du résultat du premier tour des élections présidentielles en France. Son destin se joue au tribunal de Besançon où une bulle temporelle s’est installée depuis le 29 mars. Le chilien de 31 ans est accusé d’avoir assassiné son ex-petite amie, l’étudiante japonaise Narumi Kurosaki, sur le campus de la Cité U. Lui se dit innocent.

Durant deux semaines d’audience, Nicolas Zepeda a flanché quelques fois. Des larmes en répétant qu’il n’a pas tué Narumi. Tout ou presque pourtant, l’accuse. Il y a eu une rupture amoureuse très difficile au moment où la japonaise débarque en France, une vidéo où le chilien menace Narumi de remplir « des conditions » pour continuer à être en couple. Il est arrive à Besançon le 1er décembre 2016 alors que rien, hormis la présence de son ex-copine dont il fut fou amoureux ne le justifie. Il tourne autour de sa chambre du Crous, revoit finalement Narumi le 4 décembre 2016, passe une belle soirée avec elle… avant sa disparition. Nicolas Zepeda, lui qui n’avait auparavant jamais mis un pied dans notre région, est allé deux fois dans un recoin de la forêt de Chaux, près de Dole, la nuit. Une fois avant cette disparition et une autre, à 4h du matin le 6 décembre où il dit avoir « quitté Narumi en attendant un message ».

Pour toutes ces questions et il y en a bien d’autres, les réponses de l’accusé sont déconcertantes. « Quand on pose une question à Mr.Zepeda, une fois sa réponse, on a oublié notre question », résume l’avocat général Me Étienne Manteaux. L’enquête laisse quelques failles sur lesquelles l’avocate de la défense, Me Jacqueline Laffont s’empresse de rebondir, cherchant à casser le dossier. Un duel auquel les avocats des parties civiles, Me Sylvie Galley et Me Randall Schwerdorffer se prêtent quelques fois, mais l’objectif est ailleurs. Eux ont entamé un travail au corps de l’accusé espérant le moindre faux pas dans ses réponses.

Les éléments et témoignages accablants s’enchaînent jour après jour et viennent percuter de plein fouet Nicolas Zepeda et ses parents venus du Chili. Leur réaction au fil des interrogatoires, laisse penser qu’ils découvrent une autre personne que leur fils. L’accusé reste debout malgré ses réponses bancales. Le regard destructeur de Taeko Kurosaki, la mère de Narumi, n’y change rien.

Nicolas Zepeda risque la réclusion criminelle à perpétuité. Ses avocates devraient plaider la relaxe. Le jugement sera connu ce mardi 12 avril à 9h30. Quitte ou double.

Martin SAUSSARD