Doubs. Affaire Péchier : Une « avancée majeure », après la contre-expertise médicale

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Le procureur Étienne Manteaux a détaillé les premiers éléments de l'enquête. Photo MS.

C’est une nouvelle étape importante franchie dans « l’affaire Péchier ». Vendredi 31 mars, le procureur de la République à Besançon, a dévoilé tous les détails de la contre-expertise médicale des 32 empoisonnements de supposés de patients. L’anesthésiste-réanimateur bisontin est aujourd’hui mis en examen pour 30 d’entre eux et placé comme témoin assisté pour les deux derniers cas.

Plus d’une heure de conférence de presse au cours de laquelle Étienne Manteaux a d’abord rappelé la manière de procéder des deux médecins de Bordeaux, chargés d’étudier toutes les données de l’affaire. Le procureur a ensuite décrypté un à un les 32 cas, avec des conclusions parfois édifiantes.

Lidocaïne, Xylocaïne et Potassium

Le premier événement indésirable grave (EIG) remonte à 2008, trois ans après l’arrivée du Dr.Péchier à la Clinique Saint-Vincent. Un homme de 53 ans, hospitalisé pour une néphrectomie, qui après l’induction du produit anesthésique à 7h40 est victime d’un arrêt cardiaque. Il décèdera à 8h15. Suite à son autopsie, le toxicologue retrouve un surdosage de lidocaïne, anesthésique local, à dose mortelle dans le sang du patient. L’anesthésiste intervenue auprès du patient, a indiqué que le Dr.Péchier était venu à la porte de son bloc pour lui proposer une cigarette. Il lui aurait alors soudainement expliqué que son patient était en arrêt cardiaque. Elle décrit aussi son confrère comme un homme « certain d’être le meilleur et se prendre pour Zorro ». Entendu sur cet EIG, le Dr.Péchier a jugé l’hypothèse du caractère criminel est « délirante ».

Pour ce cas, les experts sont parvenus à cette conclusion : « la prise en compte des données cliniques et paracliniques permettent de ne pas retenir l’origine allergique, ni l’embolie pulmonaire, ni une pathologie coronarienne. Le décès du patient est à mettre sur le compte d’une imprégnation létale en xylocaïne, qui a pu être complétée par une administration concomitante en potassium ».

Un seul cas d’empoisonnement selon le Dr.Péchier

Des dosages mortels en Lidocaïne et/ou Xylocaïne et potassium se retrouvent dans toutes les conclusions ou presque des deux contre-experts. Le dernier événement indésirable grave étudié par la justice, datant du 20 janvier 2017 est aussi le seul où le Dr.Péchier fut l’anesthésiste du patient. « C’est également le seul pour lequel l’anesthésiste mis en examen estime qu’il y a eu un empoisonnement », explique le procureur de la République. « Pour les autres cas, quand il a accepté de répondre au juge, il évoque des erreurs médicales commises par ses confrères ou par des infirmières. »

Ce dernier EIG, c’est celui d’un homme de 70 ans, hospitalisé à la clinique Saint-Vincent pour une prostatectomie. L’induction intervient à 7h41 et le patient entre tachycardie ventriculaire à 8h50. Le toxicologue retrouve dans une poche de paracétamol, une concentration toxique de mépivacaïne à un taux 9 fois supérieur à la dose thérapeutique. Cet anesthésique local n’avait pourtant pas été utilisé au cours de l’opération.

Suite à cet événement, le Dr.Péchier aurait confié à l’un de ses confrères : « Ça y est je m’en suis pris un ».  Une sorte « d’alibi » selon le procureur de la République.

Une date de procès à venir ?

Si les victimes et leurs familles espèrent obtenir une date de procès rapidement, Étienne Manteaux n’a pas fait de commentaires à ce sujet, les parties ayant eu 15 jours pour formuler des observations sur cette contre-expertise conséquente. Après six ans d’enquête et un dossier judiciaire de plus de 16 000 pages, l’issue de l’affaire Péchier est toujours suspendue à une question : est-ce une incroyable série d’accidents imputée à un médecin innocent ou l’histoire terrifiante du plus important tueur en série français ?

M.S