Atteff Bettira (au centre de la photo) et aujourd'hui l'entraîneur adjoint principal de Lyamine Bougherara (à gauche). (Photo DR/DR)

À quoi tient le destin d’une carrière ? Il y a près d’un an, Attef Bettira quittait précipitamment l’AS Ornans pour des raisons familiales. En larmes lors d’un dernier rassemblement avec ses joueurs, l’entraîneur annonçait son départ pour l’Algérie. Il avait alors fait le choix de la raison, la famille au détriment d’une carrière professionnelle qui jusqu’ici, avait fait d’Attef Bettira un entraîneur respecté et très apprécié dans le football régional. Signe de cette confiance, le président de l’AS Ornans, Laurent Chabod, avait laissé à son coach une liberté totale pour choisir son successeur, Nabil Bouhi.

Le CS Constantine, ex-club de Roger Lemerre

Pour Attef, tout a basculé depuis le mois de mars 2023, par un coup de téléphone. Celui d’un ami de longue date et ancien professionnel, Lyamine Bougherara. Gardien de but au début des années 2000, ex-international algérien, l’intéressé vient d’être nommé à la tête de l’équipe professionnelle du CS Constantine. Et recherche un entraîneur adjoint.

Au pays des Fennecs, on parle d’une institution : créé en 1898, le CS Constantine est l’une des plus anciennes équipes du pays. Deux fois champions d’Algérie, six fois champions de D2, le club a vu passer des dizaines d’internationaux et fut notamment coaché par Roger Lemerre au début des années 2010. Un sacré challenge et surtout un tremplin pour la carrière d’Attef Bettira. « J’organise toutes les séances d’entraînements dans un cadre professionnel avec une carte blanche, c’est assez incroyable », confie-t-il. « Lyamine est un ami et nous échangions déjà depuis un moment des idées, des schémas tactiques. Il m’a appelé dès sa nomination et j’ai accepté. Le coach gère son équipe, les matchs et les médias. De mon côté c’est vraiment l’aspect technicotactique tout au long de la semaine. »

Des débuts prometteurs

Depuis son arrivée, les résultats sont bons avec deux victoires et un nul. Le CS Constantine est deuxième et peut encore rêver du titre et surtout d’une place en Ligue des Champions Africaine. « J’ai signé un contrat d’un an et demi avec l’objectif d’être sur le podium à la fin de saison pour être reconduit. Il nous reste 8 matchs (Ndlr : 7 après la rencontre du 17 mai face à Saoura), à nous d’être performants. Le volume de travail est totalement différent d’Ornans et c’est normal, par exemple cette semaine j’ai fait 7 séances en quatre jours dont une uniquement sur de l’analyse vidéo. ». Des échanges en français ou en arabe pour l’entraîneur originaire de Souk-Ahras, ville située à 200 kilomètres à l’Est de Constantine.

Des milliers de supporters 

Une pression aussi pour Attef Bettira qui découvre les rencontres professionnelles poussées par 20 000 supporters à bloc derrière leur équipe. « Le football est encore plus important en Algérie, il y a des gens qui n’ont que ça ici, c’est une raison de vivre pour eux. J’ai la chance de reprendre ce que j’aime le plus au monde ici et apporter toute l‘excellence de la formation française, je m’en rends encore plus compte aujourd’hui. J’ai appris aux côtés de Sylvain Matrisciano, Yannick Renou, Didier Brasse ou encore Alexandre Pepe et j’essaye de transmettre mes connaissances. »

Une magnifique opportunité qui n’efface pour autant pas le blason de l’AS Ornans tissé dans son coeur. « Je suis les résultats chaque semaine et j’échange tout le temps avec Nabil, le président et des joueurs. La situation était délicate l’été dernier et pourtant leur saison est magnifique. Je veux le meilleur pour eux ! ». À 42 ans, Attef Bettira vit l’une de ses plus belles expériences professionnelles sur un banc de touche. En cas de Ligue des champions, elle pourrait même devenir un véritable tremplin pour l’avenir. Sans jamais oublier la famille : « ce sont des moments que l’on garde en mémoire à vie et que l’on pourra raconter plus tard à nos enfants. J’ai hâte de la suite ! »

M.S