Les entreprises de Bourgogne Franche-Comté résistent à l’inflation

La Banque de France de Franche-Comté tenait une conférence le 4 octobre sur la situation économique et financière des entreprises de la région. Une situation stable mais une érosion des marges qui obère les investissements.

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L'Hôtel de Valay, bâtiment du XVIIIème siècle rue de la Préfecture à Besançon, abrite le siège départemental de la Banque de France ©YQ
Une étude basée sur un large panel d’entreprises

Dans sa présentation, Jean-Luc Mesure le directeur de la Banque de France de Franche-Comté a souligné l’importance du nombre d’entreprises analysées.

L’étude porte sur plus de 9 200 entreprises (bilans arrêtés au 31.12.2022) répartis entre 3 555 dans le secteur du commerce,  1 431 dans la construction,  1 889 dans l’industrie, 1 127 dans les services aux entreprises et  1 231 dans les services aux particuliers.

On notera le faible poids des entreprises de 50 à 250 salariés qui ne représentent que 9% du total, contre 59% pour les PME de 20 à 50 salariés. Toutes tailles confondues, elles emploient 189 918 salariés.

Des chiffres d’affaires en croissance, impactés par l’inflation

Jean-Luc Mesure a constaté une croissance des chiffres d’affaires en 2022, après le fort rebond post-Covid. Toutefois, cette croissance intègre la hausse des prix due à l’inflation. La hausse moyenne s’établit à 8,6% avec de fortes variations. L’augmentation du chiffre d’affaires n’a été que de 5,6% dans la construction mais de 15% dans les services aux particuliers. L’industrie maintient un bon niveau à 10,7% après un rebond de 14,8% en 2021.

La hausse de l’activité a été particulièrement forte dans le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme : + 42,3%. La région Bourgogne Franche-Comté a profité à plein de ses atouts naturels et patrimoniaux.

51% des entreprises enregistrent une hausse de leur marge brute

« Cette augmentation ne bénéficie que faiblement de la hausse des revenus de l’activité »  souligne le Directeur de la Banque de France.

Si l’excédent brut d’Exploitation (EBE) augmente de 8,8% dans les services aux entreprises, il se rétracte de 1,3% dans l’industrie. Pourtant, l’industrie est le seul moteur d’une croissance pérenne (investissement et exportation), n’en déplaise aux chantres de la désindustrialisation et de la décroissance !

« Globalement,  le taux de marge se tasse mais reste néanmoins supérieur à l’avant crise sanitaire ».

La Valeur ajoutée est rognée par la hausse du prix des achats

58% des entreprises ont un taux de valeur ajoutée 2022 en retrait de celui de 2021. Elles sont 64% à enregistrer cette baisse dans l’industrie et 60% dans le bâtiment contre 44% dans les services aux particuliers.

Le poids de la masse salariale reste contenu

Tous secteurs confondus, les charges de personnel ont progressé de 6,3% pour des effectifs en augmentation de 2,4%. La progression n’est que de 3,4% dans la construction et de 4,9% dans l’industrie. C’est le secteur des services aux particuliers qui enregistre la plus forte progression des charges de personnel à 12,3% pour une augmentation moyenne des effectifs de 3,7%.

Des investissements qui ralentissent

Après une augmentation des investissements des entreprises de Bourgogne Franche-Comté de 19% en 2021, les investissements ne progressent que de 4,3% en 2022. Dans l’industrie, les investissements augmentent toutefois de 6,6% en 2022.

Les besoins de trésorerie augmentent mais la dette bancaire demeure stable

La hausse de l’activité génère des besoins accrus en trésorerie. « 54% des entreprises enregistrent une dégradation de leur flux de trésorerie lié à l’exploitation ». Tous les secteurs d’activité sont confrontés à cette dégradation. 58% des entreprises ont réduit leur endettement bancaire en 2022. La capacité des entreprises à honorer leur endettement bancaire reste stable.

Selon Jean-Luc Mesure « la situation financière des entreprises reste solide ». L’érosion des marges est liée à la hausse des coûts des achats mais le taux de marge brute demeure en progression. La Banque de France constate une stabilité de l’endettement bancaire.

Yves Quemeneur