Maître Galley à la sortie du tribunal a témoigné au nom de la famille de Narumi Kurosaki.

 C’est une peine similaire à celle prononcée en première instance. À celle-ci s’ajoutent 15 ans d’interdiction de port d’armes et une interdiction totale de séjourner en France. En complément, les dommages et intérêts s’élèvent à 220 000 € pour la famille Kurosaki. 60 000€ par parent, 50 000€ par sœur et 5000 € pour Arthur Del Piccolo, le petit-ami de Narumi au moment de sa disparition.

« Même condamnation, même analyse »

« Le même verdict avec une nouvelle cour, 12 jurés, trois de plus qu’en première instance et la même condamnation à l’arrivée. C’est la preuve que lorsqu’on est plongé dans le dossier, on a tous la même analyse. », commente Randall Schwerdorffer, l’avocat d’Arthur Del Piccolo, usé par des années d’affaires et deux procès très longs. « Le double mobile était très clair. Soit elle revient avec lui au Chili comme il a toujours voulu, soit elle ne vient pas, personne ne l’aura et elle meurt. » Cette théorie de la partie civile est aussi partagée par l’avocat général, Étienne Manteaux. Aussi solide soit-elle, appuyée par une enquête accablante à l’encontre du chilien, seul Nicolas Zepeda détient la vérité. Jamais depuis son extradition en 2020, le coupable n’aura expliqué comment s’est réellement déroulé cette nuit du 4 au 5 décembre 2016.

Un pourvoi en cassation…

Ce 21 décembre 2023 dans son box, la tête plongée vers le sol en apprenant sa condamnation, le chilien est resté impassible à l’annonce de cette nouvelle condamnation. En retard, ses parents apprennent la nouvelle par une traductrice. Avec leurs avocats, le « clan Zepeda » prépare déjà un pourvoi en cassation. « La rapidité avec laquelle la décision est annoncée montre l’impossibilité d’accepter le délibéré. J’espère simplement aujourd’hui que la famille Kurosaki pourra retrouver une sérénité au travers de cette décision judiciaire. », analyse l’avocat général Étienne Manteaux. Un troisième procès peut-il être envisagé ? La Cour de cassation ne juge pas les preuves mais la conformité juridique de la procédure et ne donne suite qu’à de très rares demandes.

…jusqu’à la CEDH

Il reste plusieurs semaines aux avocats et au coupable pour constituer un dossier. « […] Reconquérir Narumi premièrement ou la tuer si elle ne veut pas, me paraît complètement contradictoire avec la notion même de préméditation. […] C’est ensuite l’étude du procès-verbal des débats, des incidents qui vont être examinés. Il faut répondre aux questions Où ? Quand ? et Comment ? Les membres de l’accusation ont reconnu qu’ils ne savaient pas tellement. On ne peut pas condamner dans le doute et s’il faut aller jusque-là, nous aurons le recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. »

« Il repart avec une partie de l’âme de Narumi »

Côté japonais, ces trois nouvelles semaines de procès pour la même issue et l’absence de réponses, ont du mal à passer. « C’est difficile d’admettre qu’il repart en scellant sa vérité et son secret. La famille est convaincue qu’il repart avec une partie de l’âme de Narumi. […] Elles ont besoin de l’apaisement d’une décision qu’elles espèrent définitive. Personnellement c’est une vraie frustration et un sentiment d’échec de ne pas avoir pu aider plus la famille », confie Maître Galley. Au terme d’une affaire de sept ans, d’un procès en appel de trois semaines, cette vérité judiciaire prononcée porte toujours son lot de questions auxquelles seul Nicolas Zepeda pourra, un jour peut-être, répondre.

M.S