Jéremy Guyen est le nouveau coordinateur sportif, Claude Cuinet reste président et David Le Frapper devient entraîneur principal. Photo DR

L’été a été « studieux » au Racing, avec quels changements ? 

La pause sportive nous a permis d’élaborer et lancer un nouveau « projet Racing ». Une réorganisation de la structure pour porter le Racing Besançon au plus haut dans tous les domaines. C’est la raison pour laquelle David Le Frapper est devenu entraîneur principal du club et non uniquement de la A. Ce n’est pas un hasard si je lui fais pleinement confiance pour cette mission : il a coaché à tous les niveaux jusqu’au niveau professionnel. Une ligne directrice sportive commune à toutes les catégories va être mise en place pour optimiser la formation et se baser dessus pour construire l’avenir. À l’école de foot, l’épanouissement est le maître-mot. La camaraderie, les amis, le collectif. Quand on arrive en U11, les choses sérieuses commencent mais c’est à nous de former et protéger les gamins. La formation scolaire doit s’emboîter à la progression.

Un projet avec plusieurs axes donc… 

Le premier c’est l’école de foot et l’école de la vie. Nos éducateurs sont formés, nos joueurs semi-professionnels vont dans les quartiers initier les jeunes au football. Ensuite, c’est le « Racing Women », avec environ 100 licenciées de plus en trois ans. Nous avons un programme avec le foot pendant et après l’école. Le troisième axe concerne le sport adapté au handicap cognitif, nous allons encore organiser des événements tout au long de l’année avec nos partenaires de cette section. Enfin, il y a une attention particulière portée aux bénévoles. Nous avons besoin de les mettre au cœur du projet.

En N2, le Racing a débuté sa saison par une défaite et un match nul.

Plusieurs clubs du Grand Besançon aimeraient profiter à nouveau du rayonnement du Racing comme à l’époque Ligue 2…

Il faut pouvoir travailler ensemble avec un vrai partenariat. J’ai voulu repartir de cette manière il y a trois ans, avec des échanges de joueurs pour permettre aux plus prometteurs de se hisser au plus haut et à l’inverse que d’autres n’ayant pas les capacités suffisantes pour l’élite, puissent rebondir au niveau ligue. À Besançon, les clubs de quartiers sont en District ou ont disparu, mais les communes périphériques travaillent bien ! Cette année chez nous, c’est la première saison qu’on intègre 3 ou 4 joueurs de moins de 20 ans au groupe A.

Cette ambition n’est-elle pas freinée par les partenariats avec les clubs professionnels ? 

Nous avons rompu le partenariat avec le FCSM qui venait piocher chez nous sans aucun retour. Ce n’était pas ma vision, ils envoyaient des listes comme à tous les autres clubs. À l’époque, je n’ai jamais pu rencontrer leurs dirigeants.

C’était une autre direction. Qu’avez-vous pensé de l’été du FCSM et de la présence de Xavier Thévenot au CA (NDLR : Mr.Thevenot fut le premier président du Racing Besançon après le dépôt de bilan en 2012) 

Je regrette la descente en N1, ce club représente notre région. Un club ne meurt jamais sportivement, c’est toujours la mauvaise gestion financière ou politique qui tue, jamais la compétition, il y a toujours des braises et s’il y a des hommes pour souffler dessus, ça repart ! Je regrette aussi un peu la décision de Mr. Thévenot car nous l’avions sollicité pour prendre part à notre projet il y a quelques années. C’est quelqu’un qui peut énormément apporter. Avec l’engouement populaire autour du FCSM et l’appel au secours, l’envie de revenir était peut-être plus forte.

Claude Cuinet

Sur le plan sportif, la deuxième partie de saison 2022/2023 était quasi-parfaite pour l’équipe A, le départ de cette saison 23/24 est moyen avec beaucoup d’attente sur le retour des blessés. Quelle est votre ambition ?

La fin de saison était pour nous une référence. Il y a eu un temps d’apprentissage, c’est un atout cette année. On a eu beaucoup de détracteurs qui ont ri de notre situation au départ (le championnat avait débuté par trois défaites d’affilée), puis cet esprit club qui est ressorti m’a plu, on est le Racing Besançon ! Toutefois on ne va pas mentir aux gens et annoncer un objectif sans en avoir les moyens. Ça fait un peu Guy Roux de dire ça, mais on vise encore le maintien car il y a toujours cinq descentes dans un groupe de 14. On veut être et non paraître ! Au Racing on travaille et une fois que les résultats arrivent, on peut réfléchir à plus haut. On veut redevenir ce que Besançon mérite d’être et là, c’est clairement un appel politique. Un club comme le notre se situe entre la 10e place de Ligue 2 et la 10e place de National ! On a encore un cran à franchir, avec le temps.

« Un appel politique », c’est-à-dire ?

Le sport n’est pas rattaché au Grand Besançon et pour moi c’est une profonde erreur. Il n’y a pas assez d’infrastructures sportives et la place disponible n’existe qu’à l’extérieur de la ville ou presque. Je ne veux pas conduire ce club plus haut que la volonté des collectivités territoriales. Comme il n’y a aucun lien entre les différentes institutions sur cette question, c’est une de nos missions. Le sport est le meilleur moyen de communication pour une ville, pour un travail social et éducatif. Pourquoi à Besançon il n’y a plus de clubs de quartiers en Ligue ou simplement structuré ? Ce n’est pas la volonté qui manque c’est l’éclairage et la vision à moyen et long terme du sport.

En trois ans, près de 100 licenciées ont rejoint le club

Il y a des sports qui marchent plutôt bien ici avec le trail, le vélo…

On veut lier le sport et la nature, c’est très bien ! Quel est le sport qui compte le plus de licenciés à Besançon ? Plus largement, les sports collectifs produisent un tissu social hors pair, on ne le retrouve nulle part ailleurs. Sans les sports co’, je n’ose imaginer l’état d’esprit des jeunes dans quelques années. Aujourd’hui, nous jouons un rôle primordial, le Racing a une place à tenir au-delà du football. Nous avions rencontré Anne Vignot, la maire de Besançon le 14 mars 2023, suite à notre audit sur les infrastructures bisontines, ces manques, ces besoins et des solutions. Elle a apprécié notre travail et voulu engager une suite. On n’a jamais eu de retour depuis, pas même une réunion ! Aujourd’hui la classe politique préfère dire à tous « on n’a pas les moyens », plutôt que « on a fait un choix ». On a triplé notre budget en trois ans, nos subventions des collectivités représentent 15% quand dans d’autres clubs c’est plus de deux tiers. Ça m’interpelle. Si demain on devient un club professionnel, comment fait-on ? Tout est écrit dans notre audit. Je veux que le territoire s’implique avec nous !

Propos recueillis par M.S