Haut-Doubs. À Pontarlier, un ramadan sous l’égide de Philippe Grenier

Le mois du ramadan est l'occasion de rappeler l'importance de Philippe Grenier à Pontarlier à la fin du XIXe siècle. Médecin, il devient le premier député musulman de France lors des élections législatives partielles de 1896.

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Philippe Grenier, premier député musulman de France.

En cette période de ramadan, la mosquée de Pontarlier accueillant les fidèles chaque jour, détonne par son nom. Alors que les lieux de cultes musulmans portent majoritairement un nom arabe, la langue originelle de l’Islam, celui de Pontarlier est au nom de Philippe Grenier, une figure souvent oubliée ou méconnue du grand public. A son époque pourtant, ses actions ont marqué l’histoire et font de lui le premier député musulman de France.

Nous sommes seulement à la fin du XIXe siècle. Philippe Grenier décroche son diplôme de médecin généraliste à la faculté de Besançon en 1890. Il s’installe dans la capitale du Haut-Doubs et découvre la religion musulmane lors d’un voyage en Algérie, à l’époque où le territoire est encore une colonie française. Il étudie le Coran, se convertit à l’Islam et gagne une grande notoriété dans le Haut-Doubs en décidant de soigner gratuitement les personnes pauvres. En parallèle, il devient conseiller municipal.

Sa candidature aux élections législatives de 1896 est moquée par l’ensemble des journaux de l’époque. Pire, les journalistes parlent d’une fumisterie. Pourtant sa volonté de réduire l’impôt et de changer la Constitution pour plus d’égalité plaît dans un contexte où l’homme politique est (déjà) détesté. Philippe Grenier parvient à peine à organiser quelques réunions politiques et contre toute attente, le 20 décembre, remporte les élections législatives. Sa victoire résonne sur tout le territoire : il devient le premier député musulman de France.

Un mandat qui ne durera que deux années. Lors de son entrée à l’assemblée nationale, il multiplie les voyages en Algérie pour défendre le peuple. Son électorat pontissalien lui reprochera « d’oublier d’où il vient » et lui fera payer la proposition de loi sur la diminution du nombre des débits de boisson et la taxation des liqueurs. A l’époque Pontarlier est la capitale de l’absinthe. Il sera battu en mai 1898 et en 1902. Ce court passage à l’Assemblée nationale reste néanmoins dans l’histoire et très longtemps dans les mémoires locales. Un collège et la mosquée de Pontarlier portent aujourd’hui son nom.

M.S