La construction et la carrière des femmes au XXIe siècle

A l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes, la Préfecture du Doubs a invité le 7 mars deux femmes inspirantes. Un échange qui a démontré le chemin qui reste à parcourir dans l’égalité femmes / hommes.

732
Pauline Robert, Capitaine de l'ESBF Handball et Sarah Faivre, Maire de Quingey sont venues témoigner du chemin qui reste à parcourir dans l'égalité femmes/hommes. Un échange fructueux le 7 mars dans les salons de la Préfecture du Doubs ©YQ

Elle a été déclarée « Grande cause nationale du quinquennat » par le Président de la République. Enjeu sociétal, social et économique, il s’agit au-delà de la justice sociale, de performance économique dans les secteurs public et privé.

Deux profils différents pourtant confrontés aux mêmes stéréotypes

Pauline Robert est la capitaine de l’ESBF, l’équipe féminine de Handball de Besançon. La joueuse pivot de l’équipe première a prolongé son contrat jusqu’en 2024 à Besançon.

« Les sportives professionnelles de haut niveau restent confrontées à des écarts de salaires importants par rapport aux joueurs masculins ». Pauline Robert souligne que des efforts sont entrepris pour réduire cet écart, grâce en particulier au syndicat des joueuses professionnelles. « Les salaires sont inférieurs de moitié aux joueurs hommes de même niveau. C’est aussi lié à la moindre  médiatisation du sport de haut niveau féminin et donc moins de sponsors » souligne la joueuse de l’ESBF.

Comment concilier le sport de haut niveau et la maternité

Les sportives professionnelles sont également confrontées au choix de poursuivre leur carrière sportive ou de souhaiter fonder une famille. Il est difficile de retrouver un haut niveau sportif après une maternité. Là encore, Pauline Robert regrette que les instances sportives ne prennent pas suffisamment en compte l’évolution personnelle et professionnelle.

Le chemin semble encore long dans le monde du sport féminin. La ministre des sports Amélie Oudéa-Castera le confirme « L’actualité récente (le refus d’inscrire Clarisse Cremer au prochain Vendée Globe pour cause de maternité NDLR) a démontré que les règlements sportifs ne prennent pas encore assez en compte les enjeux liés à la maternité ». Il appartient également aux clubs d’en tenir compte en aménageant les séances d’entraînement par exemple.

La sphère politique est encore très masculine 

Sarah Faivre est maire de Quingey et 1ère vice-présidente de la communauté de communes Loue-Lison. Elle se souvient de ses premiers pas en tant que conseillère municipale en 2012 et surtout de son élection de première magistrate de la ville en 2017. La professeure de gestion n’a pas froid aux yeux. Calmement et sans excès, elle a su imposer une vision « féminine » dans un univers encore très masculin (20% des maires sont des femmes). Du procès « facile » d’incompétence au « temps trop long consacré aux enfants », Sarah Faivre a égrené toutes les difficultés de son parcours d’élue. Elle cite une anecdote : alors qu’elle insistait auprès d’un haut fonctionnaire pour obtenir son accord dans un dossier important pour sa commune, la réponse de son interlocuteur l’a laissée muette  « Bonjour Cocotte, on m’avait prévenu que vous étiez coriace… » Dans l’administration comme en politique, les femmes ont encore du chemin à parcourir pour faire mentir la prophétie de Françoise Giroud en 1983 « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente ». En l’espèce, l’incompétence était du côté masculin.

Cette conférence avait pour objet de donner un coup de projecteur sur la place qu’occupent les femmes, favoriser l’entrepreneuriat féminin, la mixité des filières professionnelles qui sont au cœur des politiques publiques en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Le témoignage de Pauline Robert et de Sarah Faivre doit rendre confiant dans un avenir où les femmes prendront toute leur place.

Yves Quemeneur