Congrès FDSEA : « Nous sommes fiers de vous nourrir »

C’est par ces mots qu’Emeline Balandret, la secrétaire générale de la FDSEA a clôturé le congrès de la FDSEA du Doubs, tenu à Ornans le 15 mars dernier.

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Arnaud Danjean Député européen et Luc Vernet Secrétaire général du Think Tank "Farm Europe", interrogés par Ludovic Barbarossa Rédacteur en Chef de la Terre de chez Nous ©YQ
Après une mobilisation sans précédent des agriculteurs du Doubs depuis le début de l’année, un salon de l’Agriculture « mouvementé » lors de la visite du Président de la République, Florent Dornier, exploitant agricole à Ville-du-pont et Président du syndicat départemental, avait invité deux pointures européennes pour tenter de comprendre, si c’est possible, les méandres de la PAC. Les agriculteurs présents sont restés sur leur faim : peu ou pas de réponses sur les accords commerciaux, sur les clauses miroir, sur la réglementation tatillonne européenne et les sur transpositions de l’Administration française, sur le pouvoir d’achat des agriculteurs qui ne vivent plus de leur métier… !
Emeline Balandret la secrétaire générale de la FDSEA 25, entourée de son équipe ©YQ

Simple… mais complexe

En résumé, c’est ce qui est ressorti de la table ronde animée par Ludovic Barbarossa rédacteur en chef de « La Terre de chez nous ». Il était entouré d’Arnaud Danjean, député européen du groupe PPE et de Luc Vernet, secrétaire général de « Farm Europe ». Beaucoup de politiques présents au Centre d’Activités et de Loisirs d’Ornans devant 200 professionnels : Rémi Bastille le préfet du Doubs, députés, sénateurs et élus locaux ne voulaient pas manquer le rendez-vous agricole post manifestations.

Pour les deux spécialistes du fonctionnement européen général et de la politique agricole commune en particulier, « l’Union européenne, c’est à la fois simple et complexe » commente Arnaud Danjean. Le natif de Louhans, passé par la DGSE et membre du Parlement européen depuis 15 ans (il ne se représente pas en juin prochain) a tenté d’expliquer les rouages de l’UE. En résumé, une Commission qui décide de tout, un Conseil des ministres ou des chefs d’Etat qui décide de rien (toute décision doit être prise à l’unanimité) et un Parlement qui entérine peu ou prou les décisions de la Commission !

De son côté Luc Vernet, secrétaire général du Think Tank « Farm Europe » compare la complexité de l’Union Européenne à nos propres communautés de communes. Lobbyiste de la ruralité européenne, Farm Europe agit pour faire des zones rurales de l’UE, des réservoirs d’opportunités. Tous les deux partagent le constat d’un parlement européen qui fonctionne « par compromis » avec des majorités différentes « texte par texte ». Les groupes politiques émanent des 705 députés de 27 nationalités différentes ayant des intérêts particuliers.

La PAC est passée d’une mission incitative à une fonction normative

Arnaud Danjean a remis en cause le « Green Deal » prôné par Frans Timmermans, l’ancien commissaire européen chargé de la lutte contre le changement climatique. Il est à l’origine de la stratégie « from farm to fork » présentée par la Commission en 2020 comme « un système alimentaire durable avec des avantages environnementaux, sanitaires, sociaux et économiques ». La guerre en Ukraine a renvoyé le « green deal » aux oubliettes, mettant la priorité sur la souveraineté alimentaire plutôt que les objectifs climatiques et environnementaux.

« L’exception agricole est dans le fondement de l’Europe »

Dans la mise en œuvre du « Green Deal », Frans Timmermans (natif de Maastricht…ça ne s’invente pas) a plus agi en militant, en particulier sur les pesticides. Volontairement ou non, la Commission a masqué les études d’impact sur la stratégie « farm to fork » déstabilisant bon nombre de marchés agricoles. Au final, les deux représentants d’une Europe « mondialisée » auront eu du mal à convaincre les agriculteurs du Doubs sur leur avenir.

Yves Quemeneur