Nous traversons une époque où les trancheurs de nœuds s’en donnent à cœur joie et tranchent hardi petit. C’est naturellement des nœuds gordiens dont il s’agit. Mais qu’est-ce donc que ce nœud que tant de nos princes se plaisent à trancher manu militari ? Et parmi les plus sérieux. Puisqu’après Alexandre le Grand nos gouvernants d’aujourd’hui lui emboitent le pas.
Le nœud gordien nait chez les Perses en Anatolie. C’est une légende compliquée et on a vite fait d’en perdre le fil. Et si l’on tire sur un bout, la légende devient plus inextricable encore si bien qu’on finirait pas faire comme Alexandre le Grand mais en plus petit : prendre son épée et en donner un bon coup en plein nœud quitte à passer 24 siècles plus tard pour un Grand benêt à peine trop nerveux. Un benêt ou un psychopathe qui n’a pas pris ses gouttes. Mais y avait-il seulement des gouttes en ces temps reculés ?
Ne soyons pas injustes par omission. D’autres légendes racontent qu’Alexandre avait réussi à dénouer le nœud gordien. Mais le connaissant impulsif comme je le connais, je peine à croire en cette version. D’ailleurs observez le nœud : le o et le e sont toujours indûment liés.
L’enjeu était de taille car l’oracle avait été formel : celui qui dénouerait le nœud règnerait sur l’Asie qui était loin d’être Mineure à cette époque.
Nos nœuds d’aujourd’hui n’ont pas la taille ni le port altier des nœuds d’autrefois. Beaucoup sont riquiquis et ratatinés. Peut-être d’avoir trop vécu ils font plus pitié qu’envie. Est-ce une raison pour les regarder de haut et ne pas les trancher comme au bout vieux temps ? Heureusement, un sursaut d’énergie agite notre pays et aujourd’hui -Dieu soit loué !- beaucoup s’en saisissent et le tranchent.
Soyons reconnaissants et allons voter.
Par le Docteur Gérard Bouvier