Bilan 2021 des entreprises en Franche-Comté

Dans un contexte national marqué par une économie résiliente face à la crise sanitaire, la Banque de France a présenté le bilan économique 2021 et les perspectives 2022, avec un focus sur les départements du Doubs et de Haute-Saône.

987
Marie-Anne Rouquier Directrice départementale de la Banque de France de Haute-Saône, Jean-Luc Mesure Directeur départemental de la Banque de France du Doubs et Jean-Luc Quivogne Président de la CCI Saône-Doubs ©YQ

Marie-Anne Rouquier, directrice départementale de la Banque de France de Haute-Saône et Jean-Luc Mesure, directeur départemental de la Banque de France du Doubs, ont présenté l’état économique de la région le 4 mars dans les locaux de la CCI Saône-Doubs en présence de Jean-Luc Quivogne le président de la chambre consulaire.

Le bilan 2021 fait toutefois l’impasse sur le commerce de détail, élément pourtant essentiel de la bonne ou mauvaise santé de l’économie. Les perspectives 2022 émanent de 1106 entreprises régionales. L’enquête de la Banque de France a été conduite antérieurement à la crise ukrainienne.

Au plan national, la situation financière des entreprises

Malgré la crise sanitaire et une baisse d’activité de 6,6% tous secteurs confondus (à l’exception du commerce de détail) les capacités bénéficiaires ont été dans l’ensemble préservées, 80% des entreprises interrogées ayant affiché des exercices bénéficiaires. Le recours massif à l’endettement bancaire (PGE) a évité une détérioration de la trésorerie des entreprises.

Rebond inégal en Bourgogne Franche-Comté en 2021

Difficultés d’approvisionnement et de recrutement pèsent sur la relance dans tous les secteurs d’activité

Dans l’industrie, après la chute importante de l’activité en 2020, le regain est significatif mais reste incomplet. Il est en particulier fortement ralenti par les difficultés d’approvisionnement notamment dans la filière automobile. Les activités de services aux entreprises et le secteur de la construction ont enregistré, de leur côté, un rebond très important. La filière CHR et Loisirs est resté très perturbée en 2021 du fait des restrictions sanitaires.

Si les emplois nets ont progressé, tous les secteurs d’activité sont unanimes : la croissance est freinée par les difficultés de recrutement.

La guerre en Ukraine va fortement impacter la croissance en 2022 et au-delà

La CCI Saône-Doubs a adressé ces jours derniers une enquête flash à 80 entreprises du Doubs et de Haute-Saône travaillant avec la Russie et l’Ukraine. Ces deux pays en cumul représentent 0,74% du chiffre d’affaires Export et 0,12% du chiffre d’affaires Import en Haute-Saône et dans le Doubs. Quelques dizaines d’entreprises qui importent et/ou exportent dans ces deux pays, sont principalement impactées au niveau logistique et financier. Principalement dans l’agro-alimentaire, les produits de luxe ou la sous-traitance industrielle, les entreprises sont confrontées au blocage des camions en Pologne et donc à l’arrêt de l’acheminement des marchandises. L’approvisionnement en acier est fortement impacté. Au plan financier, avec l’arrêt du système de paiement Swift, les factures et les paiements sont bloqués. Le directeur de la Banque de France du Doubs, Jean-Luc Mesure, cite le cas d’une entreprise du Doubs dont un virement de 400 000€ est bloqué. Par ailleurs, la COFACE ne couvre plus les assurances crédit avec les pays concernés. Enfin, les acheteurs russes et ukrainiens ne participent plus aux salons internationaux, ce qui retarde d’autant les projets de développement. Les pays limitrophes de l’Ukraine (Roumanie, Pologne, République tchèque, Hongrie…) dont de nombreuses entreprises travaillent en sous-traitance avec les entreprises francs- comtoises, voient leurs salariés ukrainiens quitter leur emploi pour rejoindre l’armée. Ce sont des risques majeurs d’approvisionnement pour les entreprises françaises.

Cafés, hôtels, restaurants et loisirs confrontés à la pénurie de main d’œuvre

Après une année 2021 encore fortement marquée par les restrictions sanitaires, le secteur de la restauration, de l’hôtellerie et de l’événementiel anticipait une très forte hausse de l’activité en 2022 (+ 36,4%). La crise ukrainienne pourrait avoir des répercussions sur l’activité touristique, en particulier du tourisme international. Du fait de l’activité réduite en 2020 et 2021, les départs volontaires des salariés de la restauration seront difficilement remplacés malgré les efforts en matière de rémunération des professionnels.

Le secteur de la construction demeure bien orienté

L’année 2021 a affiché un fort rebond dans tous les segments : gros œuvre et second œuvre du bâtiment, travaux publics. La demande, publique et privée, est restée vigoureuse, atténuée par les difficultés d’approvisionnement et de recrutement.

En 2022, les carnets de commandes sont solides dans le bâtiment. Les professionnels des travaux publics anticipent un ralentissement de leur activité, liée à une demande publique incertaine (situation internationale et période électorale jusqu’en juin prochain).

Face aux difficultés de recrutement, les entreprises du bâtiment et des travaux publics orientent les salaires à la hausse et privilégient les emplois permanents à l’intérim.

L’enquête de la Banque de France, si elle démontre la capacité de résilience du monde économique, propose une situation transitoire et incomplète. Transitoire dans la mesure où la crise ukrainienne pourrait impacter durablement l’activité économique dans tous les pays européens. Incomplète en ce qu’elle fait l’impasse sur le commerce de détail, principal moteur de la croissance en France.

Yves Quemeneur