Doubs. Le bâtiment veut redorer son image auprès des jeunes

La Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment a publié son livre blanc 2023. Sorte de guide pour répondre aux enjeux urgents du secteur, ce petit guide mise sur la "génération Z", née entre 1996 et 2010, pour poursuivre sa mutation, palier au manque de main d'oeuvre et renouveler un parc

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LE BÂTIMENT VEUT REDORER SON IMAGE AUPRÈS DES JEUNES

C’est un « livre » relativement court. Une série de données et d’idées pour permettre aux artisans et aux pouvoirs publics d’avancer ensemble dans l’évolution des métiers du bâtiments. La Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), membre de l’U2P (l’union des entreprises de proximité), publie son livre blanc 2023. Avec une cible : la génération Z, celle de la dernière chance ou presque pour une filière où le renouvellement des salariés est l’enjeu prioritaire depuis près de deux décennies.

90% des logements à rénover en 30 ans

Sur l’ensemble du territoire, la CAPEB est la première organisation patronale de France en nombre d’adhérents et majoritaire dans la représentation des entreprises artisanales du bâtiment. Sa parole compte pour relever les défis urgent à venir, et son président Jean-Christophe Repon le sait bien : « Les défis qui sont devant nous sont immenses, à commencer par celui de la transition environnementale et de la préservation de nos ressources naturelles. Au cours des trois prochaines décennies, 90 % des logements devront être rénovés. La nécessaire décarbonation de notre économie impliquera un recours plus massif aux matériaux biosourcés, aux circuits courts, et surtout aux compétences sans lesquelles nos chantiers sont à l’arrêt. », résume l’intéressé dans l’introduction de ce livre blanc 2023. »

Redorer l’image du bâtiment

« Au niveau de la CAPEB, nous avons conscience que notre secteur est moins attractif, il faut attirer cette jeunesse par de nouveaux enjeux qu’elle pourrait mieux considérer. La transition énergétique et l’environnement en font partie par exemple. », analyse Sandy Baumgartner, secrétaire générale à la CAPEB du Doubs, qui compte 558 entreprises. S’appuyant sur plusieurs enquêtes quantitatives et des observations croisées (Ndlr : Institut Montaigne, baromètre de l’étudiant, Injep et Crédoc…), ce livre blanc donne quelques repères pour permettre aux entreprises de comprendre les envies des 16 – 25 ans. « Leurs choix professionnels sont ambitieux et explicites. Ils sont volontaires pour participer à un « projet d’entreprise » plutôt que pour « occuper un poste ». Ces jeunes femmes et hommes se sentent attirés par un métier « qui les passionne » (42 %) avant même la question du « bon salaire » (25 %). Ils sont, par ailleurs, 64 % à regretter le manque de contact avec des professionnels du secteur qui les intéressent.

Déconstruire les stéréotypes

Dans le bâtiment, les vieux stéréotypes ont parfois la peau dure. « Les améliorations en matière de sécurité par exemple sont considérables mais parfois ignorées. Tout comme les changements de matériaux. Nous utilisons encore de l’énergie fossile mais la marge avec les EnR (énergies renouvelables) s’est réduite. Ça fait plus de quinze ans que nous travaillons dessus ! », poursuit Sandy Baumgartner. L’entrée en vigueur de différentes lois au cours de la dernière décennie et la mise en place de prime pour aider les particuliers à rénover, joue un aussi un rôle important dans la volonté du grand public d’avoir un projet plus éco-responsable. La formation d’étudiants aux nouveaux matériaux prend alors tout son sens. « Il faut quelques années après la sortie des écoles pour qu’un jeune formé puisse ensuite apporter son savoir-faire sur le chantier même si grâce aux alternants, cela peut être beaucoup plus rapide. » Selon la Capeb, les défis économiques et sociétaux sont énormes. 80 % des logements de 2050 existent déjà̀. 700000 à 1 million sont à rénover sur le plan thermique chaque année sur 30 ans (soit près de 15 fois plus qu’actuellement).

La crise sanitaire a paradoxalement été un déclic pour de nombreux travailleurs. « Beaucoup ont décidé de se lancer dans une formation et apprendre un métier manuel qui a du sens et offre un résultat concret. », poursuit Sandy Baumgartner. Profitant de cette légère recrudescence de candidats pour répondre au mieux à la demande de main d’œuvre des entreprises, la CAPEB s’appuie également sur ARIQ BTP dont elle membre fondateur. Cette association favorise l’insertion des demandeurs d’emplois dans les entreprises du BTP. Deux options qui restent néanmoins des solutions à court termes. « La génération Z est actuellement en formation ou va l’être très rapidement. Si nous n’arrivons pas à toucher cette génération-là, certaines entreprises n’auront pas de succession. »

L’exosquelette une solution encore difficile d’accès

En décembre 2022, le sénateur de Côte d’Or François Patriat avait provoqué un tollé dans le monde du bâtiment en justifiant une réforme des retraites à 65 ans : « Il y a 40 ans les carrières difficiles étaient différentes. Aujourd’hui les déménageurs, les charpentiers couvreurs, les gens dans les travaux publics sont équipés d’exosquelettes, de matériaux, la pénibilité n’est plus la même. »

Dans les faits, le marché de l’exosquelette est encore rare à l’heure actuelle car il un coût : entre 1000 et 4000€ l’unité. Les petites et moyennes entreprises doivent donc regarder à deux fois avant d’investir, d’autant plus que cet outil n’est pas encore imprégné dans la tête des artisans expérimentés. « Il commence à arriver dans le Doubs mais c’est encore rare », admet Sandy Baumgartner.