Handisport : « Changer les regards c’est essentiel… »

Au lendemain des jeux paralympiques de Pékin, qui ont vu nos athlètes tricolores  ramener une superbe moisson de médailles, nous avons rencontré Arnaud Grillot, le président du Comité Régional  Handisport Bourgogne Franche Comté. L’occasion de faire avec lui un tour d’horizon de l’activité handisport dans notre région.

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Arnaud Grillot à gauche est également un joueur de basket-fauteuil

« Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre comité ? 

Le comité ce sont des hommes et des femmes qui s’investissent au quotidien pour faire en sorte que les personnes porteuses de handicap puissent pratiquer des activités sportives. Des dizaines de bénévoles, valides ou handicapés, que nous retrouvons au sein du comité régional mais également dans les comités départementaux et dans les clubs. Tous les territoires de Bourgogne Franche Comté sont représentés et nous travaillons tous ensemble la main dans la main. Nous avons aussi quelques personnes salariées et ce dispositif nous permet de faire un énorme boulot sur le terrain ».

A quel type de public vous adressez- vous ?

Notre mission principale c’est vraiment de permettre au plus grand nombre de pratiquer le handisport et nous menons  de nombreuses initiatives pour assurer cette promotion de l’activité sportive. Nous rassemblons des personnes présentant plusieurs types de handicap : amputés, paralysés, déficients visuels, déficients auditifs… Nous travaillons notamment avec le public jeune et aussi dans le domaine du  grand handicap. Nous  proposons à toutes ces personnes de pratiquer plus d’une trentaine de disciplines sportives au total. Nous recensons aujourd’hui plus de 2200 licenciés répartis dans nos 115 clubs régionaux et c’est une très grande satisfaction.  

Quelles sont les principales actions menées par le comité ?

Notre champ d’action est très large. Nous faisons par exemple de la sensibilisation au handicap dans les écoles, les collèges, les lycées ou encore les entreprises. Ces interventions sont très importantes car elles sont concrètes et nous permettent de faire pratiquer à un public valide, des activités handisport comme la sarbacane, le tir laser ou encore le basket fauteuil. Cela crée également un lien entre valides et handicapés et c’est très positif. Nous intervenons également auprès des futurs professionnels de santé, comme les étudiants en médecine par exemple, afin qu’ils puissent plus tard orienter leurs patients porteurs de handicap, vers des activités sportives. Et puis nous sommes également organisme de formation, afin que nos bénévoles et nos salariés puissent être formés et deviennent moniteurs dans des disciplines comme la randonnée fauteuil par exemple. 

De quels moyens dispose le comité ?

Toutes ces actions ont en effet un coût et nous bénéficions heureusement de plusieurs partenariats publics et privés pour nous aider à financer nos actions. La Région Bourgogne Franche Comté nous accompagne notamment en prenant en charge le remboursement des licences handisport. Elle nous  aide également, aux côtés de l’état et de partenaires privés pour fournir du matériel adapté aux différentes pratiques handisport. Un soutien qui nous permet de mettre à disposition des  comités et des clubs du matériel spécifique comme des  sarbacanes, des goélettes pour la pratique de la randonnée, des fauteuils tout terrain, des hand-bikes, des tandems… Et puis nous sommes soutenus également pour l’organisation de manifestations sportives, à Besançon par exemple avec la participation à Grandes Heures Natures ou au Raid Handi’Fort.

Qu’en est-il du haut niveau ?

C’est une composante importante pour nous. Impossible de tous les citer mais nous  accompagnons plusieurs athlètes de haut niveau et nous sommes fiers de leur succès. Parmi eux, Julien Casoli, multi médaillé olympique en athlétisme fauteuil, Corentin Le Guen et Julien Verdun qui viennent d’être sacrés champions d’Europe en rugby fauteuil ou encore Lucie Nolet membre de l’équipe de France de basket fauteuil. Et puis bien sûr Vincent Gauthier Manuel multi médaillé et champion olympique en slalom géant à Sotchi.

Comment voyez vous l’avenir du mouvement handisport et quels seront demain vos axes de développement ? »

L’important, encore et toujours c’est de faire changer les regards sur le handicap. C’est pour cela notamment que nous sensibilisons les enfants dès leur plus jeune âge. Et puis sur le plan sportif, nous allons continuer à faire en sorte de rendre accessible le handisport à celles et ceux qui le souhaitent. Enfin, l’une de nos priorités au quotidien c’est de créer le plus possible de mixité entre valides et personnes handicapées. Nous sommes conscients que pratiquer une activité entre handicapés c’est bien mais que la pratiquer avec des valides c’est encore mieux ! Car  cela permet tout simplement d’oublier son handicap. Nos allons donc continuer à travailler pour atteindre tous ces objectifs. La tâche est ardue car le handisport est multi handicaps et multi activités mais l’enjeu est très motivant… 

Bernard Portugal