Haut-Doubs. Peut-on encore sauver le Doubs franco-suisse ?

Tout va bien ! A en croire les critères administratifs fixés par les administrations pour juger de l’état des cours d’eau, le Doubs franco-suisse est en bon état. Les feux sont au vert… Et pourtant.

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Les conséquences de la pollution sont bien visibles depuis les berges.

Depuis des semaines, la mortalité piscicole a de nouveau atteint des sommets. Des dizaines, des centaines sans doute de truites et ombres ont été victimes d’un champignon mortel, la saprolegnia. Un automne meurtrier et inédit. Et un bon en arrière de dix ans, à une époque où de tels événements avaient déjà secoué la vallée et sonné la mobilisation des pêcheurs notamment, première vigie de l’état des rivières. Sauf que cette fois, du côté de la société de pêche franco-suisse à Goumois, le président Christian Triboulet et le garde-pêche Patrice Malavaux soulignent la précocité du phénomène. En plus de ses conséquences catastrophiques, la mortalité frappe en tout début de fraie, près de trois mois plus tôt que lors des épisodes précédents. La consternation n’en est donc que plus forte, du côté de l’association agrée de pêche et de protection des milieux aquatiques côté France mais aussi sur l’autre rive côté Suisse. « Mais qui va gérer cette nouvelle crise, qui va recevoir les doléances des acteurs locaux, qui va assumer les manques à gagner économique de la pêche et du tourisme pêche, qui va devoir réactiver les différentes instances administratives, encore une fois ce sont les pêcheurs ».

Des actions concrètes et vite

Sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes, la même question : à qui la faute ? L’intensification de l’agriculture, souvent montrer du doigt ? Les stations d’épuration sans traitement tertiaire des effluents ? L’industrie dont les rejets peuvent eux aussi avoir de lourdes conséquences ? Ou nous tous ? L’ensemble des activités humaines additionnées tuent sans doute les rivières comme la biodiversité plus largement selon les spécialistes. Avec plus ou moins d’impact.  « Est-il possible d’imaginer une rivière malade coulant au milieu de parcs naturels Suisses et Français, parc du Doubs et parc naturel régional du Doubs horloger) dont les produits et la qualité de vie devraient bénéficier du label d’excellence ? »

Depuis des années, de nombreux échanges ont eu lieu. Beaucoup de réunions, des contrats pour améliorer la situation et même un groupe binational entre France et Suisse qui selon les pêcheurs brille par son absence. Alors ? Est-il encore temps de se mettre autour d’une table pour dresser une énième fois les mêmes constats ? « Les pêcheurs veulent des vrais groupes de travail avec intégration des ONG et des élus pour définir enfin des actions concrètes avec des financements associés ». Ils brandissent une crainte pour l’avenir : aujourd’hui, certains peuvent se dire que ce sont juste des poissons qui meurent…mais cette eau est aussi celle que l’homme puise pour la boire, après traitement bien sûr. Mais jusqu’à quand sera-t-elle encore dans un état acceptable pour être consommable ?