L’activité économique régionale au point mort au 3ème trimestre 2023

Le récent rapport de l’INSEE marque la poursuite des tensions sur les cours du pétrole et une inflation toujours élevée. Un contexte qui impacte négativement le taux de chômage même si il reste à un niveau toujours très bas.

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L’emploi ne progresse plus

La Bourgogne Franche-Comté comptait 994 700 emplois salariés au 3ème trimestre 2023. Si l’effectif total ne progresse plus, il se maintient à un niveau élevé pour le quatrième trimestre consécutif. Le secteur privé (75% de l’emploi salarié dans la région) perd 0.2% des emplois et le secteur public reste stable.

Le recul est plus marqué dans le Territoire de Belfort et en Haute-Saône (respectivement -0,4% et -0,6%) en raison de la forte baisse de l’emploi intérimaire. Le Jura, le Doubs et la Côte d’Or maintiennent leur niveau d’emploi.

L’emploi dans les services marchands ralentit

Après une croissance continue depuis début 2022, les services marchands (hors intérim) ne gagnent plus d’emplois. C’est le cas des services aux entreprises (-0,4%) et aux ménages (-0,1%). Même l’augmentation de l’emploi dans l’hébergement-restauration se tasse à +0,2%.

Les secteurs du transport et du commerce repartent à la hausse. Le transport et la construction sont les deux secteurs qui voient une hausse de leurs effectifs intérimaires. Pour la construction, c’est dû à la baisse des emplois permanents depuis le début de l’année 2023, conséquence de la hausse des taux d’intérêt et de la baisse des mises en chantier dans l’immobilier.

8 300 nouvelles entreprises en BFC au 3ème trimestre 2023

C’est +8,4% comparé au trimestre précédent. Cette dynamique est portée par les créations de microentreprises (+10,7%) mais également d’entreprises classiques (+4,4%).

Plus de défaillances d’entreprises

Elles ont progressé de 31,7% sur une année. Les activités économiques peu dynamiques et les conditions de financement plus difficiles en sont les principales raisons. Elles atteignent peu ou prou leur niveau d’avant-crise.

L’emploi dans l’industrie reste stable au 3ème trimestre

Le repli dans la fabrication de matériels de transport pèse sur l’ensemble de l’emploi industriel. Mais l’industrie agro-alimentaire, habituellement dynamique, perd 0,3% de ses effectifs. Les autres produits industriels, notamment la chimie et l’industrie pharmaceutique, restent bien orientés. L’emploi intérimaire est en recul dans l’industrie (-5,3%). Tous les secteurs sont concernés, signe peu encourageant du ralentissement de la production et des carnets de commandes.

47 000 travailleurs de Bourgogne Franche-Comté occupent un emploi en Suisse

Le nombre de travailleurs frontaliers est en constante progression depuis 2021. Au 3ème trimestre 2023, la hausse constatée est de 2%.  Le taux de chômage en Suisse est particulièrement bas (2,6% dans le canton de Neuchâtel et 3,3% dans le canton de Vaud).

Sur un an, près de 3 500 frontaliers supplémentaires ont rejoint la Suisse pour travailler. Près de 9 frontaliers sur 10 travaillent dans les trois cantons de Vaud, Neuchâtel et du Jura. Le dynamisme du secteur horloger favorise probablement cette évolution. 70% résident dans le Doubs, 17% dans le Jura et 10% dans le Territoire de Belfort.

Les statistiques économiques de l’INSEE sont, comme les rapports de la Cour des Comptes, des éléments importants dans la conduite des politiques publiques, au niveau régional comme au plan national. On peut craindre que ces chiffres et leurs évolutions ne soient pas sur la table de chevet de nos décideurs locaux et régionaux.

On notera par exemple que le secteur du luxe (horlogerie suisse en particulier) est une activité porteuse d’avenir pour les habitants de Franche-Comté. Une montagne helvétique n’accouchera pas d’une souris française, n’en déplaise à la Présidente de la région Bourgogne Franche-Comté. Favoriser la mobilité des frontaliers par des moyens de transport ferroviaires performants, répond à la fois à la richesse économique de toute la région et aux impératifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Yves Quemeneur