Besançon. Le Secours Catholique confronté « à une solidarité qui s’éloigne »

Comme chaque année à l’entrée de l’hiver, le Secours Catholique Caritas produit son rapport annuel sur la pauvreté. Antoine Aumonier le délégué régional, en a présenté les grandes tendances à Besançon le 13 novembre.

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Le nouveau Président du Secours Catholique et Antoine Aumonier Délégué régional du Secours Catholique Caritas de Franche-Comté ©YQ
1 million de personnes accueillies en France

Le rapport annuel est le fruit du travail des milliers de bénévoles en France qui ont reçu plus d’un million de personnes dans l’extrême précarité, traduit par un échantillon de 57 000 personnes.

15 000 bénéficiaires accueillis en Franche-Comté

Les 960 bénévoles de l’association ont reçu 216 familles et 15 000 personnes. Elles vivent dans leur immense majorité en dessous du seuil de pauvreté. La moitié d’entre elles ont moins de 478€ par mois pour vivre. Le Secours Catholique constate une grande disparité entre les départements francs-comtois. Dans le Jura, ces ressources sont de 688€, de 400€ en Haute-Saône, de 470€ dans le Doubs et 486€ dans le Territoire-de-Belfort.

Les femmes seules majoritairement concernées

Au niveau national, elles représentent 57,5% des personnes accueillies. « Moins bien payées, souvent à temps partiel, elles ont finalement une petite retraite » souligne Antoine Aumonier, le délégué régional du Secours Catholique.

En Franche-Comté, les femmes seules (avec ou sans enfant) représentent 40% des bénéficiaires. Si elles sont majoritaires en Haute-Saône et dans le Jura, les hommes seuls et pères célibataires sont plus importants. « Ces deux départements fortement urbanisés, attirent plus de bénéficiaires étrangers, souvent migrants sans papier » précise Antoine Aumonier.

De multiples demandes

Les ménages accueillis par le Secours Catholique demandent surtout une aide alimentaire ou pour payer les factures (loyer, charges…) pour 46%. Près de la moitié des ménages sont en situation d’impayé en logement stable du parc social mais dont le niveau de vie ne peut suffire à subvenir aux besoins du quotidien.

Aides sociales, « le parcours du combattant »

Le Secours Catholique constate chaque année plus de difficultés pour les bénéficiaires à accéder aux prestations sociales. Antoine Aumonier note « l’éloignement de la solidarité ». Malgré la multiplication des maisons « France Services », beaucoup de personnes n’ont pas de moyens de déplacement ou un transport en commun adapté pour obtenir de l’aide et des infos. La « fracture numérique » est également un handicap pour des personnes ne disposant pas de matériel informatique alors que toutes les opérations doivent être réalisées en ligne.

Le Secours Catholique constate également une augmentation des personnes ayant des problèmes de santé. Elles ont augmenté de plus de 5 points en 10 ans.

Le non-recours au RSA

Antoine Aumonier note une augmentation des personnes ne demandant pas le RSA alors qu’elles pourraient y prétendre. Elles sont passées de 26% en 2010 à 36% en 2023 au niveau national et de 35% en Franche-Comté. Pour le Secours Catholique, la récente réforme dans l’attribution du RSA a aggravé la situation.

« Réhumaniser notre protection sociale »

Les complexités administratives, l’absence de personnes physiques dans les administrations, le tout-numérique sont autant de freins pour bien accompagner les personnes dans la précarité, souligne le Secours Catholique qui a mis le focus sur cette thématique pour son rapport annuel.

L’association met enfin l’accent sur la nécessaire augmentation du RSA « Nous demandons une hausse significative du RSA de 635€ à 850€ pour une personne seule », a conclu Antoine Aumonier.

Yves Quemeneur