Besançon. À Battant, les volontés politiques diffèrent de celles des habitants

Pendant les 3 heures de déambulation dans le quartier Battant le mercredi 28 août, le préfet Rémi Bastille et la maire Anne Vignot ont été confrontés à des commerçants et habitants peu convaincus, comme en témoigne Gaëtan Leroux, maître-artisan facteur de pianos installé dans le quartier depuis 25 ans.

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Le débat était tendu entre Anne Vignot la Maire de Besançon et Gaëtan Leroux Maitre-Artisan facteur de pianos installé à Battant depuis 25 ans, sous le regard attentif de Rémi Bastille le Préfet du Doubs ©YQ

Pour de nombreux visiteurs de Besançon, adeptes de la marche à pied, la rue Battant est l’axe idéal pour découvrir les beautés de la Boucle : Glacis, square Bouchot, Fontaine Bacchus et Place Jouffroy d’Abbans, c’est une belle manière de découvrir Besançon en sortant de la gare. Une rue souvent sale où le sentiment de sécurité n’est pas assuré, où de nombreux SDF prennent place devant les vitrines de magasin, agressant parfois les passants. La maire elle ne parle pas d’insécurité, tout juste « des nuisances ».

1,7 million d’euros pour les 6 QPV de Besançon

Depuis le 1er janvier 2024, Battant et les Hauts de Saint Claude ont intégré les « quartiers prioritaires de la Ville ». 2 000 habitants et commerçants vivent ou travaillent ici. Anne Vignot parle du « mythe des caméras de vidéo-surveillance » et plaide pour une médiation apaisée et « refuse le tout-répression ».

Gaëtan Leroux, maître-artisan facteur de pianos installé dans le quartier depuis 25 ans : « je ne demande pas des caméras partout. Je réclame des mesures de bon sens comme l’installation d’une caméra dans le trajet qui relie la place de la Madeleine à la rue Battant, un lieu de deal quotidien ».

La répression avec des moyens

Anne Vignot renvoie la responsabilité de la situation à l’ensemble de la population « Se réapproprier le quartier, c’est l’affaire de tous, pas seulement des pouvoirs publics ». La maire espère plus de moyens humains offerts par le classement en QPV pour mettre en place des structures d’accueil et de soins et encadrer les pratiques addictives…peut-être une salle de shoot dans la rue Champrond, à quelques mètres d’une école élémentaire ? Le Préfet y mettra son veto !

Overdoses, shoot en pleine rue, points de deal, alcoolisme « rien ne bouge depuis des années »

Pour Gaëtan Leroux « trop c’est trop ! » Il rend hommage aux forces de l’ordre qui font un excellent travail de terrain trop souvent bridé. Sur l’action de la police municipale, l’intéressé estime qu’« elle a plus d’impossibilités que de possibilités ». Sans intervenir au nom d’une association de commerçants qui n’existe pas dans le quartier, Gaëtan Leroux tente d’être le porte-parole d’une population qui plaide pour plus de patrouilles de police à pied, pour de véritables solutions, pour réduire les nuisances « le constat est partagé, il reste les actions ».

La culture et le logement au « Cœur de Ville »

La solution passe à la fois par le développement de la culture « de façon générale » souligne Gaëtan Leroux. Le seul et dernier artisan-facteur de pianos de Besançon n’a rien contre les événements associatifs du quartier comme Tambour Battant et sa fête du 14 septembre. « Mais la culture, c’est aussi la musique classique, le théâtre, la danse, la lecture…un programme éclectique pour tous ! »

La solution passe également par la réhabilitation immobilière de tout le quartier. « On peut faire du beau pour toutes les bourses. Les logements sociaux ne sont pas réservés à des immeubles sans âme » argumente le commerçant. Immeubles et appartements délabrés, logements sociaux désertés, c’est avec une population heureuse de vivre dans l’un des plus beaux quartiers de Besançon que l’on retrouvera la tranquillité. Quand la Maire parle de « changer l’image d’une rue de magasins de musique », elle oublie que les rues, depuis le Moyen-Âge se sont construites autour des métiers qui y exerçaient : la rue des boucheries, la rue des tanneurs, la rue des huiliers…Changer l’image de ce quartier historique demandera du temps et de l’argent public.

Yves Quemeneur