76ème congrès de la FNSEA dans le berceau des fruitières

En ouverture du congrès des agriculteurs français le 29 mars à Besançon, Philippe Monnet, le président de la FDSEA 25 n’a pas oublié l’histoire particulière des "femmes et des hommes qui ont construit une agriculture de passion et de solidarité".

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Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA et du Conseil de l'Agriculture française ©YQ

Le monde agricole avait rendez-vous avec le territoire des fruitières dont l’origine remonte au XIIIème siècle. Le monde agricole avait aussi rendez-vous avec une région qui a vu naître le Crédit Agricole à Salins-les-Bains en 1885 avant de devenir l’un des plus puissants groupes bancaires mondiaux.

Formation, installation et transmission au cœur des débats

En juin 2021, 74 000 élèves se sont présentés aux examens des brevets de technicien supérieur et des baccalauréats et autres certificats relevant de l’enseignement agricole.  Les résultats ont montré un bon taux de réussite (90,7%) avec 66 984 nouveaux diplômés pour l’année 2021. Le nombre d’apprentis en formation a également fortement augmenté. En passant de 37 000 à plus de 45 000 apprentis, les « métiers du vivant » ouvrent de larges débouchés dans les filières agricoles, l’agro-alimentaire, la sylviculture et l’entretien, la mise en valeur des aménagements paysagers.

50% des agriculteurs seront à la retraite en 2030

Au plan national, le nombre d’agriculteurs est passé en 10 ans de 500 000 à moins de 300 000. La transmission devra également passer par l’arrivée de nouveaux paysans NIMA (Non Issus du Monde Agricole). Les filières de formation n’ont jamais attiré autant de jeunes et de personnes en reconversion professionnelle. « Etre paysan est une fierté ».

La France mais surtout l’Europe doit donc se diriger vers une véritable souveraineté alimentaire. On s’est rendu compte avec la pandémie et maintenant avec cette guerre que les humains doivent respirer mais aussi boire et manger. Et pour cela, l’agriculture est vitale !

Comme le souligne Philippe Monnet, le président de la FDSEA du Doubs, « la future politique agricole commune prend mieux en compte le maintien de la biodiversité et de l’environnement, c’est une bonne chose. La crise ukrainienne a démontré par ailleurs que la nourriture est une arme stratégique pour certains Etats. L’Europe est loin d’être autonome même si le modèle français nous préserve largement ». Pour Philippe Monnet, grand organisateur du congrès de la FNSEA à Besançon, « Notre position en Europe est de renégocier et repousser les directives et règlements européens prévus tout en gardant le respect de l’environnement ». La Franche-Comté a des atouts dans cette compétition mondiale. Le renchérissement des engrais, des carburants et des tourteaux servant à l’alimentation animale obligent à repenser les modes d’alimentation, en particulier par l’essor de l’herbe pâturée, une ressource indépendante du contexte international.

23 600 exploitations agricoles en Bourgogne Franche-Comté

Selon les chiffres de la DRAAF (Direction Régionale de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt), on recense 23 600 exploitations agricoles en Bourgogne Franche-Comté, soit 21% de moins qu’en 2010. Dans la même période, la surface agricole moyenne par exploitation est passée de 80 à 103 hectares. Les filières agricoles emploient 50  000 salariés dans la région dont 32 000 sont exploitants ou co-exploitants (GAEC). 22% sont des femmes et 21% de tous les salariés ont aujourd’hui plus de 60 ans.

La Bourgogne Franche-Comté représente 9% des surfaces agricoles

La région est un territoire rural dont la surface agricole utile (SAU) se maintient autour de 2,4 millions d’hectares. Les exploitations, moins nombreuses qu’en 2010, ont tendance à se spécialiser. Si les grandes cultures continuent à dominer, les exploitations de bovins destinés à la viande diminuent. La baisse est plus modérée dans la viticulture et l’élevage des bovins pour le lait compte tenu de résultats économiques meilleurs.

On revient un peu de la mode du « tout bio ». Même si le nombre d’exploitations a triplé en dix ans, elles ne représentent qu’environ 12% des terres cultivées.

L’agriculture reste le chouchou des femmes et hommes politiques

Quelques semaines après le salon de l’Agriculture où tous les candidats ont « tâté le cul des vaches », le congrès de la FNSEA a accueilli 6 candidats à l’élection présidentielle. A la publication de cet article, il ne restera que deux prétendants au fauteuil de l’Elysée. Ni l’une, ni l’autre ne devront faire l’impasse sur la souveraineté alimentaire. La France, et notamment la Franche-Comté, est une terre historiquement de polyculture. C’est la passion des femmes et des hommes qui travaillent la terre qui en fait un « pays de cocagne ». Pour autant, dans une économie mondialisée, il ne peut être question de vivre en autarcie. L’exportation des produits agricoles est un atout économique et stratégique pour nos territoires. L’exemple du Comté démontre, depuis le XIIIème siècle, que la création de valeur peut être partagée.

Yves Quemeneur