Édito. Les premières fissures apparaissent

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Si la population est majoritairement opposée à cette réforme des retraites (93% des actifs selon l’institut de sondage Montaigne dans une étude du 13 janvier 2023), la majorité « prévue » pour voter le texte s’effrite pas à pas à l’Assemblée nationale.

Si Les Républicains ont longtemps défendu un projet de report de l’âge légal, certains « frondeurs » incarnés par Aurélien Pradié, n°2 des LR jusqu’en février, ont publiquement exprimé leur désaccord avec la réforme actuelle. Le député du Lot a été démis de ses fonctions par le président Éric Ciotti mais continue de tenir « son » cap. Toujours à droite, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes pourrait bien définitivement sceller l’avenir du texte. S’il reste officiellement favorable mais qualifie la réforme d’imparfaite, Laurent Wauquiez compte 19 députés LR sur son territoire et certains de ses fidèles alliés ont déposé le 26 janvier un amendement visant à supprimer l’article 7 du texte, fixant à 64 ans l’âge de départ à la retraite.

Et comme si l’alliance Renaissance – LR sur cette réforme des retraites n’était pas assez fébrile, le double (triple, d’après les images publiées par Paris Match) bras d’honneur d’Éric Dupont-Moretti, ministre de la Justice, adressé au président des Républicains à l’Assemblée nationale Olivier Marleix, a provoqué un nouveau tollé.

Au même moment, les manifestants continuaient de battre le pavé. Au moins 10% de la population de Besançon était dans la rue ce mardi 7 mars. Si la police annonçait 11 000 manifestants, c’est en réalité au moins 3000 personnes de plus qui ont marché dans la capitale comtoise. L’intersyndicale assurait en compter 16 000. Au niveau national, le ministère de l’Intérieur a recensé 1,28 million de manifestants contre 3,5 millions pour la CGT. Le chiffre reste quoi qu’il en soit un record, dépassant les mouvements de 2010, à l’époque de la réforme menée par le second gouvernement Fillon, à propos du report progressif du départ à la retraite, de 60 à 62 ans.

Toujours mardi, Barbara Pompili, députée Renaissance (ex-En Marche) a annoncé qu’elle ne voterait pas pour cette réforme. Les fissures touchent aussi le parti du gouvernement qui en réponse a averti ses membres : tout frondeur sera exclu. Le texte revient sur les bancs de l’Assemblée nationale cette semaine et doit être voté, ou non, avant le 26 mars.

Martin Saussard