La Bisontine fait son show

A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau le 22 mars, Grand Besançon Métropole a présenté "le grand cycle de l’eau", le parcours initiatique d’une ressource vitale qui pourrait devenir de plus en plus rare dans les années à venir.

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Présentation du nouveau logo de "la Bisontine" par Anne Vignot Présidente-Maire de Grand Besançon et Christophe Lime, le vice-président en charge de la gestion de l'eau et l'assainissement ©YQ
L’eau potable en chiffres sur l’agglomération bisontine

170 000 habitants consomment environ 14 millions de m³ au travers de 1 250 kms de canalisations d’eau potable. L’eau potable est traitée par 23 stations qui traitent 32 postes de pompage et de captages sur l’ensemble du territoire Grand Bisontin.

L’eau est souvent considérée comme une ressource « naturelle et éternelle ». Pourtant quand le robinet tarit (comme récemment à Amagney), chaque habitant mesure l’importance de l’eau dans sa vie quotidienne.

Le parcours de l’eau a commencé au belvédère de Montfaucon qui domine de 600 mètres la vallée du Doubs d’un côté et le marais de Saône de l’autre. Les deux réservoirs du belvédère approvisionnement en eau potable 8 communes du plateau.

Le marais de Saône
Les techniciennes et techniciens de la direction eau et assainissement de Grand Besançon Métropole ont le souci de préserver la richesse des eaux du marais de Saône en contrebas du belvédère de Montfaucon ©YQ

Alexandre Benoît-Gonin, le directeur du syndicat du Marais de Saône a présenté l’intérêt stratégique pour l’agglomération bisontine de cet espace de 800ha, composé de zones humides et marécageuses entourées des villages de Nancray, Gennes, Saône ou La Vèze…. Le marais est bordé de terrains agricoles où les exploitants ont considérablement amélioré leurs pratiques pour conserver l’excellente qualité des eaux d’infiltration.

Les risques de pollutions accidentelles sont importants, le marais étant traversé par la RN 57 et la voie ferrée, sans oublier le pipeline du Jura qui traverse tout le bassin versant (Benoît Vuillemin, Maire de Saône).

Si les élus locaux et la direction eaux et assainissement de Grand Besançon semblent conscients des dangers environnementaux, ce n’est pas le cas des services de l’Etat qui font la sourde oreille aux indispensables travaux de sécurisation. Un accident d’hydrocarbures important et c’est l’approvisionnement en eau potable de tout Besançon qui serait arrêté !

Comme le souligne Stéphane Sauce, agriculteur à Nancray  « La première fonction de l’agriculture est nourricière, sa deuxième fonction est environnementale. La population doit en être consciente ». Sur l’ensemble du bassin versant alimentant la source d’Arcier, les 70 exploitations agricoles respectent scrupuleusement la sécurisation de la source.

La station de la Malate
L’étonnante proue du navire qui traite 300 m³ d’eau potable à l’heure à la Malate ©YQ

Troisième étape du parcours de l’eau, la station de la Malate. Elle traite les eaux de la source d’Arcier depuis le 2ème siècle avant Jésus-Christ. Les romains approvisionnaient Besançon en eau potable par un aqueduc en pierre jusqu’au Square Castan. A la chute de l’Empire romain, la source et l’aqueduc ont été abandonnés… pendant 13 siècles ! Les nouvelles connaissances scientifiques autour de la santé humaine ont conduit à la construction d’une station de traitement de l’eau potable en 1935. Aujourd’hui, la Malate traite 430 m³ d’eau à l’heure qui correspond à 35% de la consommation de la ville de Besançon. Pour améliorer la qualité sanitaire de l’eau d’Arcier, une nouvelle station est en construction. Elle va traiter 300 m³/heure, soit environ 3 millions de m³ par an. Rappel utile de Beatrix Loizon, vice-présidente du conseil départemental « la meilleure eau est celle qui n’est pas consommée » (en matière d’eau, l’élue du canton d’Ornans sait de quoi elle parle)

La Source d’Arcier
Pascal Reilé, hydrogéologue a fait faire le tour du propriétaire dans les grottes d’Arcier ©YQ
la grotte de la source d’Arcier débite 2 m³ à la seconde ©YQ

Pascal Reilé, hydrogéologue et spéléologue, a profité de la journée mondiale de l’eau pour faire visiter avec passion l’étonnante grotte de la source d’Arcier qui débite 2 à 3 m³ d’eau à la seconde. Dans un sol karstique, les pertes du marais de Saône s’infiltrent dans des salles et des lacs souterrains pour aboutir au captage d’eau potable de la source d’Arcier. Grand Besançon Métropole s’est entouré d’un conseil scientifique pour tenter de mieux identifier les origines et les parcours des eaux souterraines sur l’ensemble du territoire : un travail délicat et long, indispensable face à la transition climatique et la probable baisse des débits d’eau potable. Les géologues ont identifiés 16 ressources d’eau potable dont 4 ne sont pas exploitées. A long terme, mieux identifier cette ressource stratégique est un enjeu vital.

L’eau est une denrée rare !

La Bisontine… elle a tout d’une grande
Elle a tout d’une grande « eau » ©YQ

La 30ème journée mondiale de l’eau à Besançon marque le nouvel habillage de l’eau du robinet « La Bisontine » créée en 2006. La collectivité souhaite, avec le nouveau logo et une campagne de communication dynamique, favoriser l’usage de l’eau du robinet comme « eau de boisson » quotidienne. Double objectif : réduire la part des eaux minérales,  » 100 fois plus chères et énergivores » (selon GBM)  et sensibiliser le public au cycle urbain de l’eau et à la fragilité de la ressource. « Naturelle, saine, elle coule de source » vante la campagne d’affichage. 3 000 carafes sont distribuées aux restaurants volontaires du territoire de Grand Besançon.

« La Bisontine pétillante » retrouve les rayons de 65 magasins de l’agglomération (magasins acceptant les consignes verre). L’eau provient de la ressource de Chenecey-Buillon (captage dans la Loue). Après traitement, elle est mise en bouteille et gazéifiée par Rième Boissons, le célèbre limonadier régional de Morteau.

Après l’eau potable, vient l’eau…usée

L’eau, une fois consommée par les particuliers ou les industriels,  est collectée et transportée dans les réseaux d’assainissement  vers les stations d’épuration pour y être traitée avant de retourner au milieu naturel.

Sur l’agglomération bisontine, 208 000 habitants sont desservis par l’assainissement (plus couramment appelé le « tout à l’égout »). 43 stations d’épuration des eaux usées sont en service sur l’ensemble du territoire alimentées par 1 141 kms de réseaux. Ces stations valorisent près de 2 800 tonnes de matières sèches utilisées ensuite comme engrais pour l’agriculture dans une logique de circuit court (un rayon de 40 km autour des stations). En 2020, GBM a consacré 7,3 millions d’euros à l’entretien et aux travaux sur les ouvrages d’assainissement.

La station d’épuration de Marchaux-Chaudefontaine
Pédagogie sur l’assainissement avec le directeur du site de Marchaux-Chaudefontaine. Les différentes étapes pour traiter et purifier les eaux usées ©YQ

Dernière étape du parcours de l’eau : Patrick Corne le Maire et les gestionnaires Véolia de la station, ont présenté le nouvel investissement sur une commune à la démographie dynamique et qui accueille sur son territoire une aire de services importante de l’autoroute A36. La station, qui date de 1978, ne correspondait plus aux normes et aux besoins des habitants. La construction d’une nouvelle unité décidée en 2017 a été soutenue par le conseil départemental du Doubs et par l’Agence de l’eau. Mise en service en 2018 pour un investissement de 1,5 million d’euros, elle répond aux besoins actuels et futurs de la commune. Intelligemment, les boues résiduelles de la station d’épuration passent par des lits de roseaux où elles sont stockées pendant 3 à 4 ans avant leur réutilisation en épandage agricole.

La journée mondiale de l’eau à Besançon a démontré l’excellence d’un service public « au service du public », l’excellence d’une ressource en eau potable que chaque habitant doit contribuer à préserver.

Yves Quemeneur