Un dernier tour de piste pour Anaïs Bescond en biathlon

Anaïs Bescond a décidé de ranger définitivement  ses skis et sa carabine à l’occasion des championnats de France qui se sont déroulés sur le site des Tuffes à Prémanon, presque dans son jardin. Un moment particulièrement émouvant sur lequel elle revient pour Hebdo 25.

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"Depuis bientôt 15 ans je suis soutenue par l’administration de l’armée de terre et je souhaite poursuivre ce contrat. J’ai vraiment envie de rendre à l’armée ce qu’elle m’a donné tout au long de ces années."

C’est une page qui se tourne. Le point final d’une très belle histoire. Celle d’une athlète, triple médaillée  olympique, qui en presque 15 ans de carrière aura marqué son sport par son sourire, sa simplicité, sa gentillesse et son talent.

Anaïs, vous avez mis un terme à votre carrière en glanant deux dernières médailles, chez vous dans le Jura et après avoir été soutenue tout le week-end par une foule énorme. Qu’avez vous ressenti au moment de franchir cette ultime ligne d’arrivée ? 

C’était un moment vraiment très émouvant et chargé de belles ondes. J’ai reçu beaucoup de gentilles attentions, beaucoup de sourires et puis aussi des messages d’autres sportifs ou de jeunes biathlètes.  C’était vraiment très touchant et j’ai vécu tout cela de manière très intense. Il y avait beaucoup de gens qui avaient tenus à être présents pour m’accompagner et malheureusement je n’ai pas pu voir tout le monde mais c’était très fort et ça compte beaucoup pour moi. Et puis finir ma carrière, chez moi, sur des pistes que je connais par coeur et sur lesquelles je me suis si souvent entrainée c’est vraiment particulier. Je n’avais pas forcément prémédité le fait d’arrêter ici mais tout s’est bien goupillé  et je crois que je ne pouvais pas rêver d’une plus belle sortie… 

Après une carrière comme la votre et tous les moments forts que vous avez vécus, c’est difficile de tourner la page ?   

Oui ce n’est pas simple c’est vrai et la décision d’arrêter a d’ailleurs été difficile à prendre. Il va falloir que je fasse le deuil de tout ça mais heureusement je sais que j’ai encore beaucoup de belles chose à vivre, des choses qui m’appellent et qui m’attirent. J’ai vraiment très envie de continuer à aller de l’avant et cela va m’aider c’est clair.  Mais dans un premier temps je vais avoir besoin de repos et  de prendre un peu de recul pour digérer, savourer et me reposer.  Une  carrière de haut niveau c’est très difficile et les 2 dernières saisons, marquées par la Covid ont été particulièrement compliquées. Je vais donc m’octroyer un peu de temps pour prendre le recul nécessaire.  

Votre aventure au plus haut niveau aura duré près de 15 ans, durant lesquels vous avez vécu beaucoup de grands et beaux moments. Quels sont ceux qui se détachent aujourd’hui et qui ont été  les plus marquants ?

Il y a des dizaines et des dizaines de souvenirs qui remontent mais je crois que ce que je vais retenir en priorité ce sont les gens. Tous ces visages autour de moi pendant tant d’années, tous ces moments partagés avec de belles personnes. Je ne suis pas arrivée au plus haut niveau toute seule, j’ai été portée, j’ai eu beaucoup de soutien, j’ai été bien accompagnée, parfois un peu moins bien c’est vrai, mais c’est la vie d’un sportif. Et ces moments plus difficiles m’ont permis de me construire.  L’humain c’est mon ADN, c’est le plus important pour moi. Les résultats c’est bien, les médailles c’est magique mais ça ne restera que des lignes sur un palmarès. Rien ne peut égaler à mes yeux tous ces moments  partagés avec les gens et ce sont ces souvenirs  qui resteront en moi.

Le biathlon c’est fini, comment voyez vous votre avenir désormais ?

Depuis bientôt 15 ans je suis soutenue par l’administration de l’armée de terre et je souhaite poursuivre ce contrat. J’ai vraiment envie de rendre à l’armée ce qu’elle m’a donné tout au long de ces années. Je ne sais pas encore précisément de quoi sera fait mon avenir mais nous allons en discuter avec les responsables de l’armée et nous avons la volonté de définir les nouveaux contours de notre collaboration. Je suis confiante, j’ai envie de m’épanouir et je sais que nous avons un beau projet à dessiner ensemble…  

Bernard Portugal