Arnaud Grillot, président du comité régional handisport de Bourgogne Franche-Comté

Depuis près d’un demi-siècle, les personnes en situation de handicap de la région ont la possibilité de faire du sport, comme les valides. Les Jeux Paralympiques de Paris 2024 sont l’occasion de mettre en lumière les nombreuses activités aujourd’hui accessibles grâce aux efforts du comité régional.

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(photo / Hélène Cieli)

Présentez-nous le comité que vous présidez ?

Le Comité Régional Handisport Bourgogne Franche-Comté compte plus de 30 activités sportives en loisir et compétition pour personnes en situation de handicap moteur et/ou sensoriel représentant 8 Comités Départementaux et environ 130 clubs. Plus de 2200 licenciés y sont inscrits pour pratiquer athlétisme, badminton sourds, basket-ball, boccia, bowling sourds, canoë-kayak, cécifoot, cyclisme, équitation, escrime, foot Fauteuil électrique, football sourds, goalball, haltérophilie, judo, natation, plongée subaquatique, randonnée, rugby fauteuil, sarbacane, ski alpin et snowboard, ski nordique, pétanque, tennis, tennis de table, tir à l’arc, tir Sportif, torball, voile ou encore volley-ball sourds.

Quel est le rôle du comité régional ?

Le Comité coordonne l’ensemble du mouvement régional et en défend les valeurs. D’abord, la singularité car il est essentiel de prendre en compte les particularités du pratiquant. Nous l’accueillons pour bénéficier d’une offre sportive sécurisée et adaptée à ses capacités. L’autonomie ensuite, les bienfaits du sport, dans le parcours de vie d’une personne en situation de handicap, permettant de développer ses capacités physiques et d’améliorer son indépendance. Nous accompagnons donc les pratiquants vers une pratique la plus libre possible. Enfin l’accomplissement par le sport ce qui permet d’améliorer l’estime de soi et de mieux appréhender sa place dans la société. Là, nous offrons au licencié, selon ses aspirations et son rythme, une implication adaptée au sein du mouvement que ce soit pour la performance, le plaisir, l’évasion, la convivialité, l’encadrement, l’arbitrage…

Qu’en est-il du matériel nécessaire pour ces différentes disciplines ?

Avec le soutien de nos partenaires, notamment l’Etat et la Région, nous avons mis en place à l’échelle régionale le dispositif Handipark. Les personnes en situation de handicap ont souvent besoin de matériel spécifique pour pratiquer leur sport, un matériel souvent coûteux et ceci ne doit pas être un frein pour eux alors nous en mettons à disposition auprès des comités départementaux, des clubs ou d’individuels. Les personnes concernées peuvent ainsi essayer avant éventuellement d’investir. Pour vous donner un ordre d’idée, un fauteuil pour la pratique du basket coûte environ 7000€ dont moins de 10% pris en charge par la sécurité sociale ce qui représente malgré l’apport d’aides complémentaires (mutuelle, MDPH) un important reste à charge.

Est-il facile d’assurer l’encadrement humain des différentes activités ?

Comme pour les valides, il faut d’abord trouver des volontaires. Ensuite, cela nécessite une expertise particulière et la capacité à aider et conseiller. Il faut aussi connaitre les bons gestes dans certains cas comme quand il faut effectuer des transferts depuis un fauteuil. Nous proposons donc des formations pour permettre à ceux qui le souhaitent d’assurer cet accueil spécifique à chaque sport, adapté aux différentes pathologies. C’est ainsi que nous pouvons proposer un encadrement de qualité et favoriser le développement du handisport.

S’y ajoutent, des aménagements parfois nécessaires…

Il faut en effet adapter si besoin les infrastructures et lieux d’accueil. Il peut s’agir de l’accès à un court de tennis ou d’un gymnase avec des portes assez larges, de l’accessibilité des toilettes et des douches, de repères pour les déficients visuels… Là aussi, le comité régional peut apporter des conseils et orienter les clubs vers les bons interlocuteurs.

Les jeux paralympiques débutent : que représentent-ils pour vous ?

C’est une formidable occasion de mettre en lumière nos disciplines et nos sportifs. Une période pour sensibiliser le grand public et faire prendre conscience à tous de nos problématiques tout en montrant que l’on peut aussi être en situation de handicap et sportif, en l’occurrence de haut niveau. Depuis les JO de Londres en 2012, la médiatisation s’est accrue et nous sommes de plus en plus sollicités pour intervenir dans les écoles et les entreprises ce qui nous permet d’apporter un autre regard sur nos différences et d’œuvrer pour une société plus inclusive.

Avec des répercussions concrètes sur le terrain ?

On s’y attend en effet comme ce fut le cas après les JO de Tokyo. Comme pour les valides, nombreux sont ceux qui se tournent vers les clubs et se disent pourquoi pas moi et veulent essayer telle ou telle discipline, quel que soit leur handicap. On retrouvera sans doute cette année encore cet engouement dans les mois à venir. Nous serons toutefois vigilants quant à l’avenir de nos structures pour que le soufflet ne retombe pas et que nous puissions capitaliser sans avoir à souffrir d’éventuelles baisses de crédits qui seraient préjudiciables.