Conseil municipal du 23 février 2023 consacré aux Orientations budgétaires

Le débat sur les Orientations budgétaires de la collectivité est un moment important qui va commander l’établissement du budget primitif de l’année, voté impérativement avant le 30 avril.

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4 thèmes centraux organisent les dépenses de la Ville de Besançon pour 2023 ©YQ
La majorité municipale noircit le tableau

« Construire une ville résiliente dans une approche globale liant social et environnemental ». Le propos est ambitieux d’autant que Anthony Poulin, l’adjoint aux finances, ne manque pas de souligner les multiples crises que notre pays traverse : changement climatique, sécheresses, canicules, effondrement de la biodiversité, Covid, guerre en Ukraine, énergie, inflation galopante, pouvoir d’achat, violence des trafics d’armes et de drogues…la liste a-t-elle vocation à faire peur ?

Budget 2023 de 212 millions d’euros

Anthony Poulin propose de poursuivre la transformation de la Ville autour de plusieurs objectifs tout en tenant compte d’une enveloppe de dépenses supplémentaires de 8 millions d’euros liées au coût de l’énergie. Pourtant, Besançon n’entend pas augmenter les taux de fiscalité en 2023 !

Le budget se décline entre 153 millions d’euros de fonctionnement (83 millions pour le personnel et 10,8 millions pour l’énergie), 56 millions consacrés à l’investissement et 2 millions pour le budget archéologie préventive et le budget forêts.

Nouveauté 2023, la présentation des Orientations Budgétaires est retransmise en direct avec la présence de deux traducteurs en langue des signes. Ils ont eu fort à faire pour traduire certains dérapages verbaux.

Ludovic Fagaut (Besançon maintenant) s’étonne que les Orientations budgétaires ne fassent pas l’objet d’une étude en profondeur par le Conseil municipal « Dans certaines collectivités, élus de la majorité et de l’opposition y consacrent une journée entière. On ne peut pas traiter de la dépense de 212 millions en quelques minutes ». La soirée s’annonce houleuse !

Les Galeries Lafayette s’invitent au menu du conseil municipal
Anne Vignot était confiante ce 23 février avant le conseil municipal de Besançon, présentant les Orientations Budgétaires de la Ville pour 2023 ©YQ

L’opposition et particulièrement Laurent Croizier (député Modem) s’est irrité de l’absence d’une politique commerciale ambitieuse pour Besançon. Alors que la Maire mettait en avant la protection des 75 salariés du grand magasin bisontin, Hasni Alem (Parti communiste) intervient en parlant « des méthodes mafieuses » du patron bordelais des Galeries Lafayette de Besançon. Un propos excessif qui fait réagir Ludovic Fagaut « Madame le Maire, si vous deviez négocier avec Michel Ohayon sur le devenir du magasin de Besançon, les propos de Monsieur Alem ne faciliteront pas la négociation ». Plus généralement, l’opposition s’inquiète du manque de dynamisme commercial de Besançon. La majorité, par la voix de Frédérique Baehr l’adjointe au commerce, se cache derrière un taux de vacance très faible des commerces.

Claude Varet (Besançon maintenant) parle d’un centre-ville « repoussoir » ! Anne Vignot à l’adresse de son opposition :« vous êtes les ambassadeurs pour faire fuir les investisseurs de Besançon ».

Une tuyauterie complexe

Malgré la volonté affichée de rendre les chiffres accessibles au plus grand nombre selon la méthode FALC (facile à lire et à comprendre), la présentation graphique originale du budget fait plutôt penser au million de m³ de fuites d’eau par an à Besançon !

Faciliter la vie quotidienne

La Ville poursuit la rénovation des écoles et des crèches à hauteur de 10 millions par an. Elle va réaménager la Boutique Jeanne Antide, centre d’accueil des personnes sans domicile fixe. Et le budget du CCAS augmente de 150 000€.

Favoriser le dynamisme et la vitalité de Besançon

Cette année 2023 verra 3 grands événements sportifs internationaux, la réouverture du musée de la résistance et de la déportation à la Citadelle en septembre et les travaux pour la rénovation et la construction d’un nouveau pôle sportif Diderot à Planoise. Antony Poulin parle de l’accompagnement des entreprises locales grâce aux investissements de la Ville « 50% des investissements sont fléchés vers des entreprises de Grand Besançon ». L’opposition en prend acte tout en regrettant aucune action pour dynamiser l’attractivité commerciale du centre-ville.

Cultiver le collectif et soutenir les associations

La Ville va consacrer 1,3 million d’euros à créer des « zones de circulations apaisées », poursuivre le renouvellement urbain de Planoise (les déconstructions commencent à se voir) et allouer 250 000€  au budget participatif. Les subventions aux associations représentent plus de 8 millions d’euros dans le cadrage budgétaire 2023.

Agir pour le climat et le vivant

C’est 1 million d’euros consacrés à la création d’îlots de fraîcheur, les études dans l’aménagement dorénavant acté du secteur Saint Jacques / Arsenal et l’économie de 1,2 million d’euros sur l’année dans le plan de sobriété énergétique. 2023 voit également la poursuite des travaux du Jardin des Sciences. Et la Ville introduit des investissements d’ampleur dans la production d’énergies renouvelables et l’amélioration de la gestion de l’eau.

On peut souligner certaines incohérences dans la présentation de ce budget 2023. Elle mélange des dépenses affectées à l’année 2023 avec certains investissements entrant dans le cadre du PPI (Plan Pluriannuel d’investissement) jusqu’en 2028. « Je ne comprends pas que ce PPI de 230 millions d’euros n’ait pas fait l’objet d’un débat en conseil municipal sur les 47 projets qui y sont inscrits » s’étonne Ludovic Fagaut.

La question est pertinente et éminemment politique ! Majorité et opposition n’ont pas les mêmes méthodes pour dépenser l’argent public : pour les uns, le budget doit être solidaire et écologique ; pour les autres, il doit passer par des actions de croissance économique, touristique et commerciale.

Après plus de deux heures de débats et d’invectives sur les Orientations budgétaires 2023, on a parfois l’impression que l’intérêt des bisontins passe derrière les querelles politiques nationales. Pourtant, il y avait 58 autres rapports à voter au menu de ce conseil municipale.

Au-delà des mots, ça manque de vision de part et d’autre !

Yves Quemeneur