Doubs. Le dernier challenge bisontin de Sylvain Matrisciano

Après une courte expérience inachevée au FC Sochaux-Montbéliard, Sylvain Matrisciano est revenu au sein du Racing Besançon comme coordinateur sportif. Un rôle pour dynamiser le club bisontin et un juste retour envers un territoire auquel il reste très attaché.  

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Sylvain Matrisciano. Photo DR/Racing Besançon

Concrètement, quel est votre rôle au sein du Racing Besançon ?

Je suis revenu pour donner un coup de main aux différentes sections jeunes. Il s’agit d’accompagner les joueurs au sein de la structure mais aussi les entraîneurs sur la formation avec une philosophie commune de travail.

Pourquoi un retour maintenant ? 

J’ai commencé comme jeune joueur du RCFC il y a 40 ans, j’y ai appris mon métier. Je suis revenu comme entraîneur où le BRC cette fois m’a apporté beaucoup de choses. Aujourd’hui j’ai 60 ans et l’envie de redonner au club tout ce que j’ai appris au cours de ma carrière, en toute humilité.

Un dernier gros challenge… 

J’ai envie d’accompagner le club et plus largement le football bisontin voire régional. Si je peux aider à développer des actions sportives et citoyennes, c’est une bonne vocation pour l’avenir. J’ai toujours été très attaché à mon territoire, un ambassadeur du sport Franc-Comtois mais aussi de sa culture. J’ai traîné mon accent partout (rires). C’est un dernier challenge même s’il me reste de belles années devant moi, je veux les passer à Besançon !

Avez-vous été approché par d’autres structures avant de rejoindre le Racing ? 

Je suis régulièrement sollicité, j’ai un certain vécu et des diplômes intéressants pour des clubs qui souhaitent se développer. Des offres sont venues de France et de l’étranger mais encore une fois, je veux revenir sur des choses saines avec des gens qui ont la motivation de travailler. Mon envie de voyage s’est estompée au fil du temps et j’ai envie d’apporter le meilleur de moi-même à Besançon.

Quels éléments vous ont plu dans ce projet bisontin ? 

Le discours ambitieux de deux jeunes présidents ! L’entraîneur David Le Frapper est très bon, toute l’ossature tient la route, il y a un grand enthousiasme. J’ai l’impression que les étoiles s’alignent pour le club et que ce projet peut aller loin. Il y a un très beau challenge sur les années à venir et si je peux en être, c’est un grand plaisir !

Une renaissance saine du Racing ? Les souvenirs des dépôts de bilan se ressentent encore…

J’ai cette impression de renaissance saine ! Nous vivons cette année les 120 ans de cette histoire commune entre le RCFC, le BRC et le RB. C’est le bon moment pour enclencher une belle dynamique.

Si le projet sportif pour l’équipe première est de retrouver le National, qu’en est-il chez les jeunes ? 

L’objectif est d’alimenter encore l’équipe première, ce qui a toujours été la force du Racing Besançon. Si demain l’équipe A est composée d’une majorité de jeunes francs-comtois, notre travail aura fonctionné. L’autre finalité est aussi l’épanouissement des jeunes, que les joueurs ou entraîneurs prennent du plaisir tout en progressant et en cumulant leur parcours sportif et éducatif.

Quelles sont les pistes à développer ?

Il faut encore plus s’appuyer sur les collèges et lycées mais aussi l’accompagnement universitaire. Le Racing Besançon doit aussi être très solide avec les autres clubs périphériques, à mon sens ce projet doit faire rayonner le Grand Besançon. Il y a des richesses dans tout le département avec beaucoup de compétences. On peut aussi être de bons partenaires d’autres disciplines, s’unir pour porter le sport encore plus haut à Besançon.

Cette idée est rattrapée par le nombre d’infrastructures à Besançon…

L’offre de pratiques sportives a diminué, c’est un constat.  Il y a une réflexion commune avec les collectivités, on n’est pas toujours obligés d’être en guerre, dialoguer est la meilleure chose pour trouver des solutions ensemble.

Vous avez vécu un épisode sochalien très court malheureusement après un été où le club a failli disparaître… Aujourd’hui le FCSM va mieux, quel regard portez-vous sur cette renaissance ? 

Ce club avait perdu quelques repères ces dernières années. J’avais été sollicité pour un projet de développement à Sochaux et les événements ont été douloureux pour moi. J’espère que le club est ressorti stable et soudé de cet épisode et qu’il pourra continuer à s’appuyer sur les forces régionales. On a senti un gros enthousiasme pour relever Sochaux, c’est beau ! Les résultats apportent du confort mais attention, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour rétablir une sérénité totale.

Vous parlez de locomotive, de travail en collaboration avec les forces régionales pour permettre au Racing Besançon de retrouver une place plus importante dans le football. N’est-ce pas difficile d’initier un tel projet quand l’équipe première est à un niveau similaire à d’autres clubs de Franche-Comté ? Sochaux est en National, Jura Dolois, Besançon Foot, Pontarlier, Vesoul sont en N3, Morteau, Valdahon, Saint-Vit, Ornans s’accrochent pour y parvenir… 

C’est une bonne émulation et ça prouve qu’il y a de la compétence ! Aujourd’hui sur la ville, Besançon Foot avance en senior mais à une époque chez les jeunes, le PSB, le SC Clemenceau ou encore l’AS PTT faisaient de merveilleuses choses aussi ! C’est plus compliqué maintenant. Si Sochaux revient en Ligue 1, le club peut redevenir cette locomotive qui booste d’autres équipes comme Jura Dolois, le Racing Besançon, Pontarlier, Saint-Vit, etc. Le mauvais calcul serait de jouer sa partition dans son coin. C’est une bonne concurrence à mon sens.

Si un prestigieux poste se représente, quelle serait votre décision ?

Aujourd’hui je suis focalisé sur Besançon, j’ai un audit du club à réaliser sur les trois prochains mois et pour les trois suivants un travail de développement et projection. Il est hors de question que je parte mais dans six mois mon idée aura peut-être évolué en fonction de mon analyse. Je suis focalisé sur cette mission bisontine, pour présenter un projet solide au Racing j’ai envie d’aller voir le basket, le rugby, le handball, le BMX… il faut découvrir ce qui se fait de bien !

Dans la famille Matrisciano il y a aussi le fils, Antony, aujourd’hui entraîneur adjoint des U17 du Racing Club de Lens. Est-ce possible d’un jour le voir sous les couleurs bisontines ? 

C’est toujours difficile d’être « le fils de » et je crois qu’il a d’autres projets, en tout cas je l’encourage à suivre sa propre voie. Bien sûr, s’il souhaite tenter une aventure à Besançon, ce serait avec plaisir ! Il a envie de se couper du papa et c’est aussi bien comme ça.

Propos recueillis par M.S