Christine Stumpf, présidente du collectif, se rend quotidiennement sur place.

« Les habitants d’Arçon sont très dociles, très gentils mais quand on se moque d’eux ils font parler leur colère ». C’est avec ces mots que Marc Santoni résume son combat et celui d’une cinquantaine d’autres habitants d’Arçon, située à 7 kilomètres de Pontarlier.

La raison de cette colère ? Une décision du conseil municipal datant de mars 2021 : « Après en avoir délibéré, par vote à bulletin secret, par 12 voix pour, 2 contre, et 1 abstention, vu l’état sanitaire de ces arbres et la dangerosité́ qu’ils représentent, le Conseil municipal décide d’abattre l’ensemble de l’allée des tilleuls. A la suite de ces travaux, le Conseil municipal décide de planter de nouveaux arbres d’une hauteur de 4 à 5 mètres. » Quinze arbres dans l’allée et deux autres situés à quelques mètres près du cimetière.

Abattage programmé pour 17 arbres, seulement 8 dangereux

Un choix validé sur la seule base d’un rapport, réalisé par Mr.Arbelet, arboriste local. A l’intérieur du document, le professionnel préconise l’abattage de six arbres dans l’allée des Tilleuls et de deux autres près du cimetière. « A aucun moment il n’est mentionné le fait d’abattre tous les arbres. », explique Christine Stumpf, présidente du collectif Arçon Nature et Patrimoine.

Prévu le 15 avril 2021, le projet est finalement repoussé. « Nous avons fait un recours en référé car nous savions que l’abattage de l’ensemble de l’allée est illégal. », ajoute Marc Santoni, membre du collectif qui lance également une pétition en ligne. Parmi les soutiens, on retrouve d’ailleurs l’élagueur en charge du rapport : « […] Cette préconisation ne remplace en aucun cas une expertise et ne mentionne nullement l’abattage des tilleuls en totalité. S’il n’est malheureusement pas envisageable de conserver certains arbres (présence avérée de champignon lignivores et risque de rupture important), la majorité mérite d’être conservée avec, au besoin, des soins appropriés (taille sanitaire, pose de haubans). Je suis surpris de cette décision d’abattage, contraire aux recommandations effectuées. […] Avec tout mon soutien ».

Changement de maire et nouveau diagnostic

Poussé dans ses retranchements, le maire de l’époque Jean-Marc Pujol se rétracte et demande donc une expertise de l’ONF pour apporter des précisions quant aux travaux à réaliser sur cette parcelle. Après plusieurs mois d’études, le rapport arrive aux mains des élus et du nouvel édile d’Arçon, Fabien Henriet. « On a dû faire appel à la CADA (Ndlr : commission d’accès aux documents administratifs) pour obtenir ce rapport car la municipalité ne voulait pas nous le donner », assure Christine Stumpf.

Le diagnostic de l’Office National des Forêts confirme l’abattage préventif de deux arbres le long de l’allée des tilleuls, avec une possibilité d’en abattre également quatre autres si des travaux sanitaires et de sécurité ne sont pas réalisés. Côté cimetière, l’abattage préventif des deux arbres ciblés est confirmé.

Investigations trop coûteuses  

Pour les autres, l’expertise affirme que des investigations complémentaires sont nécessaires pour connaître leur résistance dans le temps et prendre la meilleure décision possible « […] A défaut de réalisation de ces investigations complémentaires, l’abattage est préconisé́. […] Pour les arbres devant être conservés comme ceux devant faire l’objet de diagnostics complémentaires, qui ne seront pas forcément réalisés dans l’immédiat, il convient de procéder EN URGENCE, à l’enlèvement de ces bois morts afin d’éviter tout risque d’atteinte aux personnes ou aux biens […] ».

C’est sur ce dernier point que la commune a tranché : les investigations complémentaires étant trop coûteuses « sans garanties de résultats […], la commission ne souhaite pas les réaliser. » En abattant 9 arbres sur 17, les élus d’Arçon, s’appuyant sur le rapport de l’ONF, expliquent que replanter de jeunes arbres seraient impossible. « […] cela déstabiliserait les anciens et, à l’inverse, leurs importantes racines empêcheraient les jeunes arbres de pousser. » Retour à la case départ : après avoir validé le dossier en sous-préfecture, la municipalité annonce que 17 arbres doivent être abattus durant la fin du mois de janvier.

Ultime tentative

Le collectif Arçon Nature et Patrimoine a déposé un recours en date du 4 janvier, dans l’espoir d’annuler cette décision. Le tribunal administratif rend sa décision le 23 janvier. D’ici là, les travaux pourraient déjà être engagés. Les défenseurs des tilleuls ont prévu une ultime action pendant les vœux du maire, vendredi 13, avant un rassemblement aux pieds des arbres, mercredi 18 janvier. « Nous pensons que les travaux débuteront à cette date ».

Si nous n’avons pas réussi à joindre le maire Fabien Henriet, son prédécesseur Jean-Marc Pujol n’a pas souhaité répondre à nos questions.

M.S